Pep Guardiola, le demi-succès à City
Le City de Guardiola s’est encore arrêté avant les demi-finales.
- Publié le 18-04-2019 à 20h39
- Mis à jour le 18-04-2019 à 20h49
Le City de Guardiola s’est encore arrêté avant les demi-finales. Un huitième et deux quarts de finale de Ligue des champions. Non, ce n’est pas le bilan européen du PSG, mais celui de Pep Guardiola depuis son arrivée à Manchester City. C’était en 2016-2017.
En trois saisons, le Catalan est parvenu à bâtir une équipe hyper offensive, capable de révolutionner et d’imposer le jeu de position en Premier League, capable d’être championne avec cent points tout rond, mais pas d’atteindre la moindre demi-finale de C1. Ce ne sera pas encore pour cette fois, la faute à un Tottenham survolté et à un scénario totalement imprévisible.
Folie ou pas, les chiffres continentaux de Guardiola à City ne sont pas bons. C’est d’autant plus fâcheux que la direction n’a jamais lésiné sur les pétrodollars pour lui offrir ce qu’il voulait, notamment défensivement.
Battu par un Monaco rafraîchissant lors de sa première tentative, Guardiola pouvait arguer que la mise en place de son projet prend du temps. Pas faux. La rude élimination par Liverpool la saison passée (défaites 0-3 et 1-2) avait déjà posé plus de questions. Mais City avait été champion d’Angleterre, alors…
Cette fois, le coach ne peut se cacher : malgré l’invraisemblable match de ce mercredi, ça bloque en Europe. "Nous sommes des ados dans cette compétition", avait-il rappelé avant son huitième contre Schalke (écrabouillé à l’époque). Certes, mais comme l’ASM et Tottenham, deux de ses précédents bourreaux.
Contre les Spurs, City a fait tout ce qu’il fallait devant, avec un Kevin De Bruyne de feu. Le hic, c’est que derrière, cela n’a pas suivi, avec un Aymeric Laporte tout perdu, coupable d’erreurs grossières. Résultat, trois buts encaissés, rien qu’au retour. C’est bien là tout le souci des Citizens : le déséquilibre. Un comble pour un funambule comme Guardiola.
Le jeu proposé par ses équipes repose à la fois sur une coordination parfaite entre ses hommes, mais aussi sur leur talent intrinsèque. Force est de constater que ce dernier élément fait défaut dans le secteur défensif. Laporte n’est pas Gerard Piqué, Kyle Walker n’atteint pas le Dani Alvès de la belle époque et Ilkay Gündogan n’a pas la science de l’espace de Sergio Busquets. Bref, dans une compétition qui ne fait pas de cadeau, seule la perfection peut mener les troupes de Guardiola au sommet. Et City ne l’a pas encore touchée en défense.
Cet échec risque de laisser des traces sur le CV de Pep, à qui les mêmes reproches avaient été formulés lors de son passage au Bayern Munich. Trois ans passés en Bavière pour trois demies, perdues face au Real (avec ce 4-0 à Munich), au Barça et à l’Atlético. Un mandat marqué par sept trophées, mais qui laissait un goût de trop peu. La faute sans doute aussi au niveau grandiose atteint par son Barça à la fin des années 2000 et qui ne laisse guère d’espace pour l’humanité de la défaite.
On entend déjà l’éternel refrain du "Il doit tout à Messi, Xavi et Iniesta". Trois hommes indispensables à ses succès barcelonais, oui, mais réduire les chefs-d’œuvre de 2009 et 2011 à ce fabuleux trio est bien trop péremptoire. Car le maître de musique, c’était bien Guardiola. Et c’était Piqué qui tenait la baraque blaugrana derrière.
Oui, cette élimination un peu dingue est un gros échec. Mais non, Señor Pep n’est pas fini pour l’Europe. Seulement, son football où l’improvisation n’a pas sa place est plus casse-gueule sur des matchs couperets que sur une saison dans son ensemble. Surtout quand il s’agit d’un tournoi aussi irrationnel que la Champion’s League.