De Belgrade à Saint-Gilles, itinéraire de Luka Elsner, un coach doué
Avant de défier le KaVé, Luka Elsner, le coach slovène de l’Union, revient sur son parcours atypique et sur les ambitions de la RUSG.
- Publié le 23-01-2019 à 07h18
- Mis à jour le 23-01-2019 à 07h19
Avant de défier le KaVé, Luka Elsner, le coach slovène de l’Union, revient sur son parcours atypique et sur les ambitions de la RUSG.
Inconnu au bataillon lorsqu’il a signé pour 4 ans à l’Union cet été, le Slovène Luka Elsner a rapidement fait l’unanimité autour de sa personne. Rencontre avec un coach au parcours étonnant et aux ambitions légitimes.
Luka Elsner, le grand public vous connaît relativement peu. Pouvez-vous nous raconter votre parcours avant d’arriver à la RUSG ?
"J’avais un an à peine lorsque mon père Marco a quitté l’Étoile Rouge de Belgrade pour rejoindre Nice. À l’époque, un joueur originaire de l’ex-Yougoslavie devait attendre ses 27 ans avant de pouvoir partir à l’étranger. J’ai effectué ma formation de joueur à Nice, en combinaison avec des études à la faculté des Sciences du Sport. Après, j’ai bien dû constater que j’avais le sérieux requis, mais trop de lacunes techniques et tactiques pour passer pro. Après avoir achevé mes études, j’ai décidé de rentrer en Slovénie. Où j’ai quand même pu signer mon premier contrat pro, à Domzale. Un club où je suis finalement resté douze ans, dont huit saisons comme joueur entrecoupée de petites parenthèses en Autriche et dans les Émirats. Pendant que je grandissais en tant que joueur, Domzale progressait aussi. On a remporté deux titres, disputé deux fois les éliminatoires de la Champions League, notamment face au Dinamo Zagreb de Luka Modric. À force de travail, je me suis construit une belle petite carrière."
Vous vous êtes très tôt reconverti dans le coaching.
"Je venais d’avoir 31 ans quand le club m’a proposé de devenir T2. J’ai accepté et du jour au lendemain, je suis passé de l’autre côté de la barrière. C’était une décision difficile à prendre, mais je devais faire un choix et n’ai jamais eu à le regretter. Cette première expérience m’a permis de voir tout ce qu’il ne fallait pas faire dans ce job, que toute approche trop autoritaire avait ses limites. Je suis ensuite devenu T1 du club durant trois ans avant de rejoindre le plus grand club du pays, l’Olympija Ljubljana, une véritable lessiveuse pour coaches. Mais je voulais un challenge au sein d’un club où il y avait une obligation de résultats. J’y suis resté sept mois en place avec un bilan correct, mais c’est aussi là que je me suis rendu compte qu’un licenciement faisait tout simplement partie de la vie d’un entraîneur."
Peu après, vous avez rebondi à Chypre, au sein d’un club, Paphos, qui accédait à la D1.
"Avec un projet très compliqué. Des capitaux russes certes, mais tout était à construire. On est parti en stage avec quelques ballons et… deux joueurs. Finalement, j’ai dû intégrer 28 nouveaux, dont les Belges Christian Brüls (NdlR : ex-Eupen, Gand, Nice, Rennes et Standard) et Jeff Callebaut (NdlR : formé à Gand et Malines, actuellement à Dikkelvenne, en D2 amateurs) . Le niveau du championnat était bon et les résultats plutôt encourageants. Mais les patrons voulaient plus et je suis parti de moi-même en mars dernier. Tout le monde avait un an de contrat et je sentais que le vestiaire commençait à m’échapper."
"La Coupe, la locomotive de notre progression…"
Le recrutement de l’Union a été effectué en grande partie grâce à des… algorithmes !
Luka Elsner, en mai, l’opportunité de rejoindre le club saint-gillois s’est présentée à vous…
"Pour un contexte complètement différent. Ici, on peut s’appuyer sur un passé glorieux, une identité forte, une belle popularité aussi. Nous vivons une belle saison qui nous voit dépasser les objectifs de départ. Mais il y a beaucoup de travail. L’aventure en Coupe est la locomotive de notre progression. Le centre d’entraînement offre beaucoup de possibilités et la victoire à Anderlecht a créé des liens."
Basé en grande partie sur des algorithmes, le recrutement bruxellois effectué cet été a permis quelques belles découvertes.
"Ces algorithmes permettent de cibler ce qu’on cherche, mais le facteur humain entre aussi en ligne de compte. On n’a pas peur d’aller chercher des joueurs évoluant dans des équipes moins fortes mais dont nous décelons des qualités pour renforcer notre groupe. Tous ont faim, aucun n’a gagné de trophées. J’essaie d’appliquer avec eux les mêmes principes que lorsque j’étais à leur place, partant de l’idée que chaque footballeur a envie d’être meilleur. Il n’y a pas de plus grande satisfaction pour un coach que de voir ses joueurs s’améliorer et s’épanouir. Mais je suis bien conscient de la chance que j’ai d’être à l’Union. Un entraîneur slovène méconnu n’offrait, au départ, pas beaucoup de garanties. Les matchs à enjeu nous permettent d’avancer. Et on a des supporters qui sont loin des clichés du foot business. Mais le club peut et doit encore grandir, avoir plus de supporters."
Pour terminer, le match aller à Malines, vous le voyez comment ?
"Nous voulons les éliminer et avons travaillé pour trouver des solutions. Le récent match en championnat nous a donné pas mal d’indications pour définir notre stratégie."