Mpoku revient sur les cris racistes à Courtrai: "La prochaine fois, je quitte le terrain"
Au match aller face à Courtai, Polo Mpoku avait été victime de cris racistes. "Ce qui m’énerve, c’est que l’Union belge ne fait rien…"
- Publié le 19-01-2019 à 13h13
- Mis à jour le 19-01-2019 à 13h22
Au match aller face à Courtai, Polo Mpoku avait été victime de cris racistes. "Ce qui m’énerve, c’est que l’Union belge ne fait rien…" C’était le 11 novembre dernier. Alors que le Standard venait de s’imposer 0-2 sur la pelouse de Courtrai, Paul-José Mpoku, buteur, se présentait en zone mixte et avouait : "Nous avons encore été victimes d’insultes racistes. En fin de match notamment, l’un d’eux a à nouveau mimé le comportement d’un singe. C’est à chaque fois pareil, ici…"
Si le supporter en question s’était excusé le lendemain, via le réseau social Instagram, auprès du capitaine des Rouches ("J’étais un peu surpris qu’il ait le courage de s’excuser mais peut-être avait-il bu, ou peut-être était-il influencé"), Courtrai n’avait finalement pas été sanctionné par les instances du football belge, pour "manque de preuve".
"Moi, ce qui m’énerve, c’est que l’Union belge ne fait rien, alors que ce genre d’événement est de plus en plus fréquent", souligne Mpoku. "Que du blabla. On dit qu’on va prendre des mesures puis finalement, rien. En Italie, Kalidou Coulibaly a été insulté et on a directement sanctionné par deux matchs à huis clos. En Angleterre, Raheem Sterling a été insulté et le supporter en question a été interdit de stade. Et tout le monde soutient ces décisions."
Que faire en Belgique, dès lors ? "La solution, c’est, selon moi, une grosse amende et des huis clos. Mais il n’y a rien… Moi, la prochaine fois que ça m’arrive, je sors du terrain. Si la Pro League ne fait rien, nous, joueurs, on doit faire quelque chose. C’est à nous de prendre nos responsabilités."
Il y a quelques mois, Paul-José Mpoku avait émis l’idée de créer un collectif de joueurs d’origine africaine pour lutter contre le racisme. "J’en avais parlé avec Mbaye Leye. L’idée, c’était de faire une espèce de campagne. Mais finalement, je n’ai pas développé car je ne voulais pas m’attarder là-dessus. Pourquoi ? Je ne veux pas me qu’on croit que je suis une victime non plus. La plus belle des réponses à ces abrutis, c’est de marquer deux buts, sur le terrain. Puis allez, ciao. Mais s’il faut, on réfléchira à mettre en place quelque chose. Comme je l’ai dit : si les instances ne le font pas, nous, on fera quelque chose."
Mpoku se livre sur...
... Sa paternité: “En tant que père, je pense autrement”
Le 19 février dernier, Paul-José Mpoku est devenu l’heureux papa d’un petit Isaiah, fruit de son amour avec Mélissa. “Devenir père a changé ma manière de penser”, admet le Verviétois (qui habite désormais à Liège, pas loin de l’Académie). “Cela me donne encore plus de responsabilités.”
Et ça lui prend du temps. “Mais franchement, ça va”, sourit-il. “C’est du bon temps. Puis il y a les grands-parents qui sont là et qui sont heureux de nous aider.”
Il n’empêche qu’Isaiah a déjà découvert l’enfer de Sclessin. “Quand je vois qu’il est dans les tribunes, avec ma femme, j’ai encore envie de me donner plus. Mélissa suit ma carrière et s’est passionnée, à force. Ma mère aussi est passionnée. Mais elle, elle ne vient pas au stade. Car quand elle crie, on l’entend à l’autre bout du terrain (rires).”
... Ses amis dans l’équipe “Marin et Lestienne, mes deux victimes”
L’ambiance au sein du groupe liégeois est au beau fixe. Il suffit de regarder les stories Instagram
de Paul-José Mpoku pour s’en convaincre. “Mes deux victimes préférées sont Max (Lestienne) et mon Roumain (Marin). Max, il n’aime pas ça donc ça m’amuse. Et Marin, j’adore l’ennuyer. Il le prend bien donc c’est drôle.”
Le verrait-il jouer en Serie A ? “Oui, mais pas dans un club qui joue le bas ! Dans un club qui joue au foot. Il est prêt pour le top : la Roma, l’Inter. Il a les capacités pour franchir ce cap.”
Dans le vestiaire, les autres amis de Mpoku s’appellent Vanheusden, Luyindama et, bien sûr, Cavanda et Carcela. “Luis Pedro et moi, on a grandi ensemble. Lui et Mehdi, ce sont mes frères. Si on nous avait dit un jour qu’on jouerait ensemble au Standard… C’est magnifique…”
... les projets qu’il soutient “Rendre un peu ce qu’on m’a donné…”
Paul-José Mpoku a un grand cœur. La preuve avec les projets qu’il soutient. “J’ai financé un terrain au Pré Javais, à Verviers. Quand j’étais petit, on jouait sur un terrain catastrophique, sur des pierres. Et comme Dieu m’a fait grâce, je me devais de faire quelque chose pour les générations futures. Pour rendre un peu ce qu’on m’a donné. C’est la moindre des choses.”
Le capitaine des Rouches est également parrain de l’ASBL Persée. “Cette ASBL s’occupe des enfants parqués, qui ne sont pas malades, mais qui sont placés dans des hôpitaux par manque de place. Persée va mettre en place une structure d’accueil, au château de Thieusies près de Mons, où les enfants pourront être accueillis dans de bonnes conditions. Je serai présent lors de la soirée de gala qui se tiendra le 28 janvier prochain, au château même. Le but sera de récolter un maximum de fonds…”