De Condé fait le point sur les ambitions de Genk : “Ce n’est pas facile pour Mazzù mais on ne lui met pas la pression”
À un mois de la fin du mercato, Dimitri De Condé fait le point sur les départs encore à venir et les objectifs de Genk cette saison.
- Publié le 31-07-2019 à 06h46
- Mis à jour le 31-07-2019 à 11h12
À un mois de la fin du mercato, Dimitri De Condé fait le point sur les départs encore à venir et les objectifs de Genk cette saison. La saison limbourgeoise a commencé comme la précédente : par une victoire. Acquise un peu dans la douleur, face à Courtrai (2-1), qui a d’abord mené au score sur la pelouse de la Luminus Arena. Mais qui permet à Genk de garder le sourire après sa victoire en Supercoupe, face à Malines, et en attendant la Ligue des champions.
Entre les deux, il y a un début de championnat à ne pas galvauder et surtout un mercato qui risque encore d’être animé. Ce que ne cache pas Dimitri De Condé, le directeur sportif du Racing, qui a fait le point sur les dossiers chauds dans le cadre du dîner de presse organisé lundi soir par les champions de Belgique.
Dimitri De Condé, comment avez-vous vécu ce début de saison et cette première victoire après avoir été mené au score ?
"Je crois qu’on a fait une bonne préparation, on n’a pas eu trop de blessés, mis à part Theo Bongonda. Gagner la Supercoupe puis ce duel pas évident contre Courtrai, qui va jouer le top 6 cette année, c’est bien, d’autant que nous n’étions pas parvenus à battre cette équipe la saison dernière. On est donc dans une spirale positive pour débuter la saison."
Quel était votre sentiment au moment de l’ouverture du score de Courtrai, vendredi ?
"À ce moment, on contrôlait le match mais nous n’étions pas efficaces en zone de conclusion. Cela a été le cas en deuxième période."
Grâce à Ianis Hagi, dont tout le monde parle. Comme du mercato de Genk. Vous êtes le dirigeant le plus occupé du foot belge en ce moment ?
"Je ne pense pas… mais je suis quand même pas mal occupé (sourire). Je suis un peu nerveux aussi, c’est logique. On est très ambitieux et il y a beaucoup d’intérêt pour certains de nos joueurs. On est dans une situation où on préférerait qu’il n’y ait pas d’offres pour nos joueurs. Il y a un peu de nervosité car on ne contrôle pas toutes les situations. Si une offre avec des chiffres que nous sommes presque obligés d’accepter arrive et que le joueur veut quitter le club, c’est compliqué de dire non. Mais j’espère que cela ne va pas se passer trop souvent."
Ce n’est pas facile à gérer pour l’entraîneur, qui se demande ce qu’il va se passer. Cela demande beaucoup de communication avec Felice Mazzù ?
"Oui, je l’apprécie beaucoup et je lui ai déjà répété à plusieurs reprises que c’était un peu particulier de venir chez nous après une saison où on a terminé champion. Car ce n’est pas facile de gérer un groupe comme ça, avec des joueurs qui veulent partir. On perd forcément un peu en qualité, tout le monde attend à nouveau un bon Genk. Ce n’est pas facile de travailler pour Felice. Il n’a pas fait le choix le plus simple mais on y croit. Et les premières semaines ont prouvé qu’il avait beaucoup de potentiel comme entraîneur et qu’il sait gérer le groupe. Il suffit de voir l’enthousiasme sur le banc de Genk après le 2-1 contre Courtrai. C’est aussi pour cela qu’on l’a fait venir."
Au moment de la signature de Mazzù à Genk, vous aviez dit qu’il y aura deux ou trois départs de joueurs cadres, maximum. On en est déjà à trois : Trossard, Malinovskyi, Aidoo. Cela va être compliqué de tenir parole.
"Oui… Même si le cas Aidoo est un peu différent car nous avions le contrôle sur le dossier de Cuesta donc c’est pour moi un peu différent. Mais bon, il y a encore un mois et il y a beaucoup d’intérêt.
Pour Berge, Maehle et Samatta ?
"On parle toujours d’eux mais il y a aussi de l’intérêt pour Ito, par exemple… Cela vient un peu de partout."
Combien de joueurs espérez-vous perdre au maximum d’ici la fin du mercato ?
"Zéro, évidemment (sourire) mais je pense que cela va être difficile. Le marché est comme ça. Mais on va faire tout pour réussir. On parle beaucoup avec les joueurs, c’est très important dans cette période."
Est-ce raisonnable de retenir un joueur convoité comme Berge ? Peut-il rester le même joueur en restant à Genk une saison supplémentaire ?
"Oui, j’en suis persuadé. Sander est très malin, très mature. J’ai parlé avec lui et avec le coach. Il est conscient que si l’offre est là, il l’accepte. Mais il a plus facile à gérer cela que l’an passé. Il se dit qu’il est cool et que si ça ne vient pas, il jouera la Ligue des champions avec Genk. Et pour lui, à son âge, cela peut lui donner envie de rester."
S’il part, est-ce que Genk peut garder le même niveau ?
"Cela va être difficile. Mais il y a quand même des remplaçants qui, pour nous, seront prêts. Mais peut-être va-t-on devoir jouer d’une autre manière. Sander est quelqu’un qui garde la balle, qui contrôle beaucoup. Sans lui, peut-être devra-t-on jouer avec plus de vitesse devant ou plus de force. Je pense que cela peut changer la manière de jouer s’il part mais on doit être préparé."
Avez-vous été surpris par certaines offres reçues pour vos joueurs ?
"Oui et non, on connaît les capacités de nos joueurs. Si un club de Premier League est intéressé par Berge, cela ne nous étonne pas. Ce qui m’étonne le plus, c’est qu’on a de l’intérêt pour d’autres joueurs. Comme le dossier de Aidoo. Il n’a pas joué durant les playoffs et malgré ça un grand club comme le Celta Vigo met beaucoup d’argent pour lui."
On a l’impression que vu l’excellente réputation de Genk, il faut moins de bons matchs avec le Racing pour susciter beaucoup d’intérêt.
"Peut-être, oui. Mais une équipe championne est toujours visée. C’est la rançon de la gloire. Dès que tu es champion, il y a des convoitises. C’est mieux de travailler dans ces circonstances-là même si ce n’est pas toujours facile."
Ces incertitudes sur le futur proche de certains joueurs, c’est tout de même une situation qui n’est pas évidente à gérer pour le club, comme l’a été celle de Malinovskyi récemment et celle de Pozuelo il y a quelques mois…
"C’est du stress, c’est clair, mais je préfère être dans une situation pareille que celle d’il y a quatre ans où nos finances allaient moins bien et où on ne pouvait pas faire beaucoup de transferts. Ici, grâce au titre, on a pu faire des transferts entrants qui auraient été impossibles dans le passé. Il faut voir le positif."
Les supporters aussi restent positifs malgré les départs ?
"Oui, nous sommes dans une spirale très positive et cela se sent dans le stade. Je suis persuadé qu’on peut faire à nouveau une belle saison."
Vu de l’extérieur, Genk a toujours eu une image sympathique. Mais l’objectif n’est-il pas d’être vu comme un peu moins sympathique pour franchir encore un palier ?
"Si bien sûr, et je sens déjà un peu plus de stress chez nos adversaires. Non seulement parce qu’on a gagné le titre mais aussi parce qu’on a de bons joueurs et que financièrement, tout va bien. Je commence à sentir de plus en plus de concurrence. Avant, personne ne parlait de titre pour Genk. Maintenant, on est dans la course."
La plupart des analystes ne pointent pas Genk comme favori à sa propre succession cette saison. Cela vous enlève une pression, au club et à Felice Mazzù ?
"Oui. On a toujours travaillé comme ça, on garde les pieds sur terre. On doit être réaliste : des équipes ont beaucoup plus de pression que nous. L’année passée, cela a très bien marché pour nous. On a toujours dit qu’on n’était pas le favori mais finalement on a réussi. C’est dans notre caractère et c’est aussi une manière de ne pas mettre trop de pression sur un groupe jeune."
Vous redémarrez la saison dans le même état d’esprit… avec la Ligue des champions en plus et la perspective de remporter la première victoire de l’histoire du club dans la plus belle des compétitions européennes.
"Oui, cela ne nous est jamais arrivé. Mais le plus important reste le championnat… et aussi la Coupe. À Charleroi, je sais que Felice mettait beaucoup d’ambition dans la Coupe. C’est le cas aussi pour Genk car cela pourrait être très important cette année pour nous. La Ligue des champions, ce sera avant tout du plaisir. On voudra faire bonne figure dans la plus belle des vitrines européennes. Même si on sait que si nos jeunes talents font de bons matchs, les convoitises pourraient être encore plus grandes dans le futur. Mais il faut voir cela de manière positive : c’est que nous travaillons bien."