Comment David Pollet a ressuscité: "Il récolte les fruits de son abnégation"
Buteur décisif face à Gand, David Pollet était encore au fond du trou il y a un mois.
- Publié le 24-04-2018 à 11h51
Buteur décisif face à Gand, David Pollet était encore au fond du trou il y a un mois.
Il y a des histoires qui sont quasi inimaginables, même pour le plus alambiqué des esprits. Celle de David Pollet en fait partie. Qui pouvait imaginer que l’attaquant carolo se retrouverait dans le rôle du héros, cette saison ? Personne ou presque. Pourtant, ce costume, il le connaît. Et il l’avait déjà enfilé en début de saison, en inscrivant deux penalties (face à Mouscron et Courtrai) qui avaient lancé les Zèbres vers un début de saison historique, début août. "C’est peut-être ma saison", avoue alors l’attaquant.
Mais quelques semaines plus tard, le vent a bien tourné. Et alors que le Sporting concède sa première défaite de la saison, face à Bruges (1-2), David Pollet goûte au statut de remplaçant, pour la première fois en championnat. Un statut qu’il ne quittera presque plus, la faute à l’éclosion de Kaveh Rezaei (qui marquait comme il respirait) et au système à une pointe choisi par Felice Mazzù (4-4-1-1).
Le profil de Pollet, assez proche de celui de Rezaei, cantonne même le numéro 10 zébré dans un rôle de troisième choix, derrière Rezaei et Bedia.
Pour le déplacement à Ostende, le 24 octobre, l’attaquant est même prié de rester chez lui. "Je pense qu’il est temps pour David de prendre un peu de recul et il est peut-être temps de donner du crédit à d’autres solutions. On sait tous que quand David n’est pas bien mentalement, c’est difficile pour lui", justifie Felice Mazzù.
Le coup est rude à encaisser pour le buteur. Blessé dans son amour-propre, il s’enfonce encore un peu plus dans une crise de confiance personnelle et n’est pas retenu pour trois des cinq matches du mois de décembre... au moment où les rumeurs d’un départ en janvier se font de plus en plus insistantes.
L’attaquant, lui, ne l’entend pas de cette oreille. Partir signifierait abandonner et cela ne fait pas partie de son vocabulaire. Puis à six mois de la fin de son contrat (prolongé d’un an depuis lors), à quoi cela servirait-il ? Il décide donc de s’accrocher et de ne pas lâcher, encouragé par Mazzù et son staff.
Mais son temps de jeu reste très mince. Et les rares minutes qu’il reçoit le déçoivent. Titularisé à Bruges à la surprise générale, l’attaquant est remplacé, frustré, après 56 minutes. Un mois et demi plus tard, le même scénario a lieu à Courtrai, lors du dernier match de la phase classique. Alors que Charleroi n’arrive plus à gagner, le buteur franco-belge est relancé. Mais après 45 minutes, il est remplacé par Rezaei. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Vexé et en colère, l’attaquant, de nature très calme, sort de sa réserve et vit mal le moment, au point d’élever la voix devant tout le groupe. En zone mixte, quelques minutes plus tard, il a besoin de parler. "Moi, je n’ai pas le droit à l’erreur et je suis plus facile à sortir qu’un autre", explique-t-il avec une émotion non dissimulée. "Cela devait sortir", avouera-t-il plus tard.
Écarté avant le match face au Standard, c’est en réserve (et à sa demande) que Pollet débute les PO1. Mais alors qu’on le croit au fond du trou mentalement, il trouve les ressources nécessaires pour se relever, petit à petit, en inscrivant notamment un quadruplé face à Courtrai (voir ci-dessous). Avant d’être réintégré dans le groupe pro par Felice Mazzù, au terme d’une discussion entre quatre yeux et en toute sincérité ("on s’est dit les choses") avec un coach avec qui il a toujours eu une relation à part, presque paternelle.
La suite de l’histoire s’est écrite dimanche soir. Titularisé pour la première fois en PO1, David Pollet a réenfilé son costume de héros pour offrir la victoire à Charleroi, en étant impliqué dans les deux buts du Sporting (son appel sur le premier but est précieux et il plante lui-même le deuxième avec sang-froid). "Je reviens de loin mais je n’ai rien lâché, explique-t-il avec la rencontre. J’espère désormais être un acteur de la suite des PO1."
Ce qui permettrait de donner encore un peu plus de relief à l’histoire entre Pollet et Charleroi... qui a déjà connu de nombreux rebondissements, mais qui n’est certainement pas finie.
"Aujourd’hui, David marquera quatre buts"
C’est avec la réserve de Samba Diawara que Pollet a retrouvé sa confiance.
6 avril 2018. Charleroi est battu par Anderlecht pour une histoire de VAR qui fait couler beaucoup d’encre. Loin de cette agitation, David Pollet, resté sur le banc, demande à son coach d’évoluer en U21 le lundi soir, face à Courtrai. Felice Mazzù accepte et confie à Samba Diawara, le coach de la réserve zébrée, la mission de donner de la confiance à Pollet.
Une mission que l’ancien international malien (40 ans) prend à cœur. D’autant que la semaine précédente, face à l’Antwerp, Pollet avait donné deux passes décisives au jeune Adel Bouterbiat. Et s’était vu refuser un but pourtant valable (la barre rentrante qui avait franchi la ligne).
Durant sa théorie d’avant-match, Diawara donne des consignes très clair. "Aujourd’hui, David doit marquer le plus possible", explique le coach dans le vestiaire, où les jeunes Zébrions sont intimidés par l’attaquant de 29 ans, à qui on a confié le brassard de capitaine pour l’occasion. "La dernière fois que Chris Bedia est venu en Espoirs, il a marqué quatre buts. David doit faire la même chose aujourd’hui. C’est mon pari du jour."
Durant la première demi-heure, cela semble mal parti. David Pollet loupe quelques occasions mais finit par ouvrir le score. Puis il en enfile deux, trois puis quatre. Pari réussi. "Quatre buts en réserve ne valent pas quelques minutes en pro mais cela fait du bien", avoue l’attaquant sur le coup.
Quelques jours plus tard, il retrouve le groupe pro et petit à petit, la confiance, jusqu’à ce but face à Gand. Un but que Samba Diawara a évidemment savouré. "Je suis très, très content pour lui, indique le T3 de Felice Mazzù. Il le mérite tellement après ce qu’il a traversé. Il n’a jamais arrêté de bosser et le voilà récompensé."
Mais le chemin n’est pas terminé.