Nasri a gagné son premier combat avec les kilos
Le Français est considéré comme le pire transfert du mercato, vu son gros salaire. Le club l’a obligé à maigrir. Il a fait un effort.
- Publié le 28-09-2019 à 08h59
- Mis à jour le 28-09-2019 à 15h29
Le Français est considéré comme le pire transfert du mercato, vu son gros salaire. Le club l’a obligé à maigrir. Il a fait un effort. "Bienvenue Petit Prince", annonçait Anderlecht dans une vidéo sur ses réseaux sociaux, le 5 juillet. "Fier de faire venir un joueur de son niveau, avec son palmarès", ajoutait Marc Coucke sur son compte Twitter personnel. "Samir Nasri is ready to shine on the pitch", annonçait le Twitter officiel du club.
Mais le Français de 32 ans n’a pas encore brillé sur le terrain avec les couleurs d’Anderlecht. Certes, il a marqué deux buts (un à Courtrai et un au Beerschot, ce mercredi), mais il a surtout provoqué beaucoup de maux de tête à ses patrons. La raison : son surpoids. En effet, son état physique est loin d’être proportionnel à son salaire.
Voilà plus d’un an que tout le monde parle du salaire record de Trebel à Anderlecht (qui est de 2,61 millions bruts et non pas de 3 millions), mais Nasri doit au moins avoir autant que lui. Il était sans contrat et en a donc profité pour obtenir un contrat (d’un an, avec une option pour une seconde saison) à l’anglaise.
Lors de ses tests médicaux, déjà, Anderlecht avait constaté un taux de graisse anormalement haut. Mais le joueur avait une explication valable. Entre autres suite à des blessures, il n’avait été titulaire que trois fois à West Ham, la saison passée. La dernière fois était le 27 février 2019 à… Manchester City (1-0). Il s’était fait manger par Vincent Kompany et avait été remplacé à la mi-temps.
Pendant cinq saisons, Kompany a partagé le vestiaire avec Nasri, qui a marqué 31 buts en 181 matchs à Manchester City. La sixième saison (2016-2017) était celle de trop. Tiens, c’était la première de Pep Guardiola à City. Pendant la préparation estivale en Chine, il avait laissé Nasri sur la touche lors des matchs amicaux contre le Bayern Munich et Dortmund. "Il est rentré de vacances avec un problème de poids", déclarait Pep.
L’explication de Nasri, par après : "J’avais quatre kilos en trop suite à des blessures et des problèmes personnels."
City, qui avait payé 27,5 millions à Arsenal, en 2011, était content de pouvoir le prêter à Séville. Depuis lors, Nasri se bat perpétuellement avec les kilos. Après Leicester - Séville en Ligue des champions, le consultant anglais Rio Ferdinand constatait : "Il joue à un rythme de grand-père."
Et Martin O’Neal ajoutait : "Cela fait cinq ans que ce n’est plus un joueur de football."
Lors des deux saisons suivantes, Nasri n’a joué que huit matchs à Antalyaspor, et West Ham ne lui a offert son contrat de 90 000 euros par semaine (4,7 million par an) que s’il perdait cinq kilos.
Fin juin de cette année, Kompany parvient à convaincre sa direction de faire un gros effort financier pour son ami Nasri. Mais au lieu de fondre, Nasri entame le championnat avec le même (sur)poids qu’au moment de sa signature. Ses montées au jeu contre Ostende et Mouscron (29 minutes) et ses 90 minutes à Courtrai, Genk et contre Malines sont aussi dramatiques que ses kilomètres parcourus. La conclusion est simple : il ne vit pas comme un pro.
Nasri trahit la confiance de Kompany, qui promet au club que le joueur va faire un effort. "Il sait qu’il a déçu Kompany, mais il le respecte trop et ne veut pas le laisser tomber", dit un proche du joueur. "Il n’avait pas conscience que les autres équipes veulent jouer le match de leur vie contre Anderlecht. Il pensait qu’il pourrait réussir en Belgique sans être à 100 %."
Pendant trois matchs, l’ex-international français (41 matchs, 5 buts) est carrément écarté de la sélection de match d’Anderlecht. Sa mission est de maigrir, de soigner son hygiène de vie et de combler au plus vite son retard physique.
Le club lui fixe même un ultimatum : le 23 septembre, il doit rester sous un certain poids, sinon il ne serait toujours pas sélectionné.
Nasri réussit son premier combat - il reste sous le poids convenu avec le staff médical - et est préféré à Verschaeren contre le Beerschot, où il marque le 0-1 et reste sur le terrain pendant 113 minutes. Mais tout au long de la partie, il ne peut cacher qu’il a encore un long chemin à parcourir.
Ses proches rassurent les fans. "Il commence à se rendre compte que le championnat belge n’est pas aussi facile qu’il ne le pensait. Vous verrez qu’il a encore du talent en lui. S’il tient ses engagements, il sera au top dans deux semaines."
Sans doute va-t-il recevoir une nouvelle chance contre Waasland-Beveren ce dimanche. À lui de la saisir.
Un rôle à jouer dans le vestiaire
Samir Nasri n’est pas au niveau mais peut apporter un plus dans le groupe.
Les prestations de Samir Nasri ne convainquent pas encore. Il est loin d’être au niveau qu’il avait atteint durant ses meilleures années à Marseille, Arsenal ou Manchester City. Nasri est encore celui qui traînait son spleen à West Ham. Il a du mal à accélérer et à trouver ses équipiers dans la profondeur. Pourtant, il n’en est pas moins important sur certains aspects de la vie du club.
Il encadre les jeunes
Les jeunes d’Anderlecht l’ont vu jouer au plus haut niveau et respectent son parcours.
Un statut qui lui permet de conseiller les gamins qui n’ont jamais connu ni le plus haut niveau ni un football aussi exigeant que celui réclamé par Kompany. Nasri fait partie de ceux qui leur tendent la main pour les aider.
S’il n’est pas au top physiquement, il n’a rien perdu de son expérience. Il peut la transmettre au groupe, expliquer comment cela se passait à Arsenal ou à Manchester City ou décrire comment il est retombé sur ses pieds après des coups durs. Il nous a été rapporté qu’il avait une belle relation avec plusieurs jeunes du groupe et qu’il répondait toujours présent quand l’un d’entre eux avait une question ou était à la recherche de conseils.
Il n’attend d’ailleurs pas qu’ils viennent à lui. Il assume le côté grand frère dont il avait parlé lors de sa présentation. Il joint le geste à la parole en prenant certains jeunes par l’épaule pour leur glisser l’un ou l’autre conseil.
Il n’est pas là pour lui
Quand il est sur le terrain, il pense d’abord en termes d’équipe. On ne l’a jamais vu commencer à dribbler ou à chercher le beau geste. Il privilégie toujours ses équipiers. Lors de la débâcle à Courtrai, il devait tirer le penalty mais a préféré le donner à Michel Vlap, venu lui réclamer le ballon.
Au lieu d’avoir droit à une scène Cavani-Neymar ou à un pierre-papier-ciseaux comme l’été dernier avec Dimata et Santini, Nasri a directement lâché le cuir pour permettre à son équipier de marquer.
Après le match, il a expliqué que “Michel [lui] a demandé le ballon et qu’[il a] voulu le remettre en confiance en le laissant frapper”.
Il se pose en bouclier
Il s’est également posé en bouclier devant ses jeunes équipiers. “Je suis prêt à endosser toutes les erreurs si ça peut faire évoluer les jeunes”, a-t-il déclaré il y a quelques semaines. “Vous pouvez écrire que tout est de la faute de Samir Nasri, ça ne me dérange pas.”
Une prise de responsabilité jamais vue dans le chef de Nasri. Quand il a joué et que ça s’est mal passé pour Anderlecht, il a pris sur lui et fait son mea culpa. Il est parfaitement conscient de son niveau de jeu actuel.