Kompany pense déjà au mercato
On s’est glissé dans la tête du manager/joueur en lisant entre les lignes de son discours d’après-match au Beerschot.
- Publié le 27-09-2019 à 07h04
- Mis à jour le 27-09-2019 à 07h46
On s’est glissé dans la tête du manager/joueur en lisant entre les lignes de son discours d’après-match au Beerschot. Anderlecht a gagné mais personne n’avait le sourire chez les Mauves mercredi soir dans les couloirs du Kiel. Tous les joueurs repartaient vers le car avec une tête d’enterrement. Sorti en dernier du vestiaire, Vincent Kompany n’avait clairement pas la tête des bons jours, malgré le tout premier succès à l’extérieur de sa carrière d’entraîneur.
Ce n’est pas tellement la rechute de sa blessure qui l’embêtait, il connaissait le risque, mais le niveau de jeu de l’équipe. Il était bien conscient d’avoir eu pas mal de réussite face au Beerschot. Cette qualification ne lance pas encore la saison, comme la direction l’espérait en se déplaçant chez un club de D1B.
Dimanche, à domicile contre Waasland-Beveren, une équipe avec un niveau de D1B aussi, alors ? Même pas sûr. Kompany se rend compte des limites de l’effectif. On pouvait le comprendre en lisant entre les lignes de son interview.
1. Son noyau est en post-formation et c’est dur à tolérer
Vincent Kompany : "Le plus gros problème, c’est que nous ne sommes pas du tout adultes comme équipe. Chaque jour, il faut travailler les détails : les deuxièmes ballons, les phases arrêtées, la pression, la construction… Je consacre beaucoup de temps au travail individuel. Je m’y attendais mais les autres équipes sont plus rodées que nous."
Quand on a côtoyé le top absolu pendant plus de dix ans, ce n’est pas simple d’accepter des manquements de base chez ses joueurs. À Anderlecht, beaucoup de joueurs sont encore en post-formation. Ils ont beaucoup de talent mais ils n’ont pas encore assimilé toutes les subtilités du foot des adultes. Au Kiel, les Bruxellois ont perdu énormément de duels et ont encore offert des cadeaux à l’adversaire, notamment sur l’égalisation de Brogno pour arracher les prolongations.
Mettez la meilleure équipe U21 du monde face à des pros expérimentés mais basiques et vous verrez que les gamins ont de grandes chances d’être battus. Kompany le sait. Mercredi, il a aligné une équipe avec plus de 24 ans de moyenne d’âge, trois ans de plus qu’à certains matchs cette saison, mais ça n’a pas encore suffi pour gommer toute la naïveté de ce Sporting.
2. Il a pris un risque pour tenter d’équilibrer le onze
Vincent Kompany : "Quand on revient d’une blessure comme la mienne, il faut normalement jouer 30 minutes, puis 60 et enfin 90. Mais je ne voulais pas jeter mes équipiers aux lions. Je devais donner le signe que je voulais prendre le risque pour ce match important."
À Manchester City ou chez les Diables, Kompany n’aurait pas joué mercredi. Il connaît parfaitement son corps et il savait que le risque de rechute était élevé. Le voir s’aligner quand même est symptomatique de la situation.
Il fallait mettre le plus d’anciens possible pour rétablir un peu de calme dans l’équipe. S’il n’avait pas pu jouer, c’est un jeune, comme Dewaele, qui l’a remplacé, qui se serait ajouté aux Saelemaekers, Sambi Lokonga, Sardella et même Vlap. L’équilibre est fragile…
3. Il veut compléter son onze dès le mercato de janvier
Vincent Kompany : "J’étais fâché après Bruges - Anderlecht dimanche passé. C’est la première fois qu’on jouait sans audace en possession de balle. Ce style ne nous convient pas et on a perdu notre confiance. Mais bon, qui dans notre équipe alignée à Bruges aurait sa place dans le onze du Club ? Bruges a plus d’expérience et de métier."
Dans la petite zone mixte du Kiel, Michael Verschueren se félicitait d’avoir vu "un onze qui était proche de l’équipe type", ajoutant qu’il manque "juste les automatismes". Pas certain que Kompany soit entièrement d’accord…
Le manager/joueur veut que la direction termine le mercato demandé en été lors du mois de janvier. Il n’a pas de back droit de formation dans son effectif (il considère que Saelemaekers est un attaquant). Il n’est pas très riche à gauche non plus. Du renfort dans la zone offensive serait également le bienvenu. Et il ne refuserait pas un défenseur central supplémentaire.
Kompany n’oublie pas que le RSCA base son projet sur la jeunesse mais la pression des résultats est déjà là. Il faut plus de concurrence pour les jeunes en ajoutant des hommes dans ce groupe. Seuls les meilleurs talents émergeront alors et parviendront à gratter une place de titulaire. La qualité plutôt que la quantité.
4. Il protège aussi sa réputation de jeune coach
Vincent Kompany : "Nous n’avons pas de soucis physiques, parce que nous avons couru 7 kilomètres de plus que Bruges. Nous courons plus que la majorité des autres équipes en D1."
Au Kiel, comme dans tous les autres matchs cette saison, Anderlecht n’a pas réussi à gagner la deuxième mi-temps, même quand le Beerschot jouait à dix. Un phénomène récurrent que la condition physique pourrait expliquer. D’autant que plusieurs de ses joueurs ont encore souffert de crampes mercredi. Une critique que Kompany réfute totalement. Le problème est uniquement mental, selon lui. Chiffres à l’appui.
Avec ce paramètre physique, sa réputation globale d’entraîneur est aussi en jeu. La carrière de joueur, aussi belle soit-elle, est vite effacée par le présent. Son ami Thierry Henry l’avait prévenu. Kompany sait que la préparation physique d’une équipe est un élément important dans l’évaluation d’un coach aujourd’hui.