Quand Origi sourit, Batshuayi grimace
La situation des deux attaquants qui s’affrontent en Supercoupe est diamétralement opposée. Éclairage.
- Publié le 14-08-2019 à 14h47
- Mis à jour le 14-08-2019 à 14h49
La situation des deux attaquants qui s’affrontent en Supercoupe est diamétralement opposée. Éclairage. Le premier a ouvert sa saison sur un but avec Liverpool. Le second n’était même pas sur la feuille de match de Chelsea.
Divock Origi et Michy Batshuayi sont portés par des vents contraires ces derniers mois alors que leurs chemins se croisent ce mercredi soir à Istanbul pour la Supercoupe d’Europe.
Pour l’ancien Lillois, le changement est aussi spectaculaire que simple à dater. La vie d’Origi à Liverpool est avant tout une question de derby. Son élan avait été brisé par un tacle assassin de Rames Funes Mori le 20 avril 2016 alors qu’il marchait sur l’eau.
Tout est reparti le 2 décembre dernier lorsqu’il a offert aux siens dans les arrêts de jeu la victoire face à cette même équipe d’Everton, finissant par s’imposer comme l’alternative numéro un au trio d’intouchables que forment Mohamed Salah, Sadio Mané et Roberto Firmino alors qu’il n’était au début que le sixième choix en attaque et que les Reds avaient trouvé un accord pour le céder à Wolverhampton pour 25 millions, ce que lui n’avait pas voulu.
"Sa faculté a être toujours là dans les moments importants est assez impressionnante" , ne cache pas Thomas Chatelle en pensant très fort à ce doublé lors de la mythique remontée en Ligue des champions contre le FC Barcelone ou encore à ce but en finale contre Tottenham. "On se demandait comment il allait pouvoir se sortir de ses difficultés."
Origi a trouvé la clef grâce à sa force de caractère. Chatelle : "J’ai joué avec son papa, Mike, à Genk. C’était un gros bosseur. C’est dans les gènes. Cela ne m’étonne pas tellement. Ce sont des bosseurs, des gens relativement stables, c’est ce qui l’a sauvé. Il n’y a pas de secrets. Cela se joue surtout mentalement si l’on compare peut-être avec un Batshuayi qui a peut-être plus de talent mais pour qui, en termes de stabilité, c’est complètement l’inverse."
D’où, en ce début de saison, des dynamiques totalement opposées qui épousent finalement des logiques esquissées en fin de saison dernière.
"Origi a acquis un nouveau statut, il vit mieux la situation de premier remplaçant, joue avec plaisir et le sourire, ce qui est révélateur d’un joueur qui se sent bien" , résume Alex Teklak au sujet de l’ex-Lillois qui a prolongé cet été.
Pour l’ancien défenseur, la raison des trajectoires inverses des deux hommes est aussi à chercher dans les projets respectifs des deux clubs.
"Origi a été prêté à Wolfsbourg mais s’inscrit dans une certaine continuité parce que Klopp ne l’a jamais lâché et ne l’a jamais perdu de vue. Résultat, il est fait pour Liverpool et Liverpool est fait pour lui. Beaucoup d’entraîneurs aimeraient avoir un back-up pour lui qui est performant quand il entre et qui ne grince pas des dents. C’est une situation privilégiée qu’il a forcée." Et qui fait dire par exemple à Gary Neville que le Diable "est le quatrième attaquant parfait".
Une situation qui tranche avec celle de Batshuayi, relégué provisoirement derrière Tammy Abraham, revenu de prêt d’Aston Villa, et Olivier Giroud pour le poste de seul attaquant de pointe et qui se retrouve en partie victime du contexte.
"À la différence d’Origi, Batshuayi est tombé dans un club qui a beaucoup de joueurs et qui les prête en espérant faire des plus-values. Cela a ses limites, que lui touche du doigt. Quand Origi a toujours été identifié à Liverpool, est-ce que Michy a déjà été considéré comme un vrai joueur à part entière du noyau de Chelsea ?" s’interroge Teklak.
Poser la question revient en partie à y répondre pour un joueur qui, reprend Chatelle, "a été victime de choix forcés mais en a aussi effectué d’autres pas forcément judicieux".
"Il aurait sans doute fallu qu’il soit mieux conseillé, en optant pour la stabilité plutôt que de vouloir absolument bouger" , estime l’ancien attaquant qui constate que le nouveau manager, Frank Lampard, "n’est pas le premier entraîneur qui le laisse de côté, et c’est souvent mauvais signe".
"Mais, avec ce changement d’entraîneur et de projet aussi à Chelsea, il a un coup à jouer", tempère Teklak. "Il faut lui laisser un peu de temps."
Lui en a assez perdu, mais peut le rattraper. Comme Origi l’a fait.
Chez les Diables : “Origi va compter de plus en plus”
Si Romelu Lukaku est intouchable, le paysage derrière le meilleur buteur de l’histoire des Diables apparaît plus mouvant. Et sera impacté par la situation d’Origi et Batshuayi. Titulaire lors du premier match de l’ère Martinez, le premier n’a ensuite été rappelé que pour deux matchs amicaux en novembre 2017 contre le Mexique et le Japon avant de retrouver seulement le groupe pile un an plus tard grâce aux blessures de nombreux joueurs lors du douloureux épilogue de la Ligue des Nations en Suisse puis d’y revenir depuis sans jouer.
Batshuayi, lui, s’est imposé comme l’alternative numéro un à Lukaku avec 10 réalisations en 19 sélections. “Batshuayi n’a jamais déçu avec les Diables mais on peut difficilement passer à côté d’un Origi qui répond présent dans les grands moments”, résume Chatelle. “Surtout s’il est performant en tant que joker à Liverpool. Mais je continue à croire qu’en termes de profil Batshuayi est le complément idéal de Lukaku.” Pour Alex Teklak : “Origi va compter de plus en plus, ses performances sont de nature à redistribuer les cartes. Il va donc sérieusement matcher avec les autres.”