Miche, coiffeur officiel des Diables rouges : "Je veux juste qu'ils aient la classe"
Michel, le coiffeur des Diables depuis des années, sera en Russie pour coiffer les Diables et assister au match entre la Tunisie, le pays où il est né, et la Belgique où il habite depuis 50 ans. "Et je serai pour les Diables"
- Publié le 20-06-2018 à 18h39
- Mis à jour le 20-06-2018 à 22h09
Michel, le coiffeur des Diables depuis des années, sera en Russie pour coiffer les Diables et assister au match entre la Tunisie, le pays où il est né, et la Belgique où il habite depuis 50 ans. "Et je serai pour les Diables" "Roberto Martinez a voulu me rencontrer. Je l’ai coiffé lors d’un rassemblement et tout s’est bien déroulé. Il m’a adopté."
Michel nous tend son téléphone et montre un SMS que lui a envoyé le sélectionneur national. "Franchement, c’est la classe. Directement il m’a dit qu’il me prendrait en Russie si on se qualifiait. Il a dit qu’il s’arrangerait avec le team manager ."
Quelques mois après cette promesse, Piet Erauw arrive chez Michel Hair Fashion pour prendre le passeport du coiffeur. "J’ai laissé faire sans demander." À quelques semaines du Mondial, on lui a confirmé qu’il serait sur place pour voir les Diables Rouges en Russie. "J’y vais avant le match contre la Tunisie et reste pour la rencontre qui a lieu à Moscou."
Malgré ses 68 balais (qu’il ne fait pas) Michel a les yeux qui brillent. Après être allé coiffer les Diables à Bordeaux à l’Euro, il réalise un rêve : les voir en Coupe du Monde et contre l’équipe de son pays de naissance.
"Je ne serai pas pour la Tunisie même si j’ai encore beaucoup d’amis et de membres de la famille qui y vivent. Mais j’ai quitté le pays à 18 ans. Cela fait 50 ans que je suis en Belgique. Je soutiens la Belgique et j’espère qu’elle ira très loin cette année."
L’arrivée de Michel chez les Diables Rouges n’a pourtant pas été simple. "Avoir un coiffeur attitré est commun dans certains pays, mais pas chez nous." Il travaille depuis longtemps avec Anderlecht et possède une certaine réputation à Bruxelles. C’est simple, toutes les têtes connues de la capitale (voire d’ailleurs) sont passées sous ses ciseaux. "Et j’ai un chouchou : Thomas Chatelle (NdlR : notre consultant pour le Mondial) ."
Parmi les habitués de son salon, on retrouve Serge Borlée, ancien liaison officer des Diables sous l’ère Wilmots.
"Un jour, Serge m’a appelé pour que je vienne à Dilbeek, à l’hôtel des Diables. Il m’a expliqué qu’un joueur voulait se faire coiffer, mais que Marc Wilmots ne voulait rien entendre. Il a finalement cédé. Serge m’a dit que Wilmots s’est retourné vers lui en disant ‘ téléphone à ton copain coiffeur car c’est vrai qu’il (NldR : le joueur dont Michel ne veut pas donner le nom) a une vilaine coupe ’. C’est là qu’a commencé mon histoire avec les Diables. Je devais en coiffer un et finalement je suis resté très longtemps car dix ont voulu aussi y passer. Guillaume Gillet voulait même couper les cheveux des autres. (rires) "
Depuis cette anecdote qui date d’il y a six ans, Michel répond toujours présent lorsqu’ils ont besoin de lui. Nous avons d’ailleurs été témoins d’une conversation entre Piet Erauw et Michel. "Oui, je serai là dimanche sans problème."
Trois jours avant leur départ, les Diables ont reçu la visite de Michel de 13 h à 18 h 30. "Tout le monde était beau. J’étais content car c’est mon job. Je veux juste qu’ils aient la classe. Et si ça peut aider à ce qu’ils soient bien dans leurs pompes…"
S’il est à l’âge de la retraite, Michel ne veut pas louper tous ces moments uniques. "Certains viennent d’Arlon ou d’Ostende pour un autographe. Moi, je vis ça de l’intérieur. Et je ne vis que les bons moments. Je leur tire les oreilles quand ils m’ennuient et ils font pareil. Je suis juste content d’être avec eux. L’ambiance est fabuleuse dans ce groupe. Tous les gars sont respectueux et gentils. J’ai rarement été aussi bien accueilli dans ma vie que quand je viens à Tubize pour les Diables."
"Ils ont voulu me balancer dans la piscine"
En 2014, les Diables ont effectué le début de leur préparation à Knokke-Heist. Michel s’est rendu sur place pour coiffer les joueurs. "Ils ont voulu me balancer dans la piscine. Heureusement, Serge Borlée, le liaison office de l’époque, et Simon Mignolet m’ont sauvé. Sinon je volais habillé dedans. Il y avait quelques fameux déconneurs dans cette équipe. Surtout Jean-François Gillet. Il est sans gêne. Pareil pour Laurent Ciman. Dès qu’ils le peuvent, ils ennuient les autres."
"Hazard et Fellaini m'ont sauvé"
Comme tout membre du staff, Michel a été intronisé. "C’était à Genk", se souvient le coiffeur des Diables. "Marc Wilmots m’avait demandé de rester pour manger avec le groupe. Je ne le fais habituellement pas, mais il avait insisté."
Ce qu’il croit être un geste gentil est en fait une ruse pour le piéger. "Il a commencé à faire tinter son verre et je me suis dit que cela puait. J’ai dû me mettre debout sur une chaise pour chanter."
Tout le monde s’attend à un vrai spectacle vu la personnalité de Michel. "J’étais terrifié. J’ai bloqué et je me suis mis à pleurer. Je vous jure. Je n’ai peur de rien, mais là je n’ai rien su faire."
Rapidement les joueurs comprennent qu’il ne blague pas. "Marc Wilmots me lançait des et quoi Manneke ? Rapidement, Eden Hazard et Marouane Fellaini m’ont dit de descendre et m’ont rassuré. Je n’arrive toujours pas à expliquer ce qui s’est passé. Depuis lors, mon ami Serge Borlée m’appelle le pleurnichard." (rires)
"J'ouvrais le sauna pour leur lancer un verre d'eau"
Lors de ses débuts en tant que coiffeur des Diables, Michel a dû se contenter d’un local improvisé. "Je coiffais les joueurs dans le sauna. C’était super-marrant comme atmosphère car il y avait toujours du monde entre ceux qui attendent d’être coiffés et ceux qui débarquaient en peignoir."
Il profitait d’ailleurs de la situation pour faire des blagues. "J’ouvrais la porte du sauna pour leur balancer un verre d’eau en plein visage."
À Tubize, il a un local mis à disposition. "C’est étriqué, mais j’ai tout ce qu’il me faut. Puis, je suis accueilli comme un prince avec une salade de fruits et des fruits secs dès que je franchis la porte de l’hôtel."