Emilio Ferrera: "La Belgique a un problème d'identité"
"On nous a présenté les joueurs belges comme des joueurs qui jouent dans des tops clubs, parce qu’ils jouent en Angleterre. Mais les tops clubs sont en Italie, en Espagne, et en Allemagne. L’Angleterre, c’est le subtop", analyse Emilio Ferrera.
- Publié le 15-06-2016 à 11h54
- Mis à jour le 15-06-2016 à 12h00
1. Les latéraux italiens jouant très haut ont posé des problèmes.
"Les Italiens ont joué avec un système que la Belgique n’a pas l’habitude de rencontrer. Ils ont joué avec trois défenseurs centraux et des backs très hauts, qui avaient beaucoup de liberté. Quand le ballon était à gauche, Candreva était toujours libre à droite. Idem avec Darmian de l’autre côté. Ce système en 3-5-2 est très difficile à contrecarrer. La Belgique a été déboussolée par cette organisation italienne. Comme sur le but. Ciman tient Darmian, mais a-t-il eu raison ? Alderweireld restait fixé sur l’attaquant et du coup, personne n’a été capable de tenir le joueur qui s’infiltrait. Il y a aussi un souci interne à l’équipe : deux des quatre défenseurs n’évoluent pas à leur position. Ciman n’a pas joué arrière droit depuis des années. Et en club, Vertonghen évolue dans l’axe. On sent qu’ils manquent de repères à ces postes."
2. La Belgique a été meilleure… sans tactique.
"On a vu que quand la Belgique essaie de jouer dans un schéma précis, elle avait des difficultés. Le meilleur moment de la rencontre a été les vingt dernières minutes. Ils jouaient dans l’émotion, il y avait du mieux. Eden Hazard et Kevin De Bruyne jouaient de manière beaucoup plus libre, leurs positions étaient moins figées. C’est peut-être de cette manière qu’il faudrait débuter les rencontres. Car nous ne sommes pas encore une équipe dominante, et nous ne sommes pas non plus une équipe de contre-attaque."
3. Fellaini a été le meilleur Belge sur le terrain.
"J’ai beaucoup aimé le match de Marouane Fellaini. Il était présent défensivement, dans les contacts et dans les 16 mètres adverses. Avec un peu de réussite, il aurait même pu marquer si la dernière passe n'avait pas fait défaut. Car il était toujours bien placé. L’aligner était une bonne idée. Avec Courtois, il a été le meilleur Belge. Mais quand on nomme le gardien comme un des meilleurs joueurs, ce n’est jamais bon signe."
4. On en a eu la preuve : le championnat anglais est surcoté.
"On nous a présenté les joueurs belges comme des joueurs qui jouent dans des tops clubs, parce qu’ils jouent en Angleterre. Mais les tops clubs sont en Italie, en Espagne, et en Allemagne. L’Angleterre, c’est le subtop. On en a eu la preuve lundi soir. Le championnat italien est moins médiatisé chez nous, on a une idée préconçue et un a priori négatif par rapport à cette compétition, qui a été dévalorisée par une certaine presse. Mais on a vu que le niveau de ce championnat était supérieur au championnat anglais, qui est surcoté. Ce n’est pas un hasard si les équipes anglaises dépassent rarement le stade des huitièmes de finale de la Ligue des Champions. C’est une réalité qui n’est plus seulement évidente au niveau des chiffres mais aussi au niveau des faits."
5. La Belgique ne connaît pas sa place.
"Elle a un problème d’identité. On l’a pointée parmi les favorites, mais on a un peu de mal à situer cette équipe, à savoir comment elle veut jouer, quelles sont ses valeurs, etc. Pourtant, il y a des joueurs créatifs, De Bruyne et Hazard en sont. Ce n’est sans doute pas un problème de qualité. Quand je vois comment les Italiens ont chanté leur hymne, tous ensemble, avec détermination, alors que côté belge, seul trois ou quatre chantaient, c’est déjà un signe. Peut-être cela vient-il du fait que nos joueurs sont partis très jeunes à l’étranger, alors que les Italiens jouent chez eux et sont forts liés à leur pays."
6. Marc Wilmots et les critiques. "
Je trouve qu’on est très dur avec Marc Wilmots. Car il n’y a pas vraiment lieu de le critiquer. Lundi soir, l'adversaire a été plus fort. Et dans cas-là, il ne faut pas crier au scandale et remettre en cause l’entraîneur. Avec Wilmots, c’est pourtant souvent le cas. Je me suis souvent posé la question de savoir pourquoi la presse était si négative à son égard. Cela donne un mauvais climat."