Claude Puel a fait signer Tielemans en Premier League: "À Leicester, j’ai adapté notre tactique pour Youri"
Claude Puel a toujours apprécié Tielemans, au point de le faire signer en Angleterre.
- Publié le 21-03-2019 à 07h32
- Mis à jour le 21-03-2019 à 13h18
Claude Puel a toujours apprécié Tielemans, au point de le faire signer en Angleterre. Il y a quelques semaines, alors qu’il était encore l’entraîneur de Leicester, Claude Puel a décidé de donner la chance à Youri Tielemans de découvrir la Premier League alors que son rendement n’était pas optimal en Ligue 1. L’entraîneur français, aujourd’hui sans emploi, a accepté de nous expliquer les coulisses de la métamorphose récente du Diable rouge.
Youri Tielemans a débarqué à Leicester le 31 janvier. Pouvez-vous expliquer le contexte de son arrivée ? Est-ce un joueur qui vous intéressait personnellement ?
"Quand des joueurs arrivent dans un club où je suis en fonction, en général, c’est que je les veux. Il se trouve que je connaissais Youri depuis longtemps, je le suivais déjà à Anderlecht où il était très performant. J’appréciais déjà son apport offensif, sa capacité à marquer et son profil de joueur de transitions. Il y a eu une possibilité de faire un échange avec Adrien Silva, sous la forme de prêts, le dernier jour du mercato. Quand j’ai récupéré Youri, j’ai tout de suite voulu le mettre dans les meilleures dispositions, c’est-à-dire dans un milieu à trois où il est dispensé de certaines tâches défensives par un élément plus reculé que lui sur le terrain. Cela lui permet de se projeter plus facilement vers l’avant et d’apporter beaucoup à l’équipe d’un point de vue offensif."
Vous avez donc adapté votre système à votre recrue…
"J’ai installé une pointe basse (NdlR : Wilfred Ndidi, l’ancien médian défensif de Genk) focalisée sur l’équilibre de l’équipe. Et j’ai demandé à Maddison, qui jouait en n°10 jusque-là, de travailler un peu plus et de descendre aux côtés de Youri, en piston. Bien sûr, ces deux n°8 devaient aussi défendre mais ils avaient chacun les mêmes libertés d’utiliser leurs propres caractéristiques. J’ai dit à Youri que je voulais le voir s’impliquer dans les dernières passes mais aussi dans les tirs car il ne tentait plus assez sa chance, malgré cette faculté à marquer de jolis buts. Je lui ai simplement demandé de retrouver plus de naturel dans son jeu et il s’est bien acclimaté."
Était-il à 100 % quand il est arrivé de Monaco ?
"Oui, il était bien, il n’y avait rien à dire sur sa forme physique. Je pense que ce positionnement a pu le libérer. À Monaco, il devait rester plus souvent en position devant la défense, ce qui altérait forcément son rendement offensif. Il n’est pas un récupérateur hors-norme, ses qualités sont ailleurs et je voulais surtout revoir ce dont il est capable balle au pied."
C’est donc le système de jeu plus que la compétition en elle-même qui fait qu’il s’épanouit plus aujourd’hui en Angleterre qu’il y a quelques mois en France ?
"Oui car le championnat anglais demande surtout une grosse présence physique. Youri est en forme mais ce n’est pas un monstre de puissance. C’est vraiment ce retour vers un rôle de joueur de transitions et plus seulement de position ou d’équilibre qui, selon moi, l’a débridé. Car à Monaco, je le trouvais un peu en dedans par rapport à ce qu’il offrait à Anderlecht."
Est-il fait pour rester en Premier League ?
"C’est une question d’utilisation plus qu’une question de championnat. Youri est un grand professionnel, très mature pour son jeune âge. Il est aussi très intelligent, avec une technique qui lui permet de bien jouer même sous pression, donc il a des qualités intéressantes, peu importe la compétition dans laquelle il évolue."
Contre la Russie, il devrait remplacer Kevin De Bruyne que vous avez affronté à plusieurs reprises ces derniers mois. Qu’est-ce qui sépare encore Youri du niveau de Kevin ?
"On ne peut pas les comparer, ce sont deux joueurs complètement différents, avec des qualités différentes. De Bruyne, il peut jouer en dix, sur les ailes, en huit… il a une grande faculté d’adaptation et un profil physique qui lui permet de jouer partout grâce à sa vitesse, son volume de jeu, son super pied droit. C’est un joueur hors-norme qui était l’année dernière le meilleur joueur du monde à mes yeux. Il a été énorme et n’a pas été reconnu à sa juste valeur. Associer Youri Tielemans et Kevin De Bruyne ? Oui, c’est possible, mais avec une pointe basse pour les soulager du travail défensif. Même si De Bruyne a énormément progressé dans la récupération, il faut le laisser s’exprimer offensivement."