À la rencontre du Eden Hazard de Saint-Marin: “Le maillot de Wilmots, mon plus beau cadeau”
Andy Selva est le bourreau de la Belgique : il a inscrit les trois buts de Saint-Marin contre les Diables. La DH l’a retrouvé.
- Publié le 06-09-2019 à 08h11
- Mis à jour le 06-09-2019 à 14h33
Andy Selva est le bourreau de la Belgique : il a inscrit les trois buts de Saint-Marin contre les Diables. La DH l’a retrouvé. Heureusement pour la Belgique, le "Eden Hazard de Saint - Marin " a mis un terme à sa carrière en juin 2018. Andy Selva (43 ans) est un phénomène dans son pays. Il a le plus de sélections (72), et a inscrit huit buts, dont les trois de son pays… contre les Diables rouges. Même Diego Maradona n’en a marqué que deux ! Interview avec l’homme qui fut, pendant des années, le seul professionnel de son équipe nationale.
Selva a beau avoir arrêté le foot, il est encore affûté. Fils d’un papa romain, il est un grand supporter de l’AS Rome. "Et donc de Francesco Totti", sourit-il. Sa maman, elle, est saint-marinaise.
Le premier de vos trois buts contre les Diables, c’était un coup franc dans la lucarne au Heysel, lors du 10-1 en février 2001...
"Nous étions déjà menés 10-0. La Belgique était tellement déçue d’avoir raté son Euro 2000 qu’elle a continué à pousser jusqu’à la 90e. Moi, j’étais si frustré par le score que j’ai fait une course de 50 mètres, balle au pied. Je me suis fait faucher à l’extérieur du grand rectangle, et j’ai brossé le ballon dans la lucarne (de De Vlieger) . Après le match, la Fédération belge m’a récompensé pour la beauté du but. J’ai reçu une plaque et… une serviette avec le logo de la Belgique."
Vous étiez honteux d’avoir perdu par ce score ?
"Je n’ai jamais ressenti de honte en portant le maillot de Saint-Marin ! Je connaissais le potentiel de mon équipe ; cela m’aidait à relativiser les défaites. L’équipe nationale m’a permis de me montrer sur la scène internationale."
Et de deux en juin 2001, au retour, lorsque vous égalisez.
"On a tenu le partage jusqu’à la 61e. Finalement, on a perdu 1-4. Je regrette de ne pas avoir joué plus souvent contre la Belgique. Cela aurait été bon pour mes stats (rires). "
Votre 3e but, en mars 2005, a failli rapporter un point.
"On avait fait un terrible match, un des meilleurs de notre histoire. J’avais égalisé, et on tenait bien le coup. On pouvait écrire l’Histoire. Un manque d’attention à la 65e a permis à Daniel Van Buyten de marquer le 1-2. On a souvent perdu des matchs de justesse, à cause d’une petite faute en fin de match, quand on était épuisés d’avoir tout donné."
Vous avez affronté des défenseurs comme Valgaeren, Van Buyten et même Kompany. Sentiez-vous du respect ou se moquait-on de votre équipe ?
"Jamais je n’ai ressenti de moqueries. Je suis fier d’avoir pu montrer mes capacités contre des grands joueurs comme Kompany et Van Buyten, qui n’ont jamais montré du dédain. Que du contraire. En 2001, j’avais demandé à Marc Wilmots d’échanger nos maillots, et il a directement accepté. Je l’ai encore (NdlR: très fier, il pose en photo avec le maillot dans sa voiture) . C’est un de mes plus beaux souvenirs. Tout comme mon but contre le Liechtenstein en 2004, qui nous a permis d’obtenir la seule victoire de notre histoire."
Ce n’était pas frustrant de jouer avec des amateurs ?
"Mes équipiers étaient employés de banque, assureurs, ouvriers… Parfois, ils filaient de leur boulot au stade pour jouer un match en équipe nationale, sans passer par chez eux. Malgré cela, ils n’ont pas ménagé leurs efforts. Cette situation n’était pas facile à accepter pour moi, vu que je suis un compétiteur. Je n’acceptais pas que notre Fédération ne fasse rien pour améliorer nos conditions de travail. Quand les joueurs actuels feront leur apparition dans le conseil fédéral de la Fédé, elle va enfin investir dans les jeunes."
La saison passée, vous étiez coach fédéral des U17 de Saint-Marin.
"J’ai démissionné, parce que je n’ai pas accepté la nouvelle proposition de la Fédération. J’attends qu’un club se présente…"
“Attention ! Les autres petits avancent !”
Même s‘il n’est plus footballeur et qu’il ne travaille plus pour la Fédération, Selva suit encore l’équipe nationale de près. Ce vendredi soir, il sera présent dans le Stadio Olimpico de Saint-Marin. “On a plusieurs bons joueurs, et il y en a trois qui sont professionnels : Nanni, Berardi et Benedettini. Mais la Fédération doit faire plus d’efforts que dans le passé, parce que les progrès des autres petites nations de football sont visibles. Il ne faut pas qu’on soit le dernier de la classe.”
En Nations League, Saint-Marin a perdu tous ses matchs dans la poule des petits. Ensuite, elle s’est pris un 9-0 en Russie, mais n’a perdu que 0-2 contre l’Écosse. Selva : “J’espère que l’équipe va réaliser une belle prestation contre la Belgique, et surtout qu’elle va retrouver l’identité de l’équipe de 2005, qui avait fait douter les Diables rouges.”