100e sélection pour Jan Vertonghen : "On a directement su qu'il était malin"
Ce samedi, Jan Vertonghen atteindra la barre des 100 capes avec les Diables Rouges. Le joueur et d'autres Diables reviennent sur son premier match et son parcours en équipe nationale.
- Publié le 02-06-2018 à 10h37
- Mis à jour le 02-06-2018 à 10h43
Ce samedi, Jan Vertonghen atteindra la barre des 100 capes avec les Diables Rouges : "J’en suis extrêmement fier" "Ouais, on m’a dit que j’allais atteindre les 100 matches en équipe nationale."
Jan Vertonghen sourit et lance la réplique avec le flegme britannique et l’humour piquant qu’on lui connaît. Il minimise l’événement, mais la rencontre de ce samedi face au Portugal le fait un peu plus entrer dans l’histoire.
Le moment était parfait pour un cadeau : une "une" du cahier sportif de La DH avec une photo de lui lors de son premier match le 2 juin 2007 et une autre en mars dernier pour sa 99e cape.
"Je m’en rends bien compte que j’atteins un chiffre important. Il y a quelques mois, j’ai décidé de vivre mon record de sélections très sereinement. On n’atteint les 100 qu’une fois dans sa vie et j’en suis très fier. C’est un moment incroyable."
Après avoir dépassé les 96 capes de Jan Ceulemans il y a quelques mois, il a ajouté une nouvelle ligne à son palmarès personnel. "Le record comptait peut-être davantage. Je voulais vraiment le battre. Ici, je le prends plus calmement, mais je n’en suis pas moins fier."
Il ne regrette qu’une chose : le manque de signe distinctif pour les joueurs appelés avec leur pays. L’Angleterre a ses fameuses casquettes "et Ruud Vormer a, par exemple, reçu un petit truc pour sa première apparition sous le maillot des Pays-Bas. J’espère qu’à l’avenir on aura une telle tradition chez nous. Quelque chose qui te rend fier d’avoir été chez les Diables Rouges."
Sa centième lui a promis un beau clin d’œil vu que son premier match s’est déroulé face au même adversaire : le Portugal. "Il y avait pas mal de stars en face. C’était un match à part pour moi et je m’en étais bien sorti."
Les deux équipes ont bien changé. Des Portugais de l’époque, il ne reste personne ou presque dans le groupe actuel. "Mais ça reste un pays de football, un pays très fier. Cela explique ce qu’ils ont réalisé à l’Euro. Cette équipe n’était clairement pas la meilleure, mais les gars ont joué avec passion et ont formé un bon groupe."
Deux années ont passé depuis. Le groupe a pris en maturité et s’est rendu compte de beaucoup de choses. "Notamment du fait que c’est peut-être notre dernière chance. Ce n’est peut-être pas la dernière fois pour nous, mais dans deux ans, certains ne seront plus là."
Avec 100 matches au compteur, Vertonghen peut se targuer d’avoir littéralement vécu tout ce qu’il y avait à vivre avec cette génération de Diables Rouges.
"Mon plus beau moment personnel est certainement mon but contre la Corée du Sud en poule de la Coupe du Monde 2014. Pour le plus légendaire, il faut aller quelques jours plus loin avec le match face aux États-Unis. C’est notre meilleure rencontre en tant qu’équipe."
"J'aurais refusé le maillot de Ronaldinho"
Jan Vertonghen a réalisé une première mi-temps de haute qualité lors de son premier match sous le maillot des Diables
Un 7 sur 10. Pour une première, Jan Vertonghen avait obtenu la distinction dans les colonnes de La DH du 3 juin 2007. Pas mal pour un gamin de 20 ans qui découvrait le stade Roi Baudouin et le public belge.
Pas attendu dans l’équipe, il a été titularisé d’entrée de jeu. "Je n’avais pourtant jamais été dans le groupe et je n’avais joué que deux fois avec les espoirs. C’était donc une surprise pour moi. Je n’étais pas stressé pour autant."
Une méthode qui a visiblement payé car le jeune joueur a directement été au top. Sa première mi-temps a été qualifiée d' "excellente" dans notre édition de l’époque.
"J’ai joué avec la même mentalité de guerrier qu’au RKC Waalwijk (NdlR : où il terminait son prêt d’une saison) . Que ce soit contre Leon Kantelberg du VVV Venlo ou Deco, cela m’est égal."
René Vanderyeken, sélectionneur à l’époque, était venu le féliciter après la rencontre. Il en a fait de même avec Tom De Mul et Marouane Fellaini (buteur du soir) qui soufflaient eux aussi leur première bougie chez les Diables.
Vertonghen avait fait preuve d’une énorme maturité pour un premier match face à des stars mondiales. "Je n’ai d’ailleurs pas demandé d’échanger mon maillot. Je garde toujours la vareuse de mon premier match. Si Ronaldinho m’avait proposé son maillot, j’aurais refusé."
La rencontre face au Portugal il y a 11 ans a mis fin à tout espoir d’aller à l’Euro 2008. Et pourtant, cela faisait longtemps que la Belgique ne s’était plus réjouie comme ça. "Vivement le Mondial (NdlR : finalement loupé)", disait-on.
Vertonghen confirmait : "Il faut faire usage des jeunes de la bonne manière car il y a un talent fou en Belgique."
Une phrase qui fait écho à ce qui se passe une décennie plus tard avec cette génération qui a pris le pouvoir en équipe nationale.
"Accepter de jouer sur le côté prouve toute sa classe"
Les Diables présents lors du premier match de Jan Vertonghen en équipe nationale témoignent
"Il n’est pas arrivé dans les meilleures circonstances." Gaëtan Englebert, équipier de Jan Vertonghen pour son premier match chez les Diables, grimace. Pour sa première rencontre chez les Diables, Jan Vertonghen a connu la défaite (1-2 face au Portugal) et une élimination de la course à l’Euro.
Les années qui ont suivi n’ont pas été simples à vivre pour l’ensemble des Diables, mais il s’est accroché. "Il fait partie de cette génération qui a connu la transition post-2002 qui a duré un certain temps."
Pour Englebert, c’est aussi ce qui fait la force des gars comme Vertonghen. "Il fait partie des piliers et s’est construit avec l’équipe. Il a grandi avec les autres gars."
Le calme
Dès son premier match, il transpirait la confiance (lire ci-contre). Jan Vertonghen avait des allures de leader avant l’âge. "Tu comprenais directement qu’il avait une tête bien faite, qu’il était très malin. Il avait 20 ans mais était déjà très mature. Sa politesse m’avait aussi frappé."
Gaëtan Englebert a également eu cette sensation d’un joueur très carré dans sa tête. "Il était déjà très sûr de lui. Cela se voit à la manière dont il joue le menton levé. Il avait déjà acquis une certaine expérience en club et on le ressentait. C’était sa première donc il était très sérieux et appliqué. Il l’est resté toute sa carrière."
Le talent
Vertonghen est considéré comme un numéro 6 moderne, un gars capable à la fois de couper une ligne de passe et de distribuer le jeu.
"Il avait cette patte gauche", se souvient Geraerts. "Ses passes étaient précises et ses frappes lourdes." Et Englebert d’ajouter : "Il sentait très bien le football."
La polyvalence
Une qualité de vision qui lui a permis de s’imposer dans l’axe de l’entrejeu puis de la défense mais aussi de s’affirmer sur le côté gauche sous Marc Wilmots quand aucune solution n’existait à ce poste.
"L’humilité est une qualité qui tient une place énorme dans la vie selon moi", explique Karel Geraerts. "Et Jan Vertonghen a toujours été extrêmement humble. Il l’a prouvé dès son arrivée chez les Diables et continue à le montrer au quotidien. Il est devenu une star du football et pourtant, c’est toujours le même gars."
Gaëtan Englebert souligne qu’il faut des gars comme ça dans un groupe. "On sentait tout de suite que c’était un joueur d’axe. Et que c’est là qu’il allait faire carrière. Le fait qu’il ait accepté de jouer aussi longtemps sur un côté prouve à quel point il est classe."
La marge de progression
Les photos ne laissent aucune place au doute. Si Jan Vertonghen a peu changé au niveau du visage, sa carrure s’est considérablement développée. "Il n’était pourtant pas mauvais dans les duels", coupe Karel Geraerts. "Mais clairement, il a pris de la masse depuis qu’il est en Premier League . Peu après son premier match, il s’est imposé à l’Ajax. Nous avions rapidement compris qu’il allait encore progresser."