L'humeur du web: Lance Armstrong, un dopé comme les autres
Une humeur signée Jean-Marc Ghéraille.
- Publié le 11-07-2019 à 09h17
- Mis à jour le 11-07-2019 à 09h19
Une humeur signée Jean-Marc Ghéraille.
Son nom a été rayé des tablettes du Tour de France. Ses sept victoires ont disparu, se sont évaporées et ont fait place à une ligne blanche. Celle que Lance Armstrong a franchie. Pourtant, plusieurs « repentis » et/ou chopés pour dopage sont eux toujours au palmarès, paradent sur les plateaux tv ou ont été embauchés par des équipes. Mais l’Américain, qui n’a jamais été contrôlé positif durant sa carrière mais qui a tout avoué lors du célèbre talk d’Oprah Winfrey en janvier 2013, est toujours considéré comme un criminel de guerre et reste suspendu à vie.
Cela ne l’empêche pas de commenter le Tour de France pour un site internet américain (le nom de l’émission « The Move ») ni de faire figurer sur son compte twitter (plus de 3 millions de followers) la mention 7 MJ’s autrement dit 7 Maillots Jaunes. Parce qu’il estime les avoir gagné. Totalement absent des festivités à Bruxelles des 50 ans de la première victoire d’Eddy Merckx alors qu’il entretenait de bons rapports avec le Cannibale mais aussi sa famille (il a encore récemment aidé Axel dans sa quête d’un chirurgien américain de renom), il s’est rappelé au bon (ou mauvais c’est selon) souvenir du Tour en accordant une interview à la chaîne NBC. Un entretien à son image : cash.
Après avoir menti durant toute sa carrière, celui qui, à 47 ans, conserve une forme physique olympique, ne justifie rien mais explique. Sans éclabousser des personnes mais plutôt en resituant le contexte de l’époque.
« Quand je suis arrivé en Europe dans les années 90, l’EPO régnait en maître, dit-il. Si nous, petits Américains voulions rivaliser avec les surpuissants Européens, nous devions utiliser les mêmes armes. Je ne suis pas fier mais nous l’avons fait. Je ne veux pas dire « j’ai fait comme tout le monde » car je ne veux pas chercher d’excuses. Personne n’est obligé de se doper ».
Après avoir redonné l’espoir à un cyclisme meurtri par l’affaire Festina en 1998 et après avoir vaincu un virulent cancer des testicules, Lance Armstrong a focalisé autour de sa personne et de son omnipotence toutes les rancoeurs, toutes les attaques, toute la rage jusqu’à celle d’un public français chauffé à blanc et chauvin.
« Nous avions la meilleure équipe (US Postal puis Discovery Channel), le meilleur directeur sportif (Johan Bruyneel) et toute l’équipe bossait très dur même durant l’hiver, continue-t-il dans son entretien. Nous n’avions pas accès à des produits et méthodes différentes des autres. Si personne ne s’était dopé, je pense que j’aurais aussi gagné plusieurs Tours de France mais je ne pense pas que j’étais le seul à me doper. »
Tout est dit. Ou presque. Aujourd’hui, huit années après son (deuxième) retrait de la compétition, des voix comment à s’éléver. Timidement mais c’est un début. Peut-être pas pour réhabiliter Lance Armstrong mais pour le pardonner et ne pas le muer en pestiféré éternel. Le vélo a l’art de recycler ses brebis même galeuses, même égarées.