Alejandro Valverde se confie: "Le titre mondial c’est géant mais je digère petit à petit"
L’Espagnol ruisselle de bonheur après son titre au championnat du monde.
- Publié le 09-11-2018 à 17h24
- Mis à jour le 10-11-2018 à 08h09
L’Espagnol ruisselle de bonheur après son titre au championnat du monde. Valverde est un coureur clivant. Adulé par les uns pour sa longévité et son incroyable carrière, critiqué par les autres pour son passé trouble avec le dopage, c’est dans ce contexte que s’est épanoui l’Espagnol depuis plusieurs saisons. Il a empilé les succès sur les classiques et courses en tous genres avant de finalement accrocher à son palmarès le championnat du monde autour duquel il avait tourné durant tant d’années. Une fois la ligne franchie à Innsbruck, il a littéralement explosé de joie. Nous avons rencontré au Japon celui qui va rouler les douze prochains mois flanqué du maillot arc-en-ciel.
Alejandro, un mois plus tard, avez-vous digéré votre titre de champion du monde ?
"Je suis super heureux. Après avoir décroché ce Mondial, j’ai ressenti un bonheur absolu. C’est difficile à assimiler, parce qu’au final c’est géant. Mais je digère petit à petit. Je participe à beaucoup d’événements mais je suis évidemment super content et très satisfait."
Comment se sent-on avec le maillot de champion du monde sur les épaules ?
"Grand. Je suis enthousiaste de le porter pendant toute l’année qui vient. Où que j’aille, quelle que soit la course, c’est un bonheur et je veux en profiter. À l’entraînement aussi : à chaque fois que le mets, c’est un sentiment de fierté. "
À 38 ans, quel est le secret de votre réussite ?
"Au final, c’est un peu la passion, le travail que j’accomplis et le fait de me faire plaisir avec ce que je fais. Évidemment, il faut des prédispositions physiques. Sinon, tu peux t’entraîner et te faire plaisir autant que tu veux, ça ne donnera rien. Mais, pour moi, m’entraîner n’est pas un sacrifice. Je n’ai pas besoin de beaucoup d’entraînement pour être dans une bonne forme, et c’est ce qui me permet de garder l’étincelle, de continuer à avoir de l’envie et des illusions."
Vous voulez vous lancer sur le Tour des Flandres, c’est le dernier grand défi de votre carrière ?
"C’est un très beau défi. C’est une très belle course à laquelle j’ai voulu participer plusieurs fois mais pour différentes raisons ça ne s’est pas fait. Cette année, avec ce maillot de champion du monde, ce serait vraiment sympa pour moi et pour les fans qui viennent sur le Tour des Flandres. C’est une belle course et je veux qu’ils profitent."
Comment faire pour que cette année vous soyez au départ ?
"Je vais ajuster mon calendrier pour pouvoir y être."
C’est une course différente de celles où on a l’habitude de vous voir briller. Comment l’imaginez-vous ?
"C’est une course qu’il faut connaître, c’est sûr. Que je sois au départ ne veut pas dire que je vais gagner. C’est très difficile d’y obtenir la victoire. Il y a des coureurs qui ont beaucoup d’expérience, qui sont très forts sur ce type de courses. Je veux faire de mon mieux, sans la pression de la victoire."
En 2018, Vincenzo Nibali s’y est essayé…
"C’est un coureur très complet, qui aime ce genre de courses et je ne suis pas surpris par ce qu’il y a fait. Je savais qu’il serait bon. C’est une inspiration."
"Je ressens l’affection du public"
Le Murcian ne souhaite pas revenir sur son passé trouble avec le dopage.
Impossible d’évoquer la carrière de Valverde sans faire mention de son rapport avec le dopage de par le passé. Pour ses liens avérés avec l’opération Puerto, il avait été suspendu deux ans par le Tas en 2010. Revenu plus fort que jamais, sa réussite en a étonné plus d’un, dans le bon comme dans le mauvais sens.
"Je ressens surtout l’affection du public en général", affirme le coureur de la Movistar. " Lorsque je suis à l’étranger, hors d’Europe, je me sens comme un ambassadeur du cyclisme et particulièrement du cyclisme espagnol. Le cyclisme est un sport sain, de qualité, qui peut s’ouvrir à tout le monde et dont les champions doivent être accessibles."
S’il a été acclamé copieusement par le public japonais, sa non-pratique de l’anglais lui ferme de temps en temps quelques portes pour se faire comprendre du grand public. "Le maillot arc-en-ciel distingue le meilleur coureur du monde. Il faut bien se comporter, faire des sacrifices qui n’étaient pas forcément présents avant. Je participe à plus d’événements de représentation et je m’en réjouis. Même si je préfère pédaler !"
Valverde préfère retenir les gens qui se sont réjouis de son titre. " C’est quelque chose dont je suis fier et qui m’apporte beaucoup de bonheur, de voir que presque tout le monde était heureux de me voir décrocher ce titre", avance-t-il avant de parler des plus sceptiques à son propos. "Ça ne me préoccupe plus. Aujourd’hui il ne faut plus parler de ça. Ne m’interrogez pas là-dessus, je ne vais pas répondre", conclut-il.
"Je n’étais pas à mon meilleur"
Il faut au moins reconnaître un mérite à Valverde, celui d’aimer son sport et de le vivre à 100 %. Après sa chute à Düsseldorf lors du prologue du Tour de France 2017, il s’était occasionné une double fracture (rotule et astragale). Une longue rééducation avait été nécessaire. En 2018, le vétéran est revenu plus fort que jamais. Il a remporté 14 victoires et a ponctué une des plus belles saisons de sa carrière de la plus belle des manières. Malgré tout, il n’a pas réussi à ramener une nouvelle classique wallonne à son palmarès. "Après ma blessure, j’étais au repos en août", glisse-t-il. "Et ensuite j’ai commencé à m’entraîner durement à la mi-septembre jusqu’à la fin avril. Au moment des classiques ardennaises, j’étais déjà un peu diminué car j’avais déjà connu un premier pic de forme. Malgré ça, j’ai fait 5e sur l’Amstel, 2e à la Flèche, et à Liège j’étais dans le coup jusqu’au bout (NdlR : il a fini 13e) . Je n’étais pas à mon meilleur, mais j’étais bien."
Il comptabilise maintenant 122 victoires officielles chez les pros, ce qui fait de lui l’un des plus grands coureurs de l’histoire du cyclisme. "Au final, je me considère comme un coureur avec un grand palmarès et, avec en plus le Mondial, c’est bien."