Serge Crevecœur n'est plus coach de Pau: "Je ne considère pas ça comme un échec"
- Publié le 03-02-2018 à 08h07
- Mis à jour le 03-02-2018 à 13h48
Nous avions rencontré Serge Crevecœur quelques jours avant son éviction à Pau. Nous étions loin de penser, même si nous savions que le risque existait, que Serge Crevecœur ne serait plus coach à Pau au moment d’écrire ces lignes. Nous étions partis à la rencontre du coach bruxellois au sein de son nouvel environnement, dans le Sud-Ouest de la France, le week-end dernier qui restera son dernier en tant qu’entraîneur principal de l’Élan Bearnais.
Pour être honnête, on avait déjà senti le malaise bien présent suite aux pauvres résultats sportifs, mais l’homme de 46 ans était aussi apparu touché moralement. La défaite face à Antibes, à laquelle nous avons assisté, a été celle de trop. À la fois pour la direction du club, mais aussi pour Serge Crevecœur, décidé à se débarrasser du poids trop lourd qu’engendrait sa position. Nous vous livrons ici le contenu de la dernière interview qu’il nous a accordée la semaine dernière, quelques heures avant que tout bascule. "Quoi qu’il arrive, je ne regretterai pas mon choix de carrière", nous avait-il confié. "J’ai beaucoup appris de cette expérience à l’étranger. Je ne considère pas ça comme un échec."
Sa mentalité de compétiteur, confrontée à la dure réalité des résultats et à la pression grandissante, en a pris un coup. "La pression médiatique est plus forte qu’en Belgique. On la ressent. Mais je n’ai jamais été touché par les critiques. Même à Bruxelles, dans les meilleurs moments, j’ai dû essuyer des critiques. Certaines personnes trouvent toujours des trucs à dire. Ici, les gens ont été habitués à tout gagner par le passé. Mais la marge budgétaire actuelle du club est bien plus restreinte (NdlR : la saison passée s’est soldée par une perte financière pour Pau). La situation est très complexe. En début de saison nous aurions aimé garder Khalid Boukichou, qui est venu dépanner en tant que joker médical, mais les caisses ne le permettent pas. Les résultats ne sont agréables pour personne mais il faut bien se rendre compte du contexte difficile. On a montré par moments que nous pouvions développer du très bon basket mais il nous manquait la régularité. On a sans doute évolué au-dessus de notre niveau moyen en début de saison (NdlR : 5 victoires lors des 7 premiers matchs). Cela ne me dérange pas de travailler avec un petit budget mais il y a alors besoin de temps derrière."
Alors qu’il avait signé un contrat de 2 ans avec le club de Pau-Lacq-Orthez, Serge Crevecœur espérait avoir l’occasion de travailler à plus long terme dans le nord des Pyrénées. "L’avenir du club doit passer par un nouveau projet structurel. Le Palais des Sports est mythique mais il a aussi besoin d’être modernisé avec l’installation de loges, notamment. C’est comme cela que le club accrochera le bon wagon en France…"
"J’aimerais continuer à coacher"
L’avenir de Serge Crevecœur sera-t-il en Belgique ou ailleurs ?
Voilà donc que Serge Crevecœur, adulé en Belgique il y a encore quelques mois après avoir emmené le Brussels en finale des playoffs, sans emploi. À plein temps en tout cas, puisqu’il reste deuxième assistant-coach d’Eddy Casteels en équipe nationale. "J’espère avoir la chance de continuer à travailler dans l’encadrement de l’équipe nationale", affirme-t-il. "C’est une bonne expérience pour moi. On verra ce qu’il se passera au mois de juin. Mais je me plais au contact des Belgian Lions." Il sera donc de retour sur le petit banc dès la prochaine échéance des Lions, à la fin du mois en Bosnie.
Pour son avenir en club, le technicien bruxellois ne ferme pas de porte. "Ma cote sur le marché a sans doute baissé ces derniers mois. J’aimerais bien sûr continuer à coacher. Mais on verra où ? Cela peut être à l’étranger ou en Belgique. Il y a des choses intéressantes à faire en Belgique. Le niveau n’est pas si mauvais qu’on veut le faire croire. Je n’ai pas suivi les matchs de très près cette saison mais je sais qu’il y a du potentiel. J’ai déjà fait pas mal de choses dans le basket et j’aimerais poursuivre sur cette voie. J’ai encore envie d’évoluer dans ce métier et il se peut que je voyage en Espagne pour rencontrer des coachs et me perfectionner. J’ai pu aller une semaine à Valence en décembre et j’ai aussi des contacts au Real Madrid. Si ce n’est pas possible, tant pis, je ferai alors autre chose…"
Pour un retour en Belgique, tout dépendra évidemment des places qui se libéreront, et il n’y en a pas beaucoup…
“La France a 10 ans d’avance”
Premier coach belge expatrié en France, Serge Crevecœur a pu noter de l’intérieur la différence qu’il existe entre les compétitions belges et françaises. “La France a 10 ans d’avance sur nous. La formation est beaucoup plus développée et le niveau de la compétition est bien supérieur. Des équipes comme Monaco, Strasbourg, Limoges, l’Asvel et même Le Portel font d’excellents résultats en Coupe d’Europe. C’est pas le même monde.”
Il a aussi pu s’en rendre compte par rapport à l’assistance dans les salles. “Les tribunes sont toujours bien fournies et les salles sont incroyables. C’est un petit spectacle de venir voir un match en France. Le marketing réalisé autour du basket-ball est beaucoup plus développé également. La France est certainement un exemple à suivre, même si les moyens sont bien plus importants. Les droits TV sont déjà énormes et vont encore augmenter dans les prochaines années…”