La course aux activités extrascolaires est lancée : elles sont “essentielles”, mais attention au surmenage des enfants !
Les inscriptions aux activités extrascolaires débutent. Elles sont importantes pour les enfants, attention à ne pas en abuser.
- Publié le 13-08-2019 à 06h48
- Mis à jour le 27-08-2019 à 15h05
Les inscriptions aux activités extrascolaires débutent. Elles sont importantes pour les enfants, attention à ne pas en abuser. À la mi-août, certains parents réfléchissent aux activités extrascolaires de leurs enfants, celles qu’ils vont pratiquer tout au long de l’année. Du sport ? De l’artistique ? De la logique ? Le choix est vaste.
Une chose est sûre, la pratique d’une activité est essentielle pour les enfants. "Elles participent à leur bien-être. À travers elles, ils en apprennent davantage sur eux", glisse Stéphanie de Schaetzen, logopède, spécialisée dans la prise en charge des troubles d’apprentissage et du comportement.
Pratiquer des activités, oui, mais dans la limite du raisonnable. "Cinq activités, c’est beaucoup trop. Aussi, il ne faut pas que les enfants pratiquent une activité tous les jours. La moyenne idéale est trois fois par semaine, grand maximum." La spécialiste insiste également sur la durée des activités. "Pour les activités musicales, il peut y avoir deux heures de solfège et une heure de pratique de l’instrument. L’enfant peut par exemple se contenter de ce loisir extrascolaire. Même s’il ne pratique qu’une seule activité, cette dernière dure trois heures. C’est déjà très bien pour un enfant."
Car LES ENFANTS doivent en effet garder du temps libre. "Le temps de repos est important pour les enfants. C’est même un droit ! insiste Maxime Michiels, chargé d’études à La Ligue des Familles. Le mot peut effrayer, rebuter certains parents, mais les enfants doivent s’ennuyer. "Oui, il faut que les enfants s’ennuient. Il faut qu’ils s’accordent ces moments où ils ne font absolument rien. S’amuser avec quelque chose entre les mains un crayon, une feuille, ou rester dehors à regarder ce qu’il se passe sous leurs yeux. Ils ont alors des instants de liberté complète et totale." À travers ces moments suspendus, l’imagination et la créativité des enfants se développent. "Si on leur en demande trop, il n’y aura plus assez de créativité. Or les enfants en ont besoin."
Dans une étude menée par La Ligue des Familles en 2017, le critère numéro un des parents dans le choix des activités est l’amusement. La recherche de compétences arrive en seconde position. "Ils veulent que leurs enfants passent du bon temps pendant leur activité extrascolaire. Certains vont aborder l’amusement sous l’angle de la détente, le relâchement, d’autres sous l’angle de la performance", souligne Maxime Michiels.
Mais pour certains parents, les activités extrascolaires se transforment en course à la perfection. "Aujourd’hui, il y a moins d’enfants par famille. Les parents peuvent alors mettre une énorme pression sur les épaules de leur enfant. Ils n’ont pas envie qu’ils soient ‘loupés’ si on peut dire les choses ainsi. Ils veulent le meilleur pour eux et qu’ils soient les meilleurs. Il faut qu’ils apprennent tout le temps. On les inscrit alors dans de nombreuses activités pour qu’il n’y ait pas de manquements. Comme s’ils avaient peur que leur enfant passe à côté de quelque chose et ne réussisse pas."
C’est là que le risque de surmenage arrive. D’où la nécessité pour l’enfant d’avoir ces moments d’ennui et de repos. " Les enfants sont déjà assez fatigués. Si en plus, on leur inflige une pression supplémentaire dans les activités extrascolaires, ce n’est pas bon pour eux."
“Les activités ne doivent pas être thérapeutiques”
Pour Stéphanie de Schaetzen, une activité est bénéfique pour l’enfant quand elle lui plaît. “Il est plus performant. Il gagne en estime de soi. Il se sent à sa place, il a envie de se dépasser. Il peut aussi découvrir des facettes de sa personnalité.”
Pour la spécialiste, il est important de varier les activités. Elles peuvent être en intérieur ou en extérieur, artistiques ou sportives. Les premières aident à développer la créativité et l’imagination. Les secondes sont essentielles pour le bien-être physique des enfants. “
Le sport leur permet de se défouler, de mieux se sentir dans leur corps. Comme les adultes, les enfants ont besoin de décompresser. Ils peuvent avoir des journées très intenses et fatigantes.”Il ne faut pas tomber dans le schéma, je vais mettre mon enfant dans tel sport parce qu’il manque d’attention ou de concentration, cela l’aidera à dépasser ses craintes ou ses blocages. Ce n’est pas productif pour lui. Un parent ne doit pas contraindre sa fille ou son fils. L’activité est le choix de l’enfant, c’est lui va la pratiquer tout au long de l’année.”
Stéphanie de Schaetzen conseille de pratiquer l’activité le mercredi après-midi. “Les enfants sont plus en forme. Ils ne sortent pas d’une longue journée de travail à l’école.”
Attention aux résultats scolaires !
Trop d’activités extrascolaires tuent l’activité extrascolaire… et l’attention des enfants.
Un enfant qui pratique en même temps du dessin, du basket et du piano ne sera pas plus performant pour autant à l’école. Au contraire, il risque de s’épuiser. Pourquoi ? “Parce que le cerveau a besoin d’être au repos, explique Stéphanie de Schaetzen, il ne peut pas travailler non-stop. Ce n’est pas possible. Cela est mauvais pour l’enfant. Il en ressortira encore plus fatigué.”
Comme l’indique la spécialiste, nos enfants sont aujourd’hui épuisés. “Ils ont des journées de dingues ! Il y a déjà la pression de l’école où ils doivent être bons et concentrés. Ils passent leurs journées assis, à étudier. Une fois rentrés à la maison, ils se plongent dans leurs devoirs. Si en plus, on leur rajoute par-dessus, une foule d’activité, ce n’est pas tenable ! Car le but d’une activité extrascolaire est d’épanouir l’enfant et non pas de le fatiguer.