Tollé après l'adoption de la loi britannique visant à expulser des migrants au Rwanda
Les appels internationaux se multiplient mardi pour exhorter le Royaume-Uni à renoncer à expulser des demandeurs d'asile vers le Rwanda, après l'adoption par le Parlement britannique de cette loi qualifiée d'"historique" par le Premier ministre Rishi Sunak.
- Publié le 23-04-2024 à 12h33
- Mis à jour le 24-04-2024 à 09h25
Après des mois de bataille, le Parlement britannique a approuvé dans la nuit de lundi à mardi ce projet de loi permettant l'expulsion des demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni, qui doit désormais recueillir le sceau royal - une formalité - avant d'entrer en vigueur.
Le gouvernement espère débuter les expulsions "d'ici 10 à 12 semaines".
"L'adoption de cette législation historique ne constitue pas seulement un pas en avant mais également un changement fondamental dans l'équation mondiale de la migration", a salué au petit matin Rishi Sunak dans un communiqué.
Elle "établit clairement que si vous venez ici (au Royaume-Uni) illégalement, vous ne pourrez pas rester", a-t-il ajouté.
"Le Royaume-Uni a déclaré le Rwanda pays tiers sûr, autorisant l'expulsion des demandeurs d'asile. Il s'agit d'une loi historique dans la lutte contre l'immigration clandestine", a déclaré le Premier ministre conservateur.
"Il s'agit maintenant de faire décoller les vols d'expulsion vers le Rwanda. Je suis convaincu que rien ne nous empêchera de le faire et de sauver des vies", a-t-il affirmé.
Selon M. Sunak, la loi dissuadera les personnes vulnérables d'entreprendre la dangereuse traversée de la Manche à bord d'embarcations de fortune et de détruire le modèle économique des passeurs.
Dans la foulée, l'ONU, déjà très critique sur ce projet, a demandé à Londres de "reconsidérer son plan".
Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Volker Türk, et son homologue en charge des réfugiés, Filippo Grandi, ont appelé le gouvernement "à prendre plutôt des mesures pratiques pour lutter contre les flux irréguliers de réfugiés et de migrants, sur la base de la coopération internationale et du respect du droit international des droits de l'homme".
Le commissaire du Conseil de l'Europe pour les droits de l'homme, Michael O'Flaherty, a qualifié de son côté cette loi d'"atteinte à l'indépendance de la justice".
Le Conseil de l'Europe qui réunit 46 membres, dont le Royaume-Uni, est dépositaire de la convention européenne des droits de l'homme. Cette dernière avait stoppé in extremis en juin 2022 un premier vol prévu vers le Rwanda.
De son côté, Kigali s'est dit "satisfait" par l'adoption du texte, la porte-parole du gouvernement Yolande Makolo ajoutant que les autorités étaient "impatientes d'accueillir les personnes relocalisées au Rwanda".
Le gouvernement conservateur britannique, à la peine dans les sondages à quelques mois des élections législatives, a fait de la lutte contre l'immigration illégale une priorité, et a promis de "stopper les bateaux" de migrants qui traversent clandestinement la Manche pour arriver dans le pays.
Après avoir atteint un record en 2022 (45.000), puis baissé en 2023 (près de 30.000), le nombre de personnes ayant traversé clandestinement la Manche à bord de canots de fortune a augmenté de plus de 20% depuis le début de l'année par rapport à la même période de l'an dernier.