Election en Russie: "Ils ont pété un plomb. Il est évident que quelque chose ne va pas"
Pour Nina Bachkatov (ULiège), Vladimir Poutine a certes été réélu, mais la grogne observée aux quatre coins du pays ne doit pas être minimisée.
- Publié le 19-03-2024 à 12h01
Le suspense n’était pas grand. Il était même inexistant. Vladimir Poutine a été réélu ce dimanche 17 avril à la tête de la Russie avec 87,28 % des suffrages. Un score qui en dit long sur la nature de cette élection, que les observateurs n’ont pas hésité à qualifier de farce. “Cette victoire est le signe que Poutine ne vit pas dans le même monde que nous. Quand j’ai vu les résultats, je me suis directement dit qu’ils pétaient un plomb”, a relaté Nina Bachkatov (ULiège), dans l’émission Premiers sur l’info sur LN24. “Même si on s'attendait à une exagération des chiffres, il est évident que quelque chose ne va pas.”
Vladimir Poutine et sa démarche “ridicule”
Pour la spécialiste de la Russie, Poutine se moque des gens, y compris des Russes. “Tout le monde se rend compte que ce n’est pas possible qu’il ait obtenu un tel résultat”, a-t-elle poursuivi. “C’est assez étonnant la manière dont son clan est enfermé dans sa propre logique et n’est même plus capable de percevoir que sa vision peut être un objet de ridicule.”
L’équipe de l’opposant Alexeï Navalny, qui est récemment décédé dans les geôles russes, n’a pas tardé à réagir à ces “pourcentages inventés pour Poutine”. “Ça n’a aucun lien avec la réalité”, a écrit sur X Léonid Volkov, ex-bras droit en exil de Navalny. Pourtant, quelques minutes après cette nouvelle attaque envers le Kremlin, le président russe a cité le nom de l’opposant décédé dans son discours, qualifiant son décès d’extrêmement triste. “C’est très inélégant”, a commenté Nina Bachkatov sur LN24. Mais pas surprenant. “Il avait déjà fait pareil après le décès de la journaliste Anna Politkovskaïa (assassinée en 2006 à Moscou, ndlr.). Mais il a été encore plus loin dans la compassion.”
Un mouvement de contestation qui n’est pas passé inaperçu
D’ailleurs, quelques actions ont eu lieu pendant le scrutin suite à l’appel de la veuve de Navalny, qui avait incité les Russes à tous se réunir à midi le dimanche 17 mars pour venir voter. Et bien sûr à ne pas mettre le nom de Vladimir Poutine dans l’urne. Si cette action n’a pas eu d’impact sur l’issue du scrutin, elle a tout de même engendré de nombreux mouvements de protestation.
Des queues interminables se sont formées dans toute la Russie, démontrant que – contrairement à ce qu’affirme le président – tous les Russes ne le soutiennent pas. “Les gens dans ces files répétaient souvent la même chose : ils ne se sentaient plus seuls”, a conclu la spécialiste de la Russie à l’ULiège, voulant se montrer optimiste. “Quand on entend ce qui se disait le jour du scrutin, il n’y a qu’une leçon à tirer de cette élection, quel que soit le résultat.”