Se prendre en selfie devant le cercueil de Jacques Chirac, un geste qui écoeure la toile
À l'occasion de l'hommage populaire réservé à Jacques Chirac, décédé le 26 septembre dernier, plusieurs milliers d'individus ont foulé l'Hôtel des Invalides, à Paris. Si beaucoup de visiteurs se sont comportés avec respect, certains n'ont pas hésiter à frôler l'indécence, en dégainant smartphones et appareils photos, afin d'arracher un selfie ou une pose devant le cercueil de Jacques Chirac. Égo démesuré, narcissisme, ou insouciance? Le débat est ouvert.
- Publié le 30-09-2019 à 11h22
- Mis à jour le 30-09-2019 à 20h08
À l'occasion de l'hommage populaire réservé à Jacques Chirac, décédé le 26 septembre dernier, plusieurs milliers d'individus ont foulé l'Hôtel des Invalides, à Paris. Si beaucoup de visiteurs se sont comportés avec respect, certains n'ont pas hésiter à frôler l'indécence, en dégainant smartphones et appareils photos, afin d'arracher un selfie ou une pose devant le cercueil de Jacques Chirac. Égo démesuré, fascination vis-à-vis de la mort, ou simple insouciance? Le débat est ouvert."Hey, au fait, j'ai pris une photo avec le cercueil d'un mort", se moque un internaute sur Twitter, en référence à un selfie pris lors de l'hommage national à Jacques Chirac. "Ferait-il ça avec un proche? À vomir", s'indigne une jeune femme sur le réseau social à l'oiseau bleu.
Un minorité d'indélicats, épinglés sur les médias sociaux, qui en rappellent d'autres. Il s'agit en effet d'une nouvelle mode, qui frappe la plupart des lieux de mémoire depuis quelques années, à l'image du musée d'Auschwitz ou de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Une attitude qui dérange autant qu'elle s'imisce de plus en plus insidieusement dans la société.
Il y a plusieurs mois, la direction du Musée d'Auschwitz-Birkenau avait d'ailleurs du rappeler à l'ordre les visiteurs irrespectueux. En mars dernier, elle écrivait: "Quand vous venez visiter le musée d'Auschwitz, rappelez-vous que vous vous tenez à l'endroit où un million de personnes ont perdu la vie. Respectez leur mémoire. Il y a d'autres endroits pour apprendre à faire de l'équilibrisme sur les rails de trains."
Autre lieu, même phénomène. À Tchernobyl, lieu de la catastrophe nucléaire de 1986, des hordes de touristes nouvelle génération s'y déplacent dans l'unique optique de "prendre des selfies". Récemment, l'immense popularité de la mini-série de HBO, Chernobyl, a provoqué une nette hausse du tourisme à Pripiat, ville-fantôme située dans la zone d'exclusion de la catastrophe, et autour de la centrale. En marge de ce dark tourism, ou tourisme noir, certains visiteurs ont trouvé opportun de se photographier hilare ou habillé de façon sexy sur ce lieu qui a coûté la vie à des milliers de personnes, selon les rapports officieux.
Même si l'intention de nuire n'est pas toujours présente dans l'esprit de ces nouveaux touristes, ce genre de manières a fortement déplu à Craig Mazin, le créateur de la série américaine: "Si vous visitez (Tchernobyl), souvenez-vous s'il vous plaît qu'une terrible tragédie a eu lieu ici. Comportez-vous avec respect pour tous ceux qui ont souffert et se sont sacrifiés."