Ludivine de Magnanville fusille l’attitude du PS à l’égard de l’horeca: "C’est du pur électoralisme qui me fait gerber"
Pendant des années, les socialistes ont refusé d’écouter le secteur de la restauration, accuse l’ancienne présidente de la Fédération Horeca Bruxelles.
- Publié le 18-04-2024 à 17h05
Ludivine de Magnanville est en colère. C’est avec stupeur que l’ancienne présidente de la Fédération horeca Bruxelles a découvert, en lisant la DH, que le PS prévoyait un plan pour sauver l’horeca. “Pendant trois ans, mon job a été de négocier avec le monde politique. Et ce que j’entends aujourd’hui dans la bouche du PS, c’est de l’électoralisme qui me fait gerber.”
”Tout ce qu’on a proposé pendant deux ans et demi, à chaque conclave budgétaire, à chaque urgence pointé par le secteur, chaque sonnette d’alarme qu’on a tiré, n’a jamais été entendu. Et, là, à deux mois des élections, on se rend compte que l’horeca et les entrepreneurs valent quelque chose et sont dignes d’intérêt. C’est scandaleux”, ajoute celle qui est également candidate DéFI à la Région bruxelloise.
"Il fallait s'y prendre avant"
Ludivine de Magnanville, qui porte également la double casquette de cheffe d’entreprise, voit de l’hypocrisie dans le chef du parti socialiste. Il y a quelques semaines, le président du PS, Paul Magnette, a déclaré que les salariés ne devaient pas se tromper d’adversaire et que s’ils souffraient, c’était à cause des patrons. Quelques jours plus tard, il affirme que l’horeca, qui concentre une part énorme de petits patrons, doit être sauvé. “On assiste à un électoralisme pur qui est honteux, comme si le PS avait pris conscience que les patrons et le monde de l’horeca pouvaient voter. Mais il fallait s’y prendre avant.”
La candidate amarante affirme avoir rencontré le patron du PS bruxellois, Ahmed Laaouej, en décembre, mais que “rien n’est sorti de cette réunion.” Plus dur encore, la question des flexi-jobs. Fin février, les fédérations régionales de l’horeca ont saisi la Cour constitutionnelle contre trois mesures restrictives de la nouvelle législation sur les flexi-jobs. Aujourd’hui, les socialistes se disent prêts à revoir le système, “mais l’augmentation des charges sur les flexi-jobs, c’est à cause des socialistes.”
Taxe sur les pourboires
”On était arrivé il y a deux ans avec une proposition de ne pas taxer les pourboires. Tout le monde était d’accord mais elle n’a jamais été mise en application. [Le ministre socialiste fédéral de l’Économie] Pierre-Yves Dermagne avait répondu que ce n’était pas de sa compétence mais de Vincent Van Peteghem [ministre CD&V des Finances].”
Ludivine de Magnanville est également en colère contre la proposition “dénuée de fond” de valoriser les bas-salaires. “Est-ce qu’ils savent combien coûtent un plongeur ? La réalité, c’est que quand tu cherches à valoriser le fait qu’un employé augmente en compétences, au final, l’augmentation en brut ne donnera que très peu de nets en plus.”
Elle termine sur ces mots : “Ils sont complètement déconnectés. Ils ont uniquement vu que le PS est en train de perdre des voix au niveau des entrepreneurs et ils essaient de les récupérer. Mais ce n’est que de la 'com'.”