Militaires dans les rues : un soldat n'est pas un policier
L'Edito d'Alexis Carantonis
- Publié le 03-04-2024 à 08h53
La posture était téléphonée. Et le coup de fil a sonné tôt : les tweets des poids lourds du MR ont fusé, après l’annonce, par La DH, de l’envoi de militaires belges aux Jeux Olympiques de Paris, confirmée par la ministre Ludivine Dedonder (PS). Ils n’ont pas traîné à souligner l’incohérence, à leurs yeux, de la patronne de la Défense, prompte à mettre des soldats belges dans les rues de Paris mais pas dans celles de Bruxelles, ensanglantées par le narcotrafic.
Sauf que : la Belgique va mettre à disposition de Paris quelques spécialistes du déminage, pour encadrer la sécurité d’un événement mondial, à 330 km d’ici. Ils ne vont pas forcément patrouiller dans les rues de la ville lumière. Ce que les libéraux souhaitent, c’est l’armée, en masse, dans les rues de nos grandes villes, comme force de dissuasion face au contexte de fusillades et de menace terroriste croissante.
La proposition a, jusqu’ici, été froidement accueillie. Le CNS l’a balayée. L’armée n’est pas preneuse. Parce qu’un soldat n’est, à la vérité, pas un policier. Il n'a pas les mêmes missions, pas les mêmes attributions. Le MR dit que ce n’était pas davantage le cas en 2016 lors de Vigilant Guardian, où les soldats ont patrouillé dans nos rues, en plein contexte de terreur islamiste. Mais justement : ce fut un moment exceptionnel. Nos militaires n’ont-ils pas raison de dire que leur rôle, dans un régime non-exceptionnel, n’est pas de jouer aux shérifs de la ville ? A dire vrai, leur position n'est pas corporatiste. Mais pleine de bon sens.