Neutralité de l’État : DéFI et PS sont les partis qui balisent le plus la religion dans leur programme respectif
Le parti amarante consacre 10 pages à la neutralité de l’État. Les socialistes dédient 8 pages à la laïcité. Ecolo, quelques paragraphes.
- Publié le 23-04-2024 à 15h12
La question religieuse est encore fort présente dans les programmes des partis politiques belges. Chacun à sa manière en parle, soit pour définir le cadre dans lequel elle peut se déployer, soit pour circonscrire les limites entre l’État et la religion. Les partis qui en parlent le plus sont DéFI, suivi du PS puis du MR. Les partis qui en parlent le moins sont le PTB et Écolo. Les Engagés sont à mi-chemin entre les deux.
Défi – 10 pages
Sans surprise, Défi est le parti qui consacre le plus de pages à réclamer que la religion reste dans la sphère privée et qu’elle n’interfère pas dans les activités publiques du quotidien. Le parti amarante demande d’inscrire le principe de la laïcité politique dans la Constitution, de consacrer le principe de neutralité des services publics et de porter à deux heures le cours obligatoire d’Éducation à la Philosophie et la Citoyenneté. Enfin, il demande que le financement des cultes se fasse de manière plus juste.
PS – 8 pages
Les socialistes, à la différence de ce que les accusations portées à leur encontre pourraient laisser croire, accordent beaucoup d’importance à la laïcité. C’est d’ailleurs le seul parti à employer ce terme et à y dédier un chapitre entier. Le premier point de ce volet consiste à inscrire la laïcité dans la constitution.
Le PS veut supprimer tout signe convictionnel traduisant une conception religieuse sur les murs des bâtiments publics. Leur programme ne mentionne toutefois pas le voile, le foulard ou l’abattage rituel. Les églises et les mosquées ne sont mentionnées pour que pour demander un financement des lieux de cultes plus égalitaires. Au niveau européen, il demande à abolir le délit de blasphème qu’il considère comme archaïque.
MR – 3 pages et des lignes
La question de la religion est disséminée à plusieurs endroits du programme des libéraux. Dans l’axe Société, le MR consacre deux pages et demie à la neutralité de l’état dans lesquelles il réaffirme sa volonté d’inscrire la neutralité dans la constitution, celle d’interdire les signes convictionnels dans la fonction publique et celle de “préserver symboliquement la sphère de l’école de l’intrusion du religieux”.
Toujours dans le cadre de l’école, mais au chapitre enseignement, le MR rappelle qu’il s’oppose à la suppression des cours de religion. Enfin, il touche au religieux mais sans le nommer lorsqu’il insiste pour interdire l’abattage sans étourdissement “à Bruxelles”.
PTB – Un peu plus de 2 pages
Dans la partie Égalité des chances de son programme, le PTB demande, au nom de la lutte contre la discrimination, d’interdire les interdictions de porter une jupe ou un foulard.
Au chapitre “Antiracisme”, les communistes se prononcent contre l’interdiction du port du voile dans les entreprises privées, les services publics et les établissements scolaires. Pour favoriser la coexistence entre les communautés, il réclame de “permettre aux différents groupes et cultures de faire la fête”, ce qui inclue les fêtes religieuses. Toujours dans cette réflexion, le PTB défend l’abattage sans étourdissement.
Le mot “Église” apparaît 7 fois dans leur programme, mais uniquement dans l’onglet Justice et uniquement pour parler des abus sexuels qui ont été perpétrés dans ce milieu. Ce passage précise d’ailleurs que “le gouvernement doit respecter la séparation constitutionnelle de l’État et de l’Église”.
Les Engagés – Une page et demie
Chez les Engagés, la neutralité est un concept d’abord employé pour parler d’écologie et de topologie puisque la neutralité carbone s’inscrit dans les objectifs environnementaux des centristes et la neutralité béton répond à leur volonté de désartificialiser les sols. Le volet “Numérique” de leur programme évoque la neutralité, mais celle des algorithmes. Enfin, la fameuse neutralité de l’État qui occupe cycliquement les débats politiques en Belgique arrive au chapitre 8, intitulé “assurer une réelle liberté de conviction philosophique et religieuse”.
Ce chapitre d’une page et demie défend le concept de “neutralité bienveillante” pour “garantir la liberté religieuse et de culte, dans le respect des principes de l’État de droit et de la séparation des Églises et de l’État”.
Sur la question de l’abattage rituel, les héritiers des chrétiens-démocrates proposent une solution intermédiaire pour sortir de l’insolvable débat bruxellois qui consiste à recourir à des “techniques d’étourdissement permettant de respecter le rite religieux (droit constitutionnel) tout en évitant au maximum toute souffrance animale (à inscrire dans la Constitution)”.
Écolo – Quelques paragraphes
Sur la question religieuse, Écolo demande essentiellement d’atteindre l’égalité de traitement entre les religions et les mouvements philosophiques reconnus. “Dès lors que des cultes rencontrent les attentes légales, ils doivent être traités comme les autres cultes reconnus et la laïcité organisée, à égalité de droits et de devoirs”. Les écologistes veulent revoir le système actuel de financement des cultes afin que tout le monde soit traité sur un pied d’égalité.
Dans un autre point, les écologistes parlent de “neutralité inclusive”, une vision qui pose la liberté de porter des signes convictionnels comme le principe de base et l’interdiction comme l’exception. Enfin, au milieu d’une série de recommandations portant sur le bien-être animal, Écolo dit très rapidement vouloir mettre fin à l’abattage sans étourdissement.