De nouvelles révélations viennent mettre à mal la ministre Verlinden, qui s'explique devant les députés: "Je me pose la même question que vous"
La ministre de l’Intérieur, le ministre de la Justice et la secrétaire d’État à l’Asile se sont exprimés face aux députés sur l’attentat de Bruxelles.
- Publié le 25-10-2023 à 13h49
- Mis à jour le 26-10-2023 à 09h43
Plus d’une semaine après l’attentat qui a touché Bruxelles, la tension ne semble pas redescendre dans les rangs politiques. Alors que le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a démissionné la semaine dernière, c’est Annelies Verlinden qui se trouve à présent sur la sellette. La ministre de l’Intérieur s'explique face aux députés ce mercredi 25 octobre, alors que la presse vient d’annoncer que la police avait été mise au courant de la demande d’extradition visant Lassoued.
Dès l’ouverture de la Commission, les députés ont regretté l’absence du Premier ministre Alexander De Croo. Il a toutefois été rappelé que le libéral flamand répondrait aux questions des élus lors de la séance plénière à la Chambre, ce jeudi 26 octobre.
Le nouveau ministre de la Justice a ensuite pris la parole. Il a salué le choix de M. Van Quickenborne de se retirer face à l’erreur commise. Il a rappelé qu’il était là à présent pour mettre les choses au clair, tout en respectant le secret de l’enquête. “Le procureur général de Bruxelles nous a informés que rien n’avait été fait concernant la demande d’extradition”, a poursuivi M. Van Tigchelt. “Il y a eu une demande d’extradition de la Tunisie envoyée en Belgique. Le contenu de cette demande a été transféré au Parquet de Bruxelles. Un dossier a été ouvert. Le 12 septembre, un employé du Parquet a posé deux questions sur un post-it. À ces deux questions, aucune réponse écrite n’a été trouvée. […] Aucune trace ne montre que le dossier est passé dans le bureau du magistrat. Les systèmes de contrôle n’ont donc pas fonctionné. C’est la douloureuse vérité que je dois vous rapporter.”
Le ministre de la Justice a reconnu qu’il y avait une “fuite réelle” au niveau des magistrats. “13 sont apparemment absents aujourd’hui pour cause de maladie”, a-t-il précisé. “C’est pourquoi on a prévu ce week-end un renforcement.” Revenant sur le dossier resté dans l’armoire, le libéral flamand a acté que “cela ne pouvait plus jamais arriver”. “Cela n’a rien à voir avec une situation de sous-effectif. C’est une faute”, a fustigé M. Van Tigchelt. “[…] L’erreur est humaine, mais il faut prévoir un système de suivi. C’est la responsabilité qui incombe au procureur général.”
La ministre Verlinden a ensuite pris la parole. “Une semaine après cet attentat lâche, on se retrouve et c’est une bonne chose, car pas mal de choses ont été dites.” Elle a expliqué qu’elle devait s’exprimer avec réserve depuis la semaine dernière en raison de l’instruction judiciaire qui se poursuit. “Le contexte est délicat”, a rappelé Mme Verlinden. “Hier, après concertation, le Premier ministre a adressé une lettre à la Présidente de la Chambre pour demander une enquête indépendante du Comité P. La question que vous vous posez, je me la pose également : savoir si les services de police ont agi avec raison. Et si on a fait preuve de l’attention requise. Les informations ont-elles été partagées avec les partenaires ? Une série de questions reste sans réponse. Sur la base des informations dont je dispose, je maintiens ma confiance totale envers les services de police et l’Ocam.”
Elle a ensuite repris le fil chronologique des événements. “La red notice – la demande d’extradition – n’a pas été évoquée mercredi dernier, car nous n’avions pas suffisamment d’informations sur le contenu. Il nous a été transmis vendredi et je vous ai transmis le document aujourd’hui.” En 2016, les services de renseignement ont transmis les numéros de téléphone italien et belge de M. Lassoued. “Ils s’agissaient d’informations non confirmées réunies par une seule source. Sur cette base, d’autres actions policières n’ont pas été mises en place à l’époque.”
Pour ce qui est de la demande de reconnaissance du mariage en Tunisie, la police s’est rendue à deux reprises au domicile de l’épouse de l’auteur, a affirmé la ministre. “Le mariage ne sera pas reconnu par la commune suite à l’avis négatif du Parquet.” En juillet 2022, deux rapports d’informations sont enregistrés dans la base de données générales. “Il s’agissait d’informations non concrètes et non vérifiées. En raison de leur contenu, ces dossiers ne sont pas consultables par tous les policiers, mais uniquement par les enquêteurs.” La Task-Force locale à Bruxelles qui rassemble la Sûreté de l’État, la police et le Parquet a ensuite évoqué le cas de Lassoued. “Aucun nouvel élément n’a été découvert ou soulevé. Aucune décision spécifique n’a été prise à l’encontre du suspect.” On en arrive alors à la demande d’extradition de la Tunisie qui a été envoyée à Interpol et puis au Parquet, mais qui n’a pas été traitée. "La police fédérale a reçu la demande d'extradition le 22 aout et 15 minutes plus tard, l'a envoyée au SPF Justice", a-t-elle précisé.
Pour sa part, Nicole de Moor a expliqué ne pas avoir de nouveaux éléments par rapport à ce qu’elle a présenté devant la Commission Justice la semaine dernière. “Je n’ai pas menti”, a-t-elle toutefois précisé répondant aux critiques qui ont été émises ces derniers jours. “Nous avons besoin d’une meilleure politique de retour. Mais c’est la deuxième chose à faire. La première, c’est de s’assurer que ces gens n’arrivent jamais en Europe.”