Alexander De Croo met en garde: "L'hiver est à nos portes et nous savons ce qui nous attend"
Le Premier ministre a prononcé son discours de politique générale. Certains de ses propos n'ont pas manqué de faire réagir les députés.
- Publié le 10-10-2023 à 13h11
- Mis à jour le 10-10-2023 à 15h45
La nouvelle année parlementaire s'est ouverte ce mardi avec le discours de politique générale du Premier ministre, Alexander De Croo. Pour la dernière fois (en tous les cas, sous cette législature), le libéral flamand a présenté les réussites mais aussi les défis et enjeux qui attendent son gouvernement en cette année particulière. Avec le mégascrutin du mois de juin, la Vivaldi risque de voir la campagne quelque peu compliquer son travail. Des chantiers importants attendent pourtant le gouvernement fédéral avant la fameuse échéance.
"Au nom du gouvernement, je veux présenter mes condoléances aux familles des victimes à Israël", a débuté Alexander De Croo. "L'horreur que nous avons vue témoigne d'une barbarie inacceptable. Cette extrême violence, aveugle et lâche, ferme brusquement la voie à toute perspective de paix et de sécurité dans la région. La violence ne sera jamais la solution. Pour qu’elle soit durable, la solution doit toujours être politique et diplomatique."
"Les plus pessimistes voyaient déjà notre pays sombrer dans la pauvreté"
Le Premier ministre - qui portait la même cravate que lors de sa prise de fonction - est ensuite revenu sur le contexte dans lequel est née la Vivaldi: "Il y a trois ans, en pleine crise sanitaire, vous avez accordé votre confiance à une équipe. La pandémie faisait de nouvelles victimes chaque jour et paralysait notre vie en société." Il a rappelé que de très nombreux emplois étaient dans la balance. "Les plus pessimistes voyaient déjà notre pays sombrer dans la pauvreté. Mais il n’en fut rien", s'est félicité le libéral flamand. "Nous ne sommes pas restés victimes des événements. Nous avons pris les choses en main. Notre pays est sorti plus fort. Nous avons rebondi. Nos finances publiques s’améliorent. Elle progressent pas à pas dans la bonne direction avec en ligne de mire la norme de Maastricht. Nous allons fournir un effort de près de 5 milliards d'euros en 2024. Nous tenons nos promesses."
"Aujourd'hui le nombre d'actifs en Belgique n'a jamais été aussi élevé. 5 millions de Belges ont aujourd'hui un emploi. Sans ces citoyens qui travaillent, nous ne pourrions jamais assurer le financement de notre sécurité sociale. Le gouvernement n'a pas été chercher de l'argent dans les poches de la classe moyenne", a poursuivi le Premier ministre. "Les miracles budgétaires n'existent pas." Au moment d'aborder les flexi-jobs - qui font partie des mesures adoptées par la Vivaldi -, le président du PTB Raoul Hedebouw a interpellé le Premier ministre en plein discours, fait rarissime.
"Notre pays fait mieux que la zone euro"
Protéger les citoyens et les entreprises en période de crise a coûté plus de 20 milliards, selon Alexander De Croo. "Le volume d’aide a été gigantesque. Alors oui, le chemin qui mène à l'équilibre est plus long. Mais nous n'avons laissé personne de côté. Ce fut un choix conscient et assumé. Il n'y avait tout simplement pas d’autre option. (...) Malgré toutes les crises que nous avons traversées, la prospérité des Belges a progressé de 3,8 % depuis l’arrivée de ce gouvernement. Notre pays fait mieux que la zone euro. Mieux que nos voisins allemands et français. Même au cours des deux derniers trimestres, nous avons constaté un fléchissement de l'économie aux Pays-Bas et en Allemagne, alors que notre pays, lui, poursuit sa croissance."
Le libéral flamand a poursuivi en soulignant que son gouvernement avait permis de protéger le portefeuille des Belges et "d’éviter le bain de sang social".
Continuant la liste des réussites de son gouvernement, Alexander De Croo a cité les peines de prison qui étaient à présent effectuées dans leur entièreté. Les mots du Premier ministre ont suscité l'hilarité dans les rangs de l'opposition et, plus précisément, du côté flamand.
Au niveau de la solidarité, le Premier ministre a estimé que la Belgique "faisait plus que sa part". "Avec 34 000 places d'accueil, la Belgique se heurte déjà à ses limites", a-t-il lancé. "Nous finançons 1500 lits dans les centres d'accueil pour sans-abris bruxellois, pour les personnes qui ne trouvent pas de place dans le réseau d'accueil. Et bien sûr, la priorité doit aller aux plus vulnérables. Tout le monde doit pouvoir passer la nuit dans un lit. Mais l'hiver est à nos portes et nous savons ce qui nous attend. C'est pourquoi nous avons réuni tous les partenaires autour de la table pour voir ce que nous pouvons faire de plus. Dans les casernes, les bâtiments des chemins de fer ou les foyers vides, nous allons encore créer des places supplémentaires."
Il a évoqué brièvement l'invasion russe en Ukraine. "L'Ukraine sera libérée, mais elle doit pour cela dominer dans l'espace aérien. Notre pays va y contribuer en participant à la coalition F-16", a ajouté M. De Croo.
"Bruxelles doit être notre vitrine"
Le Premier ministre en est venu aux problèmes d'insécurité qui ont fait la une de l'actualité ces derniers mois. "Bruxelles, c’est un New York à taille humaine. Une ville-région de 184 nationalités. Elle est notre vitrine et fait notre richesse culturelle et notre rayonnement international. Mais dès qu’il s’agit de sécurité, l’on pointe trop souvent l’autre du doigt. Les problèmes aux abords de Bruxelles-Midi durent depuis trop longtemps. Au lieu de chercher un bouc émissaire, nous devons trouver des solutions."
Enfin, Alexander De Croo a abordé les récentes tensions qui ont entouré le dossier EVRAS. "Nous étions tous choqués de voir les attaques qui ont ciblé des écoles. Les antidémocrates déforment la réalité et colportent des mensonges au détriment de la sécurité de nos enfants. Raison pour laquelle le Conseil de sécurité va décider d'un ensemble de mesures pour lutter contre la désinformation", a-t-il conclu.
Le discours d'Alexander De Croo était à suivre en direct sur notre site ou sur LN24.