Un grand champion ne meurt jamais: comment expliquer la renaissance de Djokovic?
Le Serbe remporte Wimbledon après deux années de galère. Un véritable exploit.
- Publié le 16-07-2018 à 13h23
- Mis à jour le 16-07-2018 à 14h51
Le Serbe remporte Wimbledon après deux années de galère. Un véritable exploit. On a tout dit sur lui depuis deux ans : qu’il avait perdu sa motivation, qu’il ne voulait plus se faire mal, qu’il avait des problèmes psychologiques, qu’il ne prenait que des mauvaises décisions, que son jeu conquérant avait disparu. Mais quand, ce dimanche, à 6-3 dans le jeu décisif du troisième set, après avoir sauvé deux balles de set à 4-5 et trois à 5-6, il a sorti le service qu’il fallait pour battre le Sud-Africain Kevin Anderson et remporter (6-2, 6-2, 7-6/3) ce tournoi de Wimbledon, Novak Djokovic a, d’un coup de raquette magique, fait taire tous les sceptiques.
Patron du tennis mondial il y a encore deux saisons, le Serbe a réussi un des plus grands exploits de sa carrière sur le gazon londonien. Pour remporter son quatrième Wimbledon et son treizième titre du Grand Chelem, il a regardé tous ses démons dans les yeux et a gagné un véritable combat sur lui-même. Un set de retard face à Kyle Edmund au troisième tour, la tête à l’envers pendant un set face à Kei Nishikori en quart de finale et surtout un test mental et physique ultime en demi-finale face à Rafael Nadal : Nole a relevé tous les défis pour redevenir le géant qu’il était à ses heures de gloire.
Le tournant de son sacre fut, bien sûr, cette victoire face à Rafa. Ce dimanche, en finale, tout fut plus facile. Dominateur, Djoko survola les débats dans les deux premiers sets. Anderson reprit du poil de la bête dans la troisième manche, au point de bousculer sérieusement son rival avec ces deux balles de set. Mais, là encore, l’ancien n°1 mondial a su gérer la situation en véritable champion. En sortant des premières balles tranchantes. En signant des passing shots du bout du monde. Comme à sa plus belle époque. Il a serré les poings et hurlé sa rage, avant d’aller chercher en patron ce titre qui relance totalement sa carrière.
Avec treize Majeurs au compteur, il est désormais seul à la quatrième place des bilans devant Roy Emerson et n’a plus qu’une longueur de retard sur Pete Sampras. Nadal (17) et Federer (20) sont un peu plus loin. Mieux : avec sa 21e place mondiale en début de tournoi, il est devenu le joueur le plus mal classé à s’imposer à Wimbledon depuis Goran Ivanisevic en 2001 (125e) et en Grand Chelem depuis Gaston Gaudio à Roland-Garros en 2004.
Assuré de retrouver le Top 10 mondial ce lundi, Djokovic est de retour aux affaires. Et ce n’est pas fini, tant il aura des bons points à gagner d’ici la fin de l’année.
Pour expliquer cette renaissance, il faut bien sûr évoquer l’aide de son coach historique Marian Vajda. Cet homme incontournable qui lui seul sait murmurer à son oreille. C’est lui qui l’a remis sur les bons rails : ceux de la confiance et de la victoire.
Djokovic n’avait plus gagné un Grand Chelem depuis Melbourne en 2016. Deux longues années de disette, d’inquiétude, de détresse. Et voilà enfin l’éclaircie tant attendue au bout du tunnel. Il fallait voir la fierté dans ses yeux quand il a montré le trophée à son fils Stefan pendant la cérémonie de remise des prix. C’était magique et émouvant.
Et maintenant ? Tout est possible. Revenu du diable vauvert, il pourrait parfaitement devenir encore plus fort que lorsqu’on l’appelait "l’imbattable". La douleur, la peur, les doutes : tout s’est évaporé. L’avenir lui appartient.
Commentaire: Avec le bonjour du Big Three !
Un commentaire de Miguel Tasso. Revoilà Novak Djokovic en haut de l’affiche ! Après deux ans de galère, où il a collectionné les blessures, les opérations, les soucis sentimentaux et même de mystérieux burn out , le Serbe s’est rappelé au bon souvenir de la planète tennis en s’adjugeant son quatrième titre sur le gazon de Wimbledon et, du même coup, son treizième tournoi du Grand Chelem. C’est fort. Très fort. Et cela évoque forcément les fabuleux come- back réussis, ces derniers mois, par Roger Federer et Rafael Nadal. Voilà le Big Three reconstitué : il ne manque désormais qu’Andy Murray pour compléter l’historique tableau de maître ! Ce dimanche, en finale, Djokovic s’est logiquement imposé en trois sets face au géant sud-africain Kevin Anderson, épuisé mentalement et physiquement par ses exploits durant la quinzaine (21 heures passées sur les courts avant la finale). Mais cela n’enlève rien à ses mérites. Djoko a signé, en effet, un Wimbledon remarquable avec, pour point d’orgue, une victoire épique arrachée en demi-finale face à Nadal au terme d’un duel fabuleux (10-8 dans le cinquième set). Voilà donc Novak Djokovic, 31 ans, de retour aux affaires. A priori, sa période dépressive est derrière lui. Il a retrouvé, comme il dit, une sorte de paix intérieure. Nul doute qu’il fera encore parler de lui dans les prochains mois, notamment lors de l’US Open. Décidément, la nouvelle génération tarde à montrer les dents. Ce cru londonien 2018 a encore prouvé les limites d’Alexander Zverev, Grigor Dimitrov ou Dominic Thiem. C’est simple : les quatre demi-finalistes avaient passé le cap des trente ans…