"Goffin est redoutable car il joue enfin à l’instinct"
Réginald Willems, son entraîneur de 2011 à 2014, analyse en profondeur la carrière du Liégeois qui est confronté ce vendredi au défi ultime en demi-finale à Miami.
- Publié le 31-03-2016 à 20h22
- Mis à jour le 31-03-2016 à 21h35
Réginald Willems, son entraîneur de 2011 à 2014, analyse en profondeur la carrière du Liégeois qui est confronté ce vendredi au défi ultime en demi-finale à Miami. Actuel directeur technique de l’AFT, Réginald Willems a joué le rôle d’entraîneur de David Goffin de 2011 à 2014 avant de donner le témoin à Thierry Van Cleemput qui récolte les fruits semés depuis plus d’une décennie.
"J’ai toujours été persuadé qu’il avait le jeu d’un Top 30, se souvient-il. Non seulement il avait percé très tôt dans le Top 100, mais, en plus, il avait réussi un joli parcours à 21 ans alors qu’il n’était pas encore suffisamment armé. Il ne développait pas encore son potentiel à la volée, au service."
Aujourd’hui, Redg est un homme agréablement impressionné par l’évolution de son ancien poulain. "Il a toujours connu des périodes fastes et des moments creux. Depuis peu, il parvient à écourter les mauvaises passes. S’il sert mal face à Berdych, il parvient à se corriger dès la rencontre suivante. Son jeu se stabilise de plus en plus. Honnêtement, je le voyais entrer dans le Top 10 dans un an (ou deux) quand certains joueurs - Federer et Ferrer - se rapprocheraient de la fin. Tout son mérite est de réussir cette performance quand tout le monde est encore là. Ce mois de mars a changé sa carrière."
"À chaque étape, David a été critiqué"
Réginald Willems est catégorique. David Goffin n’a eu aucun déclic. Son évolution est progressive et régulière depuis ses premiers pas à Mons. "Depuis qu’il a 16 ans, il a toujours pris le temps de grandir et de se poser avant de lorgner sur l’étape suivante. Il n’a jamais douté de ses capacités. J’ai entendu des gens le critiquer à chaque étape. En juniors, il était trop frêle pour faire une carrière. Après 2 ans sur le circuit, les observateurs ne le voyaient pas franchir le Top 300 car il a stagné durant quelques mois. Quand il a atterri à la 42e place, on disait qu’il plafonnait à cause d’une crise de confiance qui l’a à nouveau freiné. En vérité, il a toujours fonctionné de la même manière. Il a besoin de temps pour assimiler un nouveau rang avant de grandir. Aujourd’hui, il doit digérer l’arrivée imminente dans le Top 10. Qu’il garde sa sérénité. Il découvre. Il analyse. Puis, il avancera. Ce n’est pas fini."
Pourquoi David peut croire en ses chances face à Novak Djokovic
Après avoir perdu en demi-finale à Indian Wells contre Milos Raonic, David Goffin est face à un col hors catégorie. Pour le moment, Novak Djokovic constitue le défi ultime. L’endurance du numéro un mondial impose un défi physique à tous ses adversaires. Réginald Willems ne minimise évidemment pas les forces du Serbe, mais il croit en un exploit du Liégeois. "Je soulignerai deux paramètres", commence l’ancien capitaine de Coupe Davis. "Il montera sur le terrain en pleine confiance à la suite de toutes ses victoires. Son relâchement est total. Je dirais même qu’il se met en pilote automatique. Son instinct a pris le dessus. Il ne se pose plus de question."Ensuite, il pointe un autre facteur. "David déteste jouer pour la première fois contre un joueur. Il a besoin d’avoir 2 ou 3 duels pour avoir une bonne stratégie de match."Goffin-Djokovic a déjà été programmé à trois reprises. En 2013, à Roland Garros, le Belge n’avait pas été loin de prendre un set (7-6, 6-4, 7-5). Après la punition (6-2, 6-0), Goffin a joué en 2015 à Cincinnati toujours un match référence où il avait mené 4-6, 6-2, 3-0 avant de craquer. "Il sait à quoi s’attendre. Je vous le garantis. Il peut se passer quelque chose."
La clef pour battre Djoko, c’est…
Réginald Willems n’est pas présent à Miami. Il laisse au duo Thierry Van Cleemput-Thomas Johansson le soin d’élaborer le schéma tactique. "La clef ? Le service. Si David veut exister, il devra être efficace sur son service. Il faudra aussi qu’il soigne l’agressivité sur les services de Novak. David ne partira pas battu d’avance. Après avoir goûté à une demi-finale de Masters 1000 à Indian Wells, il veut vivre une grande finale. D’une certaine manière, Djokovic et Goffin présentent un profil semblable. Les deux joueurs excellent en fond de court et frappent la balle très tôt. Djoko est plus complet. Il attaque et défend avec une grande facilité. Mais, je le répète, si David suit son instinct, il pourra être redoutable."
"Aucune révolution Johansson"
L’AFT a bâti David Goffin. Thierry Van Cleemput a été la dernière - mais ô combien précieuse - pierre. Et le Suédois Thomas Johansson, arrivé dans son staff en février dernier, a parachevé l’édifice. "Son arrivée n’a pas tout changé. Thomas a apporté son expérience d’ancien joueur de Top 10 avec un physique semblable à celui de David. Je lisais dans la presse que Thomas considérait que David devait améliorer son service, son jeu vers l’avant et son slice. Thierry n’a pas attendu le mois de février 2016 pour dresser ce bilan. Je ne parlerai pas de déclic. David grandit un peu chaque jour. En revanche, David aime être entouré. Il veut de la vie et du monde autour de lui. D’où l’importance d’avoir un staff élargi."