Andy Murray entre soulagement et déception, mais surtout des doutes qui subsistent
- Publié le 30-08-2018 à 16h17
- Mis à jour le 03-09-2018 à 12h42
L’Ecossais, éliminé au deuxième tour à New York, va mieux mais le circuit reste dubitatif.
“Non mais tu as vu comment il marche ?” Non, ce n’est pas un flashback de la saison passée quand, à Wimbledon, Andy Murray se déplaçait comme Ivan Lendl avant sa double opération des hanches. Nous sommes plus d’un an plus tard à New York quand cet agent bien connu du circuit me fait cette remarque, tout aussi dubitatif que les physios croisés ici et là au fil des mois. Muzz ne boîte plus autant que la saison passée depuis cette opération en janvier - encore heureux ! - mais que ce soit en match ou hors du court, il reste une raideur évidente. Mercredi sur certains déplacements entre les points, c’était difficile de voir autre chose. Difficile aussi de ne pas remarquer comme il a fondu musculairement entre repos forcé et impossibilité de s’infliger les mêmes entraînements qu’avant.
Alors quand on lui demande s’il croit vraiment pouvoir revenir un jour à son tout meilleur niveau, lui qui a basé son illustre carrière sur un jeu de jambes extraordinaire et une grosse intensité physique, il n’évite pas l’évidence. “Non, il y a évidemment des doutes à ce sujet. Quand je me suis blessé j’étais n°1 mondial, un an plus tard on voit bien que tout a changé. Je ne sais pas à quoi m’attendre, je ne sais pas comment le corps va répondre avec l’accumulation des matches et des entraînements. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas depuis un an donc c’est normal de douter. Mais si je continue comme ça dans les progrès, il n’y a pas de raison que je ne puisse pas de nouveau me battre pour gagner les plus grands titres.”
Un soupçon d’optimisme qui vient aussi du fait qu’on a vu beaucoup de belles choses chez l’ex n°1 mondial lors de sa défaite face à Fernando Verdasco (7-5, 2-6, 6-4, 6-4). On l’a revu courir pleinement dans les courses latérales, gagner en explosivité au service et finir le match dans un bon état physique malgré la canicule. A l’échange, il semble enfin pouvoir jouer sans retenue.
Et on a aussi senti que malgré la déception d’avoir perdu un match où il a eu des occasions, il y avait un soulagement d’avoir été capable de tenir la distance. Forfait à Wimbledon car il craignait son retour sur des matches au meilleur des cinq sets, Murray a tout de même fait un gros pas en avant. “Je sais que je n’en suis qu’au début du chemin mais sur ce match j’ai réussi à défendre des balles difficiles jusqu’à la fin, je n’ai rien lâché. Je n’étais pas super à l’aise sur le court, je m’en veux d’avoir gâché ce premier set set mais je me suis battu jusqu’à la fin. Sur ce match par moments j’ai joué mon meilleur tennis depuis l’opération.”
Quand on lui rappelle que Juan Martin Del Potro, Rafael Nadal, Roger Federer, Novak Djokovic ont réussi à revenir de blessures avec brio, il botte légèrement en touche. Ce qui en dit aussi long sur la réalité de ses limites physiques du moment. “Chaque blessure est différente, certaines sont plus sérieuses que d’autres, certaines parties du corps rendent les retours plus compliqués… Del Potro, ça lui a pris beaucoup de temps. Les autres je ne sais pas à quel point leurs blessures étaient sérieuses mais oui beaucoup sont revenus et j’ai envie d’intégrer ce groupe.”
Le circuit partage autant ce sentiment que les doutes sur sa possibilité tant les problèmes de hanche sont le fléau du tennis. Mais s’il y en a bien un qui peut faire mentir la logique c’est Andrew Barron Murray, le joueur qui a fait du “je vais vous prouver que vous avez tort” sa marque de fabrique depuis dix ans.