Le gratin du tennis mondial à l'académie de Patrick Mouratoglou : "C’est un peu comme leur deuxième maison"
- Publié le 09-06-2018 à 11h07
L’entraîneur français de Serena Williams nous explique le pourquoi du succès de son académie située au coeur de la Côte d’Azur…
Serena Williams, Novak Djokovic, Andy Murray, Alexander Zverev, Tomas Berdych, Caroline Wozniacki, David Goffin, Lucas Pouille, Stefanos Tsitsipas, Grigor Dimitrov, et on en passe : ils viennent tous à l’académie de Patrick Mouratoglou. En marge de Roland-Garros, le coach de Serena Williams nous a expliqué pourquoi et comment il organisait l’accueil de ces VIP de la balle jaune.Pourquoi vous ont-ils choisi ?
"J’en ai récemment discuté avec Novak et il m’a dit : ‘Il y a 100 % de ce dont un joueur de haut niveau a besoin, et tu l’as sur place sans bouger. C’est un énorme luxe.’ Déjà, il y a des partenaires d’entraînement tout le temps, que ce soit les élèves de l’académie ou les joueurs professionnels qui sont là. On a 170 joueurs, sans compter les pros. Ensuite, les conditions de jeu sont fantastiques car on est dans le Sud, c’est aussi pour cela que la FFT a envoyé beaucoup de joueurs faire des préparations chez nous et qu’on a fait un accord avec la fédération américaine pour qu’on soit une base pour leurs joueurs en Europe. On a les différentes surfaces, et des courts couverts en dur et en terre battue même s’il y a très peu de jours de pluie. On a deux salles de gym, quatre piscines, tous les bains froids, tous les protocoles de récupération, un centre médico-sportif ultra-équipé avec les médecins, les kinés, les osthéos, les préparateurs physiques. Toutes les compétences sont sur place."
Vous leur garantissez une certaine tranquillité ?
"On leur a fait des espaces privés pour qu’ils soient tranquilles, pas dérangés par les gamins qui viendraient leur demander des autographes. On leur a fait un players lounge. Niveau restauration, il y a un self pour les joueurs et aussi le restaurant de l’hôtel. Et depuis le players lounge, ils peuvent passer leurs commandes et être livrés. L’endroit a été complètement pensé pour le haut niveau."
Une organisation plus spéciale est-elle prévue pour Novak Djokovic et Serena Williams ?
"Oui. L’anonymat total est impossible, mais on les met vraiment à l’écart sur des courts plus loin. S’il faut, on peut faire en sorte que les gens restent à distance. On fait en sorte qu’ils puissent s’entraîner dans les meilleures conditions possible."
Certains vous demandent-ils aussi des conseils ?
"Oui, bien sûr. Parfois le coach veut partager sur son joueur. Parfois c’est le joueur. Personnellement, je ne peux pas le faire avec des joueuses, par rapport à Serena, mais mon équipe peut. Et puis moi avec des joueurs je le fais, beaucoup par exemple avec Stefanos Tsitsipas ou Thanasi Kokkinakis."
Faut-il aussi gérer les éventuelles inimitiés entre ces professionnels ?
"Oui et non. Je ne rentre pas dans ces considérations. En revanche, pour les membres du Team Mouratoglou (Tsitsipas et Kokkinakis par exemple), là c’est notre garde rapprochée, ceux avec qui on va travailler sur du long terme, je n’ai pas envie d’amener à l’académie des gens avec lesquels ils sont vraiment mal à l’aise. Pour les autres, non sauf si je vois qu’il y a un truc vraiment négatif car je n’ai pas envie d’une mauvaise dynamique à l’académie. J’y fais attention."
Que donnent-ils en échange de toutes ces prestations ?
"On a la chance de pouvoir choisir qui on accepte, et on trouve un moyen pour que tout le monde soit content. Ceux qui viennent, ce sont des joueurs avec lesquels on a de très bonnes relations et tout le monde joue le jeu. Serena a fait un questions - réponses avec les jeunes de l’académie, c’était fantastique. Ils donnent et le font avec plaisir. Imaginez le gars qui vient en stage adulte à l’académie et se retrouve à assister à cet événement avec Serena Williams, c’est exceptionnel. Pour ceux qui sont en stage ou en tennis-études, ce sont des expériences uniques. Il n’y a pas d’équivalent dans le monde."
Vous comblez le manque de structures pour le gratin du tennis mondial ?
"Je pense. Beaucoup veulent avoir un site où vivre quand ils sont en Europe. C’est un peu comme leur deuxième maison avec des conditions d’entraînement parfaites : pour des gens qui sont déracinés toute l’année, c’est un énorme plus. Je n’ai aussi pas souvent vu des gens capables de faire des bilans morphostatiques pour savoir précisément quelles sont les zones à risques des joueurs, et de mettre en place des protocoles de prévention individualisés. Ma méthode, c’est faire du sur-mesure et les joueurs y sont très réceptifs."
Est-ce une nouvelle marque de reconnaissance ?
"Je ne suis pas du genre à me dire cela. Je ne regarde jamais derrière. À chaque fois qu’on passe un cap, je me dis ‘quel est le prochain cap ?’ et pas ‘tiens c’est mieux que ce que j’avais il y a un an , je suis reconnu.’ Je ne regarde que devant."