Emmanuel Foulon a bouclé le Half Marathon des Sables: "Je n’avais jamais fait de trail…"
- Publié le 02-10-2018 à 15h24
- Mis à jour le 02-10-2018 à 15h25
Le Bruxellois Emmanuel Foulon, notamment chroniqueur pour différents médias, a bouclé 120 km et 4 jours d’autonomie alimentaire dans le désert de Fuerteventura.L’île de Fuerteventura (Canaries) a accueilli, une petite semaine durant, la deuxième édition du Half Marathon des Sables. Une déclinaison plus accessible du mythique Marathon des Sables marocain proposant, en totale autonomie alimentaire, trois étapes sur quatre jours, pour une distance totale de 120 kilomètres à parcourir. Une vraie aventure, à la fois sportive et humaine, à laquelle a participé une petite dizaine de Belges. Parmi eux, Emmanuel Foulon. Connu, entre autres, par les amateurs de ballon rond pour être régulièrement chroniqueur au sujet de l’arbitrage sur les antennes de la RTBF, le Bruxellois est un véritable touche-à-tout et la course à pied fait, notamment, partie des passions de celui qui travaille au Parlement européen. Voici quinze jours, il était d’ailleurs derrière la mise sur pied de la 6e édition des 20 Km de Bruxelles… à l’envers à l’occasion de la journée sans voiture dans la capitale. Une bonne semaine plus tard, on le retrouvait, sac à dos de plusieurs kilos sur les épaules, prêt à affronter le désert de Fuerteventura. Une aventure qu’il a finalement bouclée en un temps cumulé de 28h30.
Emmanuel Foulon, nous sommes surpris de vous retrouver sur une course telle que le Half Marathon des Sables ! Comment êtes-vous arrivé là ?
"Sur un coup de tête, ce qui était sans doute insensé. (rires) J’étais à la recherche d’un marathon à l’étranger, comme chaque année, pour mon anniversaire. Voici un an, je suis par exemple allé aux Barbades, comme seul représentant belge. Par hasard, j’ai découvert le concept du Half Marathon des Sables. La version originale au Maroc m’a toujours fait rêver et je me suis lancé. C’était une folie. Je n’avais jamais fait de trail auparavant, encore moins d’ultra. Je n’étais absolument pas préparé, je n’aime pas courir sur le sable et j’avais eu à peine le temps d’enfiler mon sac dans ma cuisine ou de tester la cuisson de ma nourriture dans… le Parc du Cinquantenaire. La seule sortie digne de ce nom auparavant fut mes 20 Km de Bruxelles à l’envers à la mi-septembre. Pour le reste, rien ou presque. 120 km, soit la distance totale de la course, ça devait être ce que j’avais couru les cinq derniers mois… Mais j’avais envie de m’amuser et de faire ça de façon décalée en expliquant comment on peut vivre une course comme celle-là quand on n’a ni expérience ni préparation, notamment en partageant ça sur les réseaux sociaux. Sérieusement, je ne me donnais que 25 ou 30 pour cent de chance d’aller au bout. Y être arrivé est donc un bel exploit."
Vous retiendrez avant tout l’aventure sportive ou l’aventure humaine que constitue une épreuve en autonomie alimentaire et en bivouac ?
"Les deux ! Si on a évidemment besoin de son corps et de sa tête pour y arriver, c’est n’est pas qu’un long effort solitaire. J’ai bouclé l’épreuve seul mais j’ai fait plein de rencontres, parfois improbables. Lors de la longue étape, en pleine nuit et après 14 heures de course, deux Français m’ont aidé alors que j’étais au plus bas. Je retiendrai aussi que, sur ce genre d’aventure, on a la chance de côtoyer les meilleurs. J’ai ainsi pu partager mon hachis parmentier lyophilisé avec Mathilde (Vinet) , lauréate chez les dames. (rires) Difficile d’imaginer partager une bière avec Eden Hazard quand on joue son match en provinciales… L’ambiance et la solidarité entre les coureurs sont inégalables. Chacun sait qu’il aura, à un moment ou l’autre, besoin de l’autre pour y arriver."
On dit souvent, en guise de boutade, que le plus dur dans un Marathon des Sables est de faire son sac. Vous confirmez ?
"Ce fut très compliqué, en effet. Il faut savoir qu’on n’a pas le droit à l’erreur. Si on prend trop peu de nourriture, bonjour les dégâts. Et si on en prend trop ou qu’on se trompe dans les choix, ça peut aussi avoir de fameuses conséquences. Mais j’estime, à ce niveau-là, m’en être bien tiré. C’est une des raisons qui expliquent le fait que j’ai pu arriver au bout. Cela ne m’a pas empêché de me prendre la tête et de retourner quatre ou cinq fois dans le même magasin avant de boucler mon sac. Par contre, j’aurais dû mieux choisir mes chaussures. J’avais mes godasses de footing, pour aller au parc. Résultat, j’ai eu des cloches, dont une énorme. C’était un enfer. À part un Colombien qui a tout fait pieds nus ou un couple d’Espagnols qui a fait ça en… slash, j’étais le seul à ne pas avoir pensé aux bonnes chaussures."
De retour en Belgique, que retenez-vous ?
"Que lors d’une épreuve comme ça, on apprend énormément sur soi. On a le temps de penser à 1.000 choses, de voir le monde de façon différente. Quoi qu’il s’y passe, on revient plus fort."
Les organisateurs se targuent de mettre sur pied une épreuve accessible à tous les niveaux. Est-ce vraiment le cas ?
"Oui, j’en suis le bon exemple non ? (rires) Si tu es bien mentalement et que tu es préparé logistiquement, chacun, avec un minimum de fond, doit pouvoir y arriver. Mais ça reste un combat contre soi-même et, idéalement, il ne faut bien évidemment pas suivre mon exemple en y allant sans préparation."
Justement, quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent se lancer ?
"S’inscrire à l’avance pour tout bien planifier, histoire aussi de prendre du plaisir à faire son sac correctement. Il faut programmer un entraînement qui permet d’accumuler des kilomètres tout en apprenant à marcher, car on marche beaucoup dans une épreuve comme celle-là. Il faut aussi tester son matériel, ce que je n’ai pas fait ou presque, et sa nourriture. Et emmener avec soi l’une ou l’autre chose qui vous fera plaisir. Vous n’imaginez pas ô combien un petit bout de saucisson et quelques noix de cajou m’ont fait du bien au milieu du désert."
Un HMDS au Pérou
Le Péruvien Remigio Huaman Quispe, comme lors de la 1re édition en 2017, a remporté le Half Marathon des Sables Fuerteventura. Assurément un excellent ambassadeur pour le concept qui, cette année, se déclinera également au Pérou, au tout début du mois de décembre et dans le désert d’Ica. Là aussi, trois étapes en quatre jours pour une formule sans doute plus accessible que le format long, comme au Maroc, mis sur pied de l’autre côté de l’Atlantique en 2017 avec un peu moins de réussite. Avec, en guise de digestif à l’issue de la course et en dehors de la compétition, une alléchante ascension de Machu Picchu par un sentier redécouvert récemment.