Quand le Standard regardait Séville dans le blanc des yeux
Les Rouches ont déjà tenu tête à Séville, tenant du titre, mais jamais en Espagne.
- Publié le 20-09-2018 à 11h49
- Mis à jour le 20-09-2018 à 11h51
Les Rouches ont déjà tenu tête à Séville, tenant du titre, mais jamais en Espagne. Ce jeudi sera marqué par le quatrième affrontement, en dix ans, entre Séville et le Standard. Tenir tête aux Andalous, les Liégeois l’ont déjà réalisé à deux reprises, mais toujours à Sclessin, en 2008 (victoire 1-0) et en 2014 (0-0). À Séville (en novembre 2014), les Rouches n’avaient rien pu faire. Trois acteurs de l’époque évoquent ces affrontements avec les recordmen de victoire en Europa League (5).
6 novembre 2008 - Victoire 1-0 : "On leur avait mis la misère"
Mohamed Sarr se souvient d’une soirée au cours de laquelle "rien ne pouvait nous arriver"
Après avoir regardé le grand Liverpool dans le blanc des yeux jusqu’aux prolongations du match retour de l’ultime tour préliminaire de la Ligue des Champions, après avoir dégoûté l’autre club de la Mersey, Everton, en ultime tour de qualification pour la défunte Coupe UEFA, le Standard, champion en titre, reçoit le FC Séville pour son premier match de poules en 2008.
"C’était encore l’ancienne formule", se souvient Mohamed Sarr, titulaire ce soir-là aux côtés de Gucci Onyewu. "On ne disputait qu’un match et le hasard a voulu que celui face aux Sévillans se dispute chez nous. On s’est alors dit : on va faire le sans-faute à domicile et aller chercher une victoire à l’extérieur. On l’a fait avec cette superbe victoire et celle face à la Sampdoria (3-0) en plus du succès au Partizan Belgrade (0-1). Pour le dernier match de poules à Stuttgart (défaite 3-0), on était certain d’être premier et donc un peu en vacances (rires)."
Ce premier match , et cette première victoire (1-0, but de Mbokani) face au FC Séville, Mohamed Sarr s’en rappelle comme s’il avait eu lieu hier.
"L’ambiance était dingue chez nous. À l’époque, on ne jouait pas à 12 mais à 13, on avait pris les Espagnols à la gorge. Ils ne nous sous-estimaient pas car ils avaient vu nos matches contre Liverpool et Everton, c’était donc tout sauf une surprise pour eux. Liverpool aurait pu nous prendre à la légère, mais pas Séville, ils étaient prévenus."
D’ailleurs, le coach de l’époque, Manolo Jimenez, alignait son équipe type.
"Il y avait de grands joueurs, se souvient Sarr. Luis Fabiano, Romaric, Jésus Navas ou encore Escudé en défense. Ce n’était pas des peintres, hein ! Nous, on voulait l’emporter pour essayer de se qualifier. Ils étaient évidemment favoris mais on n’en avait rien à faire, on a joué notre jeu et, après coup, je peux dire que c’était notre match européen le plus abouti. On gagne 1-0 face à une équipe double tenante du titre et on pratique un excellent football et l’addition aurait pu être plus salée pour eux. Il ne pouvait rien nous arriver."
À l’époque, Laszlo Bölöni n’avait pas eu à se creuser les méninges pour trouver le discours adéquat afin de motiver ses troupes. "On était déjà préparé à jouer n’importe quel adversaire. Après la double confrontation avec Liverpool, on a compris qu’on disposait d’un énorme potentiel et que ce serait l’enfer pour n’importe quelle équipe qui allait se déplacer à Sclessin. On avait mis la misère à Liverpool et Everton, on pouvait donc le faire aussi face à Séville. Mon seul regret, c’est ce off-day à Braga qui nous élimine car on avait le potentiel pour aller très loin."
Pour mettre Séville dans les cordes, le Standard savait comment s’y prendre.
"On avait des stratégies, dès le coup d’envoi, qui mettaient une pression de dingue sur nos adversaires. Quand on voyait l’adversaire paniquer, on faisait tout pour en planter un. D’ailleurs, cette saison-là, on a inscrit énormément de buts dans la première demi-heure."
Mohamed Sarr adresse ensuite un conseil aux Standardmen actuels. "Vivez ce match pleinement et n’ayez pas de regret. Ce sont des matches extraordinaires à jouer mais, surtout, il ne faut pas avoir peur de s’exprimer."
Goreux et Carcela déjà présents
Il y a dix ans, deux Standardmen actuels, et qui sont présents à Séville, figuraient déjà dans le groupe élargi à 20 joueurs lors de la réception de Séville. Réginal Goreux figurait sur la feuille de match (il est resté tout le match sur le banc) tandis que Mehdi Carcela (19 ans à l’époque), sautait finalement du groupe devenant le 19e homme (Marco Ingrao étant le 20e).
23 octobre 2014 - Match nul 0-0 : "C’était un grand exploit"
En pleine crise et après le licenciement de Guy Luzon, le Standard d’Ivan Vukomanovic a tenu tête aux champions d’Europe en titre.
Six ans après lui avoir dicté sa loi en Coupe de l’UEFA, le Standard retrouve le FC Séville (tenant du titre) ce soir du 23 octobre 2014 à Sclessin pour le 3e match de poules de l’Europa League et parvient à lui tenir tête (0-0).
Une rencontre qui se dispute dans un climat plus que compliqué pour les Liégeois qui, quelques jours auparavant, venaient de se séparer de leur coach, Guy Luzon. "Quatre jours avant ce rendez-vous européen, les supporters envahissaient le terrain et la tribune d’honneur suite à la défaite à domicile contre Zulte Waregem (1-2)", se souvient Ivan Vukomanovic qui avait pris la relève du coach israélien.
Après un succès 2-0 contre Rijeka et une défaite 2-1 à Feyenoord, le Standard devait prendre des points ce 23 octobre 2014 pour rester dans la course à la qualification. Ce match marquera aussi les grands débuts de la carrière d’entraîneur d’Ivan Vukomanovic.
"C’était tout, sauf un cadeau, affirme-t-il. On a dû préparer ce match en deux jours. J’avais des doutes sur la composition et j’ai décidé, par exemple, de relancer Yohann Thuram dans les buts. J’avais abandonné le 4-4-2 à plat de Luzon pour renforcer le milieu de terrain et cela avait bien fonctionné."
Ce soir-là, le FC Séville d’un certain Unay Emery affiche une équipe composée de titulaires mais aussi de joueurs au temps de jeu plus modéré.
"Malgré cela, on voyait bien qu’ils étaient au-dessus. Cela jouait vite et juste. Ces joueurs avaient l’habitude d’évoluer ensemble depuis plusieurs mois, plusieurs saisons. De notre côté, on avait énormément chamboulé l’effectif et c’est pourquoi réaliser un nul blanc face au champion d’Europe en titre et qui allait, quelques mois plu tard, se succéder à lui-même, constituait un grand exploit pour nous. D’un point de vue personnel, je suis très fier d’avoir connu de tels débuts face à un coach aussi expérimenté qu’Unay Emery."
En fin de match, les Liégeois étaient même passés à côté du Graal. "On a eu deux grosses occasions coup sur coup avec la tête de Teixeira sauvée sur la ligne et la déviation de Vinicius. Mais Carlos Bacca aurait également pu faire basculer la rencontre dans l’autre sens."
Il y a quatre ans, Vukomanovic avait donné une consigne que Michel Preud’homme ne manquera pas d’adresser à son groupe.
"Il fallait, et il faudra jeudi, ne pas les laisser jouer. Séville joue de la même manière à domicile ou à l’extérieur. Il était primordial de ne pas leur laisser un espace. On l’a d’ailleurs appris à nos dépens au match retour (3-1)."
6 novembre 2014 - Défaite 3-1 : "Ils étaient un cran au-dessus"
Geoffrey Mujangi Bia et Yohann Thuram reviennent sur cette défaite à Séville.
Après avoir accroché Séville à l’aller (0-0), les Liégeois étaient bien décidés à récidiver pour le retour en Andalousie. Mais peu après le quart d’heure, les troupes d’Ivan Vukomanovic craquaient déjà.
"Ils ont clairement débuté ce match retour avec d’autres intentions qu’à l’aller", se souvient Geofrey Mujangi Bia qui était monté au jeu en seconde période. Depuis le banc, l’actuel joueur de Lokeren avait bien ressenti l’énorme ambiance de ce stade Ramón Sánchez Pizjuán.
"C’est un stade mythique. L’ambiance était à son paroxysme. Ce sont des beaux matches à jouer." Un sentiment partagé par Yohann Thuram, titulaire ce soir-là. "L’atmosphère était fantastique. Tout était réuni pour faire un beau match. Le public sévillan a parfaitement rempli son rôle de 12e homme."
Après la demi-heure de jeu, Paul-José Mpoku, sur coup-franc, ramenait l’espoir dans les rangs liégeois en égalisant.
"À ce moment-là, on y croit encore plus, se souvient Yohann Thuram. Mais on restait lucide car on savait qu’à tout moment, ils étaient capables de faire la différence."
Malheureusement pour les Liégeois, le 2-1 de Reyes tombait très rapidement.
"Ils étaient clairement au-dessus de nous, il faut le reconnaître, concède Mujangi Bia. Encaisser juste avant le repos, c’est toujours difficile à digérer, surtout face à un adversaire de ce calibre."
À l’arrivée, le Standard s’inclinera 3-1 mais il aura, sur 180 minutes, fait douter le tenant du titre. De quoi ressentir une certaine fierté ?
"La fierté, cela aurait été de les battre", assure Thuram. "Mais c’était un beau moment à vivre et cela nous a fait grandir. On a beaucoup appris de ces deux matches."