Une attaque en panne, peu de solutions... Analyse des maux qui touchent le Standard
Ce Standard doit encore grandir. > L’attaque ne sait plus comment marquer > Michel Preud’homme n’a pas assez de solutions > La première place est déjà loin (...)
- Publié le 06-11-2018 à 11h50
- Mis à jour le 06-11-2018 à 11h53
Ce Standard doit encore grandir.
L’attaque ne sait plus comment marquer
Le Standard a inscrit deux fois moins de buts que Genk.
Dix-neuf buts inscrits en quatorze matches de championnat : la division offensive du Standard n’a pas encore trouvé la bonne carburation et est, par exemple, deux fois moins efficace que l’attaque genkoise. Les Principautaires ont également été incapables de trouver l’ouverture lors de cinq matches différents, dont trois fois à Sclessin, ce qui est un record depuis la campagne 1993-1994.
Cette saison, les Liégeois éprouvent les pires difficultés à trouver le chemin des filets. Renaud Emond n’arrête pas de bouger mais, pour lui, les semaines se suivent et se ressemblent, avec un nombre très faible de ballons exploitables qui arrivent dans la surface de réparation. Les ailiers ont trop souvent tendance à rentrer dans le jeu, comme le demande le staff technique, et à ne donc pas adresser de bons centres vers leur buteur.
L’idéal serait que les arrières latéraux remplissent cette tâche mais Collins Fai connaît un réel creux depuis deux semaines, tandis que les services de Luis Pedro Cavanda ne sont pas tout le temps très précis.
Le Standard confisque souvent le ballon mais ne parvient pas à créer un décalage pour casser une organisation défensive, comme savait si bien le faire Edmilson Junior lors de la défunte saison. La faute à des artistes (Carcela, Lestienne, Djenepo) qui ne trouvent plus la bonne inspiration. Souvent, les minutes s’égrènent et les joueurs donnent l’impression d’être totalement impuissants face au mur dressé par leur opposant. Et lorsque c’est le cas, la précision n’est pas au rendez-vous, comme l’attestent les loupés d’Orlando Sa et de Maxime Lestienne, respectivement à Zulte Waregem et contre l’Antwerp.
Michel Preud’homme doit encore trouver la bonne animation mais la composition de son noyau l’en empêche. Les blessures de Paul-José Mpoku et Obbi Oulare compliquent les possibilités de changer l’animation. À charge pour ceux qui restent de trouver la clé, sans balancer de longs ballons.
Michel Preud’homme n’a pas assez de solutions
Le coach regrette le nombre d’absences qui l’empêche de faire tourner son onze de base.
Après la piteuse défaite à Zulte Waregem, n’importe quel entraîneur aurait opéré quelques changements dans son onze de base pour "punir" les moins performants. Mais Michel Preud’homme n’a pas été en mesure d’utiliser cette arme car son noyau ne lui offre pas de nombreuses solutions. Il suffit de regarder la composition de son banc lors de la visite de l’Antwerp pour le comprendre : Jean-François Gillet, Zinho Vanheusden, Milos Kosanovic, Orlando Sa, Moussa Djenepo, Senna Miangue et Samuel Bastien. Des joueurs confinés au banc, en perte de forme, mais très peu capables de prendre immédiatement une place dans l’équipe.
Il n’est donc pas étonnant qu’il n’ait utilisé "que" 22 joueurs différents en championnat, soit le plus faible total au cours des dix dernières années.
C’est surtout sur le plan offensif que le constat est impressionnant car ce sont tout le temps les mêmes éléments qui doivent enchaîner les rencontres, sans avoir la possibilité de souffler. Pourquoi ? Tout simplement parce que les remplaçants sont cantonnés à l’infirmerie. Maxime Lestienne doit souvent accélérer son retour, ce qui agrandit les risques de rechute, Moussa Djenepo risque de se cramer s’il dispute toutes les rencontres de sa première vraie saison chez les professionnels et Mehdi Carcela doit tout jouer, même lorsqu’il sort d’une maladie. Il est donc logique que le Standard connaisse un creux, d’autant que la Coupe d’Europe lui prend beaucoup d’énergie. Certes, Genk a un calendrier aussi chargé mais Philippe Clément dispose d’un noyau bien plus fourni.
Michel Preud’homme pourrait se permettre de faire tourner en défense car, là, les solutions existent. Milos Kosanovic et, surtout, Zinho Vanheusden sont largement capables de prendre l’une des places en défense centrale, sans pour autant affaiblir le niveau global de l’équipe. Et le match à Zulte Waregem permettait de "punir" l’un de ses défenseurs (Christian Luyindama)…
La première place est déjà loin
Pour le moment, ce Standard ne peut pas être considéré comme un candidat au titre.
La conclusion avait été régulièrement écrite sur les réseaux sociaux juste après la nomination de Michel Preud’homme : "Le Standard est un concurrent au titre." Cela montre bien la puissance du technicien liégeois, mais c’était surtout prématuré pour un club qui cherchait, avant tout, à se reconstruire après le passage du bouillant Ricardo Sa Pinto.
À l’heure actuelle, les Liégeois ne peuvent revendiquer cette première place, déjà distante de 14 unités. C’est même souvent le cas à cette période de l’année. L’année dernière, ils avaient 15 unités de retard sur la tête et même 16 lors de la campagne 2015-2016. Parfois, cela ne les a pas empêchés de se mêler jusqu’au bout à la course pour les lauriers, comme l’ont suffisamment démontré les derniers playoffs.
Rien ne dit que le staff actuel ne sera pas en mesure d’imiter cet exemple mais il est clair que l’idée, en ce moment, est de reconstruire une réelle identité. Le jeu désiré par MPH est simple : une construction au sol, avec des latéraux très offensifs. Ce n’est pas spécialement le style qui a été en vogue en bord de Meuse au cours des dernières années et une telle transformation demande autant de temps que d’énergie. Cela aura un impact sur les résultats, qu’il soit négatif pour le moment pour sa mise en place ou positif à l’avenir, lorsque tout le monde aura assimilé les principes.
Bien entendu, ce désir ne doit pas occulter le besoin urgent de résultats positifs. Septième, le Standard risque, à ce rythme, de vivre une phase classique particulièrement stressante, comme c’est d’ailleurs trop souvent le cas depuis la mise en place des playoffs en Belgique. Michel Preud’homme dispose d’un noyau suffisamment étoffé et riche en qualité pour dépasser des formations comme Saint-Trond, La Gantoise et Ostende au bout de 30 journées de compétition.
L’inverse signifierait qu’il s’est planté mais on est encore très loin de cette vérité et la culture de l’instant ne doit pas dominer. Car le Standard a déjà prouvé qu’en dix matches de playoffs, beaucoup de vérités pouvaient voler en éclats.
Le bilan chiffré reste acceptable pour atteindre les playoffs 1
Avec ce 20 sur 42, le bilan de Preud’homme semble bien insuffisant, mais finalement, le Standard n’est pas en retard sur son tableau de marche pour atteindre les playoffs 1.
Même s’ils n’ont pas empoché la moitié des points mis en jeu, les Liégeois peuvent se rassurer en regardant le classement des saisons précédentes. L’année dernière, les Rouches avaient validé leur billet pour le top 6 avec 42 points sur 90 ; en 2015-2016, Zulte Waregem avait atteint les playoffs avec 44 points, soit moins de 50 % des points.
Il y a un an, au même moment, les Rouches version Sa Pinto avaient capitalisé 19 points, et on sait ce qu’il est advenu en fin de saison. Il n’y a donc pas la moindre raison de paniquer… du moins pour le moment.
M. F. (avec J. Se. et F. H.)