Carcela est l'homme à descendre, Preud'homme fulmine
Il a été matraqué pendant tout le choc wallon au point de demander son remplacement, dégoûté et lassé.
- Publié le 17-09-2018 à 10h05
- Mis à jour le 17-09-2018 à 11h50
Il a été matraqué pendant tout le choc wallon au point de demander son remplacement, dégoûté et lassé. La mayonnaise est montée progressivement mais elle aurait pu tourner pour Mehdi Carcela lorsqu’à cinq minutes du terme, il a lâché quelques petits mots à Victor Osimhen et a serré le poing, lassé par une rencontre qui va certainement lui laisser quelques traces sur le corps. Il faut dire qu’à ce moment, l’attaquant carolo venait tout juste de s’essuyer (involontairement) les crampons sur le dos de l’artiste liégeois, complétant une œuvre collective qui n’avait qu’un seul but : le sortir de la rencontre. "Et ils y sont parvenus, malheureusement pour moi", pestait le Marocain à l’issue de la rencontre.
Cette action a été celle de trop pour lui car il a même demandé à Michel Preud’homme de le remplacer, alors que ses équipiers soulevaient sa vareuse pour montrer les traces de crampons à l’arbitre, histoire de lui faire sortir une carte jaune. "Chaque fois que j’avais la balle, on faisait une faute sur moi. Parfois, c’étaient simplement de petites interventions mais ça m’empêchait de jouer. C’était juste impossible de jouer au football."
Felice Mazzù avait un plan clair : ne pas laisser le moindre espace à Mehdi Carcela. Cela s’est traduit par une excellente première période de Nurio, qui l’a souvent empêché de se retourner, ou par un repli régulier de Cristian Benavente ou, en dernier recours, des fautes frustrantes qui ont souvent coupé le jeu. "Mais nous n’avions pas l’intention de matraquer un joueur du Standard. Mes joueurs ont évolué comme des hommes", éclairait le coach carolo.
Mehdi Carcela est certainement le joueur le plus imprévisible de la compétition, ce qui contraint ses adversaires à user de tous les stratagèmes lorsqu’il entame ses courses vers l’avant si percutantes qui mettent parfois deux ou trois hommes dans le vent. La saison dernière, Edmilson Junior avait, dans nos colonnes, poussé un coup de gueule contre le manque de protection des arbitres face aux trop nombreuses fautes adverses. C’est déjà cela qui avait, en quelque sorte, poussé l’actuel numéro dix à quitter le Standard, lassé de ne pas pouvoir mettre en place son jeu. "J’espère être plus protégé", confirmait-il encore samedi soir.
Il va surtout devoir apprendre à maîtriser ses nerfs, comme le font les meilleurs joueurs du globe. Ce week-end, il a encore été averti pour un geste de mauvaise humeur (ballon dégagé vers le banc de Charleroi). "Je comprends qu’il soit énervé mais nous, nous devons le calmer car s’il avait pris une deuxième jaune, on se serait retrouvé à dix", disait Guillermo Ochoa. "C’est quelqu’un de très important car il reçoit beaucoup de ballons et parvient à les garder. Il reçoit donc beaucoup de coups mais je trouve que les arbitres doivent faire attention aux joueurs de qualité."
Michel Preud’homme comprenait également cette réaction, évoquant de la "frustration" et un "traitement de faveur". Le problème, c’est que sortir Mehdi Carcela du match réduit considérablement la force de frappe offensive liégeoise, étant entendu que Paul-José Mpoku et Razvan Marin n’ont pas encore trouvé le bon rythme. Le Marocain est sans cesse recherché, quitte à ce que le jeu penche fort de son côté. "Mais on serait con si on ne jouait pas avec lui", poursuivait le gardien mexicain. "On n’a pas beaucoup de Carcela dans notre équipe. Il fait la différence et a beaucoup de qualités. Nous devons lui donner le ballon car il crée de l’espace, donne des passes décisives ou marque des buts. C’est notre Messi."
Un Messi qui est souvent descendu par les défenses. Mais qui ne réagit pas, ou alors très rarement. Un exemple qui doit inspirer Mehdi Carcela…
MPH : "Quand je vois le nombre de fautes de Nurio et de Benavente…"
"Je serai curieux de lire vos analyses dans la presse" , annonce d’entrée Michel Preud’homme après le nul face à Charleroi. "Je verrai alors si nous avons la même vision de la rencontre."
Le moins que l’on puisse écrire, c’est que l’entraîneur liégeois n’était pas heureux du sort réservé à Mehdi Carcela. Il l’a bien fait comprendre. C’est dans ce sens qu’il réclame que les fautes subies par le joueur durant la rencontre soient montrées du doigt.. "Quand je vois le nombre de fautes faites par Nurio et Benavente sur Mehdi, et qu’ils s’en sortent sans le moindre carton jaune, je me pose des questions. En plus, c’est nous qui terminons à dix."
MPH fait ici référence à la deuxième jaune reçue par Collins Fai dans les dernières secondes et qui le privera du Clasico à Anderlecht. Il prend aussi dans la foulée la défense de son n° 10, qui a semblé perdre ses moyens en fin de rencontre, au point de propulser le ballon en direction du petit banc des Zèbres, et même de demander son changement. Le Marocain était au bout du rouleau. "Nous avons essayé de calmer Mehdi ; il faut parfois accepter de recevoir des coups, mais aussi que certains joueurs réagissent. Mehdi a eu un geste de frustration et c’était compréhensible."
Avec toute son expérience, Carcela devra gérer ses émotions et rester dans son match, ce qu’il a reconnu de son propre chef : ‘Ils ont voulu me sortir de mon match et ils ont réussi. Mais j’aimerais être un peu mieux protégé par les arbitres."
Dix ans de carrière et 150 matches sous le maillot du Standard devraient l’aider à garder son sang-froid, mais les arbitres doivent aussi le protéger. Le Standard a tellement besoin de lui...