Mais quel est le problème d’Oday Dabbagh ? “En Belgique, il a perdu son talent de buteur d’Arouca”
Depuis le début de la saison, Oday Dabbagh cristallise les débats en enchaînant les mauvaises performances. Décryptage d’un problème qui explique la mauvaise saison des Zèbres.
- Publié le 25-04-2024 à 08h03
Peut-être que nous l’avions vu trop beau. Annoncé comme un crack devant le but, Oday Dabbagh devait enfin remplacer Shamar Nicholson et Vakoun Bayo, version premier passage, au Mambourg. Son recrutement avait été anticipé. Alors qu’il était le sixième meilleur buteur du championnat portugais à l’hiver 2022, Mehdi Bayat avait flairé le bon coup en le récupérant libre et gratuit pour cette saison en lui proposant un contrat de trois ans. “Il va mettre au moins 13, 14 voire 15 buts cette saison. Je n’ai pas de doute là-dessus”, avait pronostiqué l’homme fort du club en septembre dernier.
Mais la venue de l’international palestinien s’apparente à un flop avec ses 4 petites réalisations en championnat. Pire, le joueur de 25 ans n’a plus marqué depuis le 6 décembre dernier, en Coupe, à l’Antwerp. Et il faut remonter au 25 novembre pour trouver trace d’un goal en championnat, contre Westerlo. Ce dimanche, il a manqué trois énormes occasions face à Eupen qui auraient pu coûter très cher.
”En Belgique, il a perdu son talent de buteur d’Arouca”, analyse Francisco Sousa. Le journaliste portugais qui couvre Arouca pour DAZN et Radio Observador décrit un Dabbagh à la sauce lusitanienne bien différent de celui qu’on connaît en Pro League. “Chez nous, Oday a montré des qualités de finisseur. Il pouvait aussi soutenir ses coéquipiers grâce à sa capacité technique à garder le ballon et il épuisait aussi les défenseurs avec des mouvements variés vers la profondeur.”
Des choses qu’on a rarement vues durant cet exercice. Sous le maillot des Zèbres, Dabbagh, trop souvent statique, ne gagne que 35,4 % de ses duels, et sa moyenne de tir n’est que de 1,33 tentative par match selon les chiffres récoltés par Wyscout. Au niveau des expected goals, les chiffres sont tout aussi cataclysmiques avec 0,33 xG.
Autrement dit, l’attaquant carolo ne crée rien, et le match d’Eupen fait figure d’exception. “Pour moi, il a réalisé une bonne prestation car il a gardé davantage le ballon qu’à Courtrai et il était là dans la surface”, positive Rik De Mil. Pas assez toutefois pour le disculper totalement d’un premier exercice manqué. Pourtant, les raisons de croire encore à son potentiel existent.
Au Portugal, une éclosion lors de la deuxième saison
En Liga Nos, le numéro 9 du Sporting avait attendu la deuxième saison pour se faire un nom après n’avoir inscrit que… 4 buts en 23 matchs lors de ses 12 premiers mois. Des statistiques similaires à celles qu’il possède à Charleroi (4 réalisations en 21 rencontres). “Son adaptation n’a pourtant pas été difficile. Je me souviens d’ailleurs d’un beau but contre le Sporting Lisbonne pour sa première titularisation, poursuit Francisco Sousa. La différence, c’est qu’Arouca s’est battu pour son maintien. Ce n’était pas une équipe aussi offensive qu’en 2022-2023 où il a explosé, quand l’équipe a décroché le premier ticket européen de son histoire.”
Tiens, tiens, un cas de figure qui rappelle étrangement celui que vit Charleroi cette année. “Ensuite, les dirigeants ont investi dans des renforts. Mujica, Alan Ruiz et David Simao ont été très importants afin que Dabbagh montre enfin son potentiel, se souvient le reporter. Je garde l’image d’un joueur agile, adroit avec son pied gauche et rapide.”
Il a explosé quand les dirigeants ont investi dans des renforts.
Une dernière qualité qui peut surprendre. Depuis juillet, le transfuge carolo se distingue par la lenteur de ses courses. Sont-ce les séquelles de son opération au ménisque en avril 2023, qui lui a fait manquer les deux derniers mois de compétition avec Arouca, qui ont impacté sa vitesse et son sens du but ?
Il va encore marquer, ça, j’en suis sûr.
La guerre qui ravage son pays peut aussi expliquer ses prestations. “Dans mon cas personnel, je peux dire que les miens sont à l’abri car ils se trouvent un peu loin de Gaza mais vous savez, en Palestine, nous ne sommes jamais totalement en sécurité, nous avait-il confié à Doha lors de la dernière Coupe d’Asie. Au début, c’était vraiment compliqué quand je voyais la perte des civils. Maintenant, j’essaye de m’éloigner des informations car c’est trop dur de les entendre. Je cherche à ne pas consulter mon téléphone toutes les heures afin d’être concentré sur le terrain.”
Un pré et une surface adverse qu’il doit apprendre à nouveau à dompter. “J’ai confiance en lui. C’est lui qui a eu les occasions, ça veut dire qu’il est là. Il va encore marquer, ça, j’en suis sûr”, martèle De Mil. C’est ce qu’il fait déjà avec son équipe nationale, comme en témoigne son triplé face au Bangladesch lors de la dernière trêve internationale fin mars et ses trois buts en Coupe d’Asie en début d’année civile. Reste à voir si Dabbagh est encore capable de reproduire de telles performances quand le niveau des adversaires s’élève.