Ali Gholizadeh, un talent à façonner
Le nouvel ailier iranien de Charleroi a du football dans les pieds et pourrait devenir l’une des attractions de notre championnat. Mais il a encore des choses à apprendre.
- Publié le 08-08-2018 à 14h20
Le nouvel ailier iranien de Charleroi a du football dans les pieds et pourrait devenir l’une des attractions de notre championnat. Mais il a encore des choses à apprendre.
Le Kerhweg, samedi, 17 h 58. La rencontre entre Eupen et Charleroi est sur le point de débuter lorsque retentit l’hymne de la Pro League. Visages fermés, les Zèbres affichent un regard concentré, déterminé. Tous… sauf un. Ali Gholizadeh. L’Iranien, lui, est détendu et souriant. Il frotte même la tête du jeune gamin dressé juste devant lui. Un signe évident de confiance. Une confiance qui transparaît également sur le terrain.
À chacune de ses prises de balle, Gholizadeh a envie de jouer au football, de créer quelque chose avec le ballon, de donner du spectacle. Des qualités qui vont inévitablement faire de lui l’un des chouchous du public zébré, voire l’une des révélations de notre championnat. D’autant plus qu’à 22 ans, la marge de progression de l’Iranien est énorme. Mais pour devenir l’un des hommes phares de la Pro League, l’ancien joueur de Saipa (D1 iranienne) a encore des progrès à effectuer dans certains domaines.
1. LA COMMUNICATION
Ne parlant ni français ni anglais quand il est arrivé à Charleroi, Ali Gholizadeh a un peu débarqué dans l’inconnu, au début du mois de juillet, après avoir vécu la Coupe du Monde en Russie avec l’Iran, en tant que 24e homme. Et d’emblée, la communication avec ses équipiers et le staff a été compliquée. On se souvient notamment de cette scène hilarante où Mehdi Bayat, derrière le petit banc zébré, explique à Felice Mazzù comment dire "à droite", en persan, à son nouveau joueur.
Depuis, Gholizadeh a fait des progrès en anglais, une langue que Rezaei et Noorafkan, les deux autres Iraniens du Sporting, maîtrisent plutôt bien. On le ressent : la communication entre Gholizadeh et Mazzù s’améliore de jour en jour. Mais il faudra encore du temps pour que les deux hommes se comprennent parfaitement.
2. L’ALTRUISME
On l’a remarqué dès sa première apparition en match de préparation, face à Westerlo, Ali Gholizadeh est un joueur qui adore le ballon. Il aime accélérer balle au pied, dribbler, voire même tenter quelques grigris dont il a le secret. Mais il n’est pas rare de le voir en faire un peu trop… avant de perdre la balle, parfois bêtement. Lors du stage à Mierlo, il n’était pas rare d’entendre ses équipiers lui demander "Ali, give the ball !" ("donne ton ballon") pour que l’Iranien pense plus au collectif. Et pense à faire une bonne passe au lieu de tenter un dribble compliqué. Mais son splendide assist pour Rezaei et, plus globalement, sa deuxième mi-temps face à Eupen tendent à prouver qu’il assimile ce qui lui est demandé. Ce qui est de bon augure.
3. LE RESPECTDES CONSIGNES
On l’a constaté durant la préparation : Ali Gholizadeh est un joueur qui aime la liberté. Mais ses replacements défensifs ont déjà posé problème à l’une ou l’autre reprise, lors des amicaux notamment. Pour corriger cela, Felice Mazzù n’a pas hésité à arrêter l’entraînement à plusieurs reprises, ces dernières semaines, pour expliquer à son nouveau joueur comment se positionner en perte de balle. À Saipa, en Iran, Gholizadeh jouissait de beaucoup de libertés et n’était pas forcément impliqué dans le travail défensif de son équipe. À Charleroi, cela doit être le cas. Car en perte de balle, il a un rôle important sur son flanc et ne peut pas laisser le seul Marinos effectuer le travail défensif. C’est sans doute cet aspect de son jeu que l’ailier mettra le plus de temps à changer. Mais on peut compter sur Felice Mazzù pour le lui faire intégrer…
Une relation spéciale avec Benavente
L’analyse des statistiques InStat d’Ali Gholizadeh face à Eupen met en évidence plusieurs choses.
Il est déjà très complice avec Benavente. Les rencontres amicales l’avaient déjà laissé entrevoir : Gholizadeh et Benavente s’entendent bien sur le terrain. Les deux techniciens se trouvent facilement. Sur la pelouse d’Eupen, les deux hommes sont les Zèbres qui ont le plus souvent combiné ensemble. Vingt fois !
Encore un peu tendre dans les duels. Face au Pandas, Ali Gholizadeh n’a remporté que 4 duels, sur 15 disputés. Soit un sur trois, même ce n’est pas dans ce registre qu’il doit se distinguer.
Plus précis après la pause. Si Gholizadeh a eu du déchet avant la mi-temps face aux Pandas (13 passes réussies sur 21), il s’est montré beaucoup plus précis après le repos, avec 11 passes réussies sur 13 tentées (85 %).
Il perd encore trop de ballons. Samedi, l’Iranien a perdu onze ballons sur l’ensemble de la rencontre, dont deux dans sa moitié de terrain. Ce qui peut être dangereux, comme cela avait été le cas face à Mayence, en amical (but concédé).