Spajic déçu de la campagne mauve en C1: "Quand on demande le maillot d'un adversaire avant le match, on est battu d'avance"
- Publié le 22-11-2017 à 08h02
Uros Spajic est gêné par la campagne d’Anderlecht en Ligue des Champions. Il n’est à Anderlecht que depuis un peu plus d’un an, mais Uros Spajic est un clubman pur sang. Un clubman qui souffre en regardant le classement du groupe B de la Ligue des Champions. "Zéro point, zéro but marqué, quinze encaissés. Ça fait mal", dit le Serbe.
Prenez-vous encore plaisir à jouer la Ligue des Champions ?
(Après un soupir) "Il faut vraiment qu’on joue pour l’honneur. Je suis touché dans mon amour-propre en voyant notre campagne. J’espère que tout le monde pense comme moi."
On vous sent gêné.
"Oui, c’est vrai. Quand je parle avec mes amis, après un match de Ligue des Champions, je me demande comment c’est possible. Honnêtement, je préfère jouer les quarts de finale en Ligue Europa que de prendre cinq buts par match en Ligue des Champions."
Comment a-t-on pu en arriver là ?
"On a une poule compliquée, mais même au tirage, je me disais qu’on pourrait faire mal à chaque adversaire. Puis, il y a eu des changements d’entraîneurs, des changements de tactique en dernière minute…"
Comme Kums au libero au Bayern ?
"Oui, ou la défense à cinq contre le Celtic, à domicile. On n’avait jamais joué ainsi. Le Celtic a pu jouer comme si c’était Barcelone : il avait 70 % de possession du ballon."
Vous n’avez rien à perdre contre le Bayern…
"Si ! Notre orgueil. Encore se prendre cinq buts serait une catastrophe. Il y a des pires équipes que nous en Ligue des Champions, mais nous avons le plus mauvais bulletin de tous. La bonne réputation qu’on avait construite en Ligue Europa la saison passée, est complètement fichue. On doit croire qu’on peut gagner un point contre le Bayern ! On doit avoir moins de respect pour l’adversaire. Comme ces échanges de maillots…"
Vous n’étiez pas intéressé par le maillot de Neymar ?
"J’étais blessé, donc je n’ai pas pu le lui demander. Mais je ne l’aurais de toute façon pas fait. Quand on se prend cinq buts, ça ne se fait quand même pas ? Quand on va demander le maillot d’un joueur avant un match, c’est normal qu’on encaisse autant de buts par après. Quand on joue bien, on a le droit de demander un maillot. C’est mon avis."
À vous de vous mesurer à Lewandowski, ce mercredi soir.
"Pour moi, c’est le meilleur centre-avant au monde. Je ne me souviens pas d’un match dans lequel il n’a pas marqué (NdlR : il a marqué dans 10 des 12 matchs de championnat) . C’est un tueur exceptionnel. Mais je donnerai le maximum."
Votre campagne personnelle a été un échec à cause de votre blessure à la cheville.
"Encourue contre le Celtic. Les docteurs pensaient que ma cheville était cassée. Malgré cela, je suis remonté sur le terrain. C’est comme si je jouais sans jambes. Je suis un fou, je le sais."
Et puis, deux cauchemars contre le PSG.
"La veille du match à domicile, je me suis entraîné, alors que je n’étais pas prêt. J’étais présent, mais en même temps absent. En tout, on m’a mis trois ou quatre infiltrations. J’ai aggravé ma blessure. J’aurais dû accepter que la nature fasse son travail."
Et puis ce tacle de Kums au PSG. Vous pleuriez, caché sous votre maillot, pendant qu’on vous transportait sur le brancard ?
"Pas vraiment pleurer, mais il était difficile de retenir mes larmes. Je me disais : ‘Pourquoi encore moi ?’ Sven était embêté. Mais heureusement, en me levant le lendemain, je savais marcher. J’ai même joué contre Bruges…"
"Bruges n’est pas si impressionnant"
Anderlecht devra sauver sa saison via le championnat de Belgique. "J’ai l’impression que c’est plus difficile de gagner des matchs en Belgique que la saison passée", estime Spajic. "Je ne sais pas si c’est à cause de nous ou suite à la force des adversaires. Le championnat est plus serré." Bruges est le favori n° 1. "J’ai vu Bruges - Beveren à la télé. Vous savez quoi ? Je ne trouve Bruges pas si impressionnant que cela. Si Beveren reçoit un penalty à 0-0, c’est un autre match. À nous de tout faire pour que l’écart de neuf points ne s’agrandisse pas, jusqu’à notre visite au Club." Le programme du Sporting est plus compliqué. "Je sais, mais ce n’est pas une excuse. On est Anderlecht. Si les résultats ne sont pas bons, tout le monde vous tue , et c’est normal. J’ai le sentiment que ce sera une longue saison, qui ne se décidera qu’au sprint final…"
"Le Mondial ? J’ai bon espoir…"
Les concurrents de Spajic sont plus âgés ou jouent peu dans leur club.
L’enjeu pour Spajic est énorme, ce soir. S’il parvient à faire bonne impression face à Lewandowski, il marquera des points en vue du Mondial. Spajic a été repris quatre fois lors de la campagne de qualification, mais n’a pas joué une minute.
Spajic ne faisait pas partie de la sélection serbe qui est partie en Chine et en Corée du Sud. "À cause de ma blessure", dit-il. "Le nouveau coach fédéral (NdlR : Krstajic, qui vient de remplacer Muslin) m’a appelé deux semaines avant l’annonce de sa sélection. On s’est mis d’accord : il était préférable que je me soigne au club. D’ailleurs, la moitié des titulaires - comme Matic et Milivojevic - a déclaré forfait pour ce déplacement fatigant en Asie."
Spajic a bon espoir d’être dans les 23. "Mais je n’ose pas trop le dire, par superstition. De toute façon, je sais que je serai titulaire un jour. Mes concurrents sont des joueurs plus âgés, comme Ivanovic du Zenit ou Tosic de Besiktas. Et puis, il y a des joueurs qui jouent moins en club, mais qui sont repris en équipe nationale (Maksimovic de Naples et Vukovic de l’Olympiacos)."
L’autre Serbe d’Anderlecht, Ivan Obradovic, sera certainement présent en Russie. "À sa place, il n’a qu’un concurrent : Kolarov. Sauf mauvaise surprise, il sera repris. À moi de réaliser une bonne saison à Anderlecht pour que mon rêve se réalise."
"Un transfert ? Mon ‘non’ était formel"
L’été passé, après seulement une saison à Anderlecht, Spajic aurait pu partir. "Oui, il y avait une offre très concrète", confirme-t-il. "Non, je ne vais pas vous dire le club… J’ai catégoriquement refusé. Je n’ai même pas discuté avec ce club. Je voulais rester à Anderlecht. Il y a beaucoup de joueurs qui veulent un transfert, et dont on n’entend plus rien par après. Je voulais jouer la Ligue des Champions, je voulais faire une bonne saison en vue du Mondial. Si je partirai en janvier ? On ne sait jamais, mais je ne pense pas. Et l’été prochain ? On verra. Je veux surtout gagner un nouveau titre, ici à Anderlecht…"
"Obradovic est mon frère"
Spajic ne pourra pas compter sur Obradovic, qui est encore malade. "Lundi, il avait encore de la fièvre", indique Spajic. "Il a connu des semaines difficiles, mais il a fait un bon match contre Bruges. Sous Weiler, il n’avait pas joué non plus en début de saison, puis il est devenu titulaire. J’espère qu’il va rester, il est comme mon frère. Même quand on est en Serbie, on se côtoie souvent."
"J’espère encore rencontrer un Kara dans ma vie"
La saison passée, le duo Kara - Spajic était le meilleur de Belgique. "À deux, nous avons une force particulière", sourit le Serbe. "J’espère que dans ma carrière, je trouverai encore un défenseur avec qui je m’entends si bien sur un terrain. Hélas ! cette saison, on n’a pu jouer que 50 % des matchs ensemble, à cause de nos blessures. Qui de nous deux est le plus fort ? Il est un monstre de 100 kilos. Moi, je n’en pèse que 82 ou 83. Si on se voit hors du foot ? De temps en temps, mais il est souvent en famille. J’espère le rencontrer au Mondial !"