Le 50-50 de Bryan Verboom: "Avec Francky Dury, on devient adulte"
Bryan Verboom trace sa route avec la même détermination que celle qu'il affiche depuis quatre saisons sur le flanc gauche de Zulte Waregem. Entre une jeunesse carolo, une formation anderlechtoise, des envies d'ailleurs et un rêve diabolique, un entretien en 50 questions s'imposait avec celui qui pourrait un jour venir gonfler les rangs de l'équipe nationale. Rencontre.
- Publié le 03-05-2016 à 11h58
- Mis à jour le 19-05-2016 à 14h37
Après Vanhaezebrouck, Berrier, Ferrera, Depoitre et Butelle, pour le sixième volet de notre rubrique "50-50", nous avons rencontré Bryan Verboom à Waregem. Le back gauche du Essevee revient avec nous sur ses années à Anderlecht, son départ pour Zulte Waregem et ses espoirs de rejoindre un jour son pote Jordan Lukaku chez les Diables rouges. Le tout avec une "coolattitude" qui sied à ce jeune gars zen, souriant et patient. Entretien.
En quatre saisons à Zulte Waregem, Bryan Verboom a connu un quasi-titre de champion, une saison automne-hiver enrichissante en Europe, une année sans et, cette saison, une qualif' rocambolesque pour des playoffs (pour l'instant) difficiles. Des états de service suffisants pour prendre du galon au niveau belge, où le joueur de vingt-quatre ans trace sa route avec la même détermination que quand il fonce sur son flanc gauche. Au point de garder le rêve diabolique dans un coin de sa tête. Mais c'est avant tout un jeune adulte à la tête bien fixée sur les épaules que nous avons découvert...
1 | Les playoffs sont un peu difficiles pour Zulte Waregem. Comment expliquer cette mauvaise passe ?
C'est simple, on a déjà eu des difficultés à se qualifier, donc, on savait que ça serait compliqué pendant ces playoffs 1. C'est une autre ambiance. Il y a plus de pression, étant donné qu'on joue chaque semaine contre une équipe du top. On doit être prêt et malheureusement, on ne l'était pas sur certains matches.
2 | Y a-t-il eu un relâchement après l'accession aux playoffs ?
La qualification nous a fait du bien, car on voulait vraiment les jouer. Vu le contexte, on était d'autant plus content. Mais la saison n'est pas finie. Les PO1, ce sont dix top matches. Ici, il n'en reste que cinq, mais j'espère qu'on ne va pas jouer ces playoffs pour le simple plaisir de les jouer, mais en faisant vraiment quelque chose. Ces playoffs, c'est aussi l'occasion de prendre de l'expérience en plus. Même si on n'est pas en réussite, on est confronté à quelque chose de plus dur. On progresse, on emmagasine de l'expérience. Si on gagne contre un club de playoffs 2, OK, c'est bien, mais on n'apprend pas grand-chose."
3 | Les difficultés sont notamment défensives. Comment le vivez-vous en tant que latéral ?
Ca ne prend pas, mais cela ne date pas des playoffs 1, mais bien depuis le début de la saison. On n'est pas étonné. On a envie de faire mieux, mais on n'y arrive pas. On a déjà essayé plusieurs joueurs, mais on a toujours ces mêmes problèmes. On encaisse trop de buts, sur des erreurs de position, des détails... Et en PO1, ça se paye cash.
4 | La défense a subi un sacré coup avec la blessure de Karim Essikal. Comment va-t-il ?
Essikal était à l'hôpital, mais là, il est à la maison et se repose. Il ne jouera plus cette saison. Et Christophe Lepoint, ça va, il a repris, il a toujours un peu mal, mais ça va aller. C'est choquant d'aller voir un équipier à l'hôpital, c'était un peu bizarre. Malheureusement, Karim s'est battu pour les playoffs 1 et les rate à cause d'une blessure. A son âge (NdlR: il a vingt ans), c'est rageant. J'espère qu'il saura y participer à nouveau et évoluer positivement.
5 | Est-ce que la sortie médiatique d'Mbaye Leye vous a fait du bien ?
Oui, pour certains. Les joueurs concernés le savent: ils doivent se réveiller. Parfois, il faut des discours comme ceux-là pour réveiller les gens. Malheureusement, ça n'a pas porté ses fruits. Espérons que cela aura un impact dans le futur. Mais si le coach et le capitaine ne disent pas cela, alors, qui va le faire ? Le coach, lui aussi, tente de nous recadrer en nous disant quoi faire. Mais ça ne marche pas toujours...
6 | Vous et Leye étiez déjà là en 2012-2013, quand vous aviez terminé vice-champion, c'est utile de se servir de cela pour rebondir ?
Oui, mais c'était différent. Parler du passé est facile, mais on n'a plus la même équipe, plus les mêmes joueurs. La qualité est aussi différente. Il y a moins de qualités qu'à l'époque. On aura donc moins de bons résultats, mais c'est logique.
7 | Francky Dury est à Zulte Waregem depuis longtemps et s'inscrit dans un projet à long terme. Comment le vivez-vous ?
Pour un joueur, c'est mieux d'avoir le même coach, évidemment, car changer tout le temps d'entraîneur n'est pas facile. Depuis que je suis ici, je joue avec Francky Dury. Et tout se passe bien. Il sait comment je joue, on se connaît par coeur. Il n'y a aucun souci. En quatre saisons, il m'a fait progresser à tous les niveaux. C'est grâce à lui que je joue en première division. Il veut toujours développer ses joueurs et il y parvient vraiment. Avec lui, on devient un adulte. Je suis arrivé ici alors que j'étais jeune et j'ai grandi. C'est aussi le cas avec d'autres jeunes joueurs, qui ont grandi grâce à Dury.
8 | L'ambiance familiale de ce club vous aide également à grandir ?
Oui, car on a moins de pression, plus de temps pour nous développer. Mais si on perd, cela pose problème aussi. Mais peut-être pas comme ailleurs. Le plus important est d'avoir une réaction. La plupart du temps, on réagit quand on perd, Le prochain match, on doit donc le gagner (sourire).
9 | Zulte Waregem grandit, mais peine un peu à passer un cap comme Genk ou Gand. Que manque-t-il à ce club pour venir titiller le top ?
Je pense que ça arrivera, mais pas encore tout de suite. Il faut encore du temps. On connait tous Zulte Waregem, mais ce n'est pas encore le plus grand club de Belgique. Il est en train de se développer. Comme avec les joueurs. On refait le stade, on a un nouveau centre de formation. Quand tout ça sera en place, le Essevee sera plus fort.
10 | Quand on évoque votre équipe, on voit plus un gros collectif, mais il y a tout de même des individualités qui en ressortent, comme le meilleur passeur du championnat par exemple...
Oui, on est tous bons, hein ! (rires) Collectivement et individuellement, je pense qu'on est très bon. Mais on fait aussi des erreurs. Je m'entends très bien avec Onur Kaya (NdlR: actuel meilleur passeur du championnat avec quinze assists), sur et en dehors du terrain. C'est aussi grâce à ça que quand je joue avec lui, ça donne quelque chose de bon. On se donne à fond pour que notre flanc gauche fonctionne. Avec lui, on n'a pas eu trop trop de soucis cette saison. On se connaît très bien, donc, si je monte et qu'il perd la balle, il va se battre. Et je serai aussi derrière lui pour rattraper une erreur. S'il pouvait finir meilleur passeur et Mbaye meilleur buteur, ça serait bien.
11 | C'est votre quatrième saison ici, cela fait presque de vous un ancien. Vous donnez des conseils aux jeunes ?
Je parle vite fait avec certains jeunes. Mais ce sont surtout aux plus grands du vestiaire comme Mbaye Leye ou Christophe Lepoint de nous guider. Moi, je suis entre les deux on va dire. Je ne suis plus un jeune, mais pas encore un vieux (sourire). Être un leader, ce n'est pas vraiment mon rôle. Je peux le faire, mais ici, on en a déjà.
12 | Avant d'évoluer à Zulte Waregem, vous étiez à Anderlecht. Cela aurait été plus difficile de percer au Sporting ?
Oui, surtout qu'à l'époque, percer là-bas, c'était vraiment dur. Quand j'ai eu l'opportunité de partir à Zulte Waregem, je l'ai directement saisie. Je me suis dis 'Je vais jouer mes matches et ensuite, on verra'. A Anderlecht, je ne pense pas que j'aurais joué tout de suite. J'avais envie de jouer en division 1, je ne voulais plus jouer en réserves. J'avais déjà assez perdu de temps là-bas.
13 | Vous avez pourtant signé un contrat pro en 2011 chez les Mauves, quel était le discours alors ?
On ne m'a jamais promis que j'allais jouer, mais j'étais dans le noyau A et je m'entraînais bien. Mais le plus important, c'était le week-end et je ne jouais jamais. Moi, j'avais besoin de jouer. C'est pour ça que j'ai décidé de partir. A l'époque, il n'y avait pas cette politique de jeunes du centre de formation qui intégraient l'équipe et y jouaient. Mais depuis lors, les choses ont changé et ils prennent plus de jeunes. Quand j'étais là, je pense que Romelu Lukaku était le seul à avoir reçu sa chance.
14 | C'était frustrant de voir des joueurs confirmés arriver à votre poste ?
A Anderlecht, au back gauche, il y en a eu beaucoup, beaucoup. A un moment, je pense qu'il y a eu Safari, Diogo, Oli (NdlR: Deschacht), Jordan Lukaku et moi. On était là, mais il y avait toujours d'autres latéraux qui venaient pour repartir après. Les dirigeants n'avaient manifestement pas confiance en nous. Avec Jordan, on ne discutait pas vraiment de ça à l'époque. Mais quand j'ai quitté Anderlecht, je voyais que d'autres jeunes du club voulaient suivre le même chemin que moi.
15 | Pensez-vous qu'il vous serait plus facile de percer à Andelecht, si vous aviez dix-neuf ans aujourd'hui ?
Je pense que oui, Là, ils ont vu qu'ils avaient de bons jeunes et qu'ils ne les ont pas assez faits jouer.
16 | Mais la pression est plus forte pour les Tielemans et autres Praet.
Oui, c'est dur. Mais Tielemans, il est jeune, il faut lui laisser le temps. Il ne peut pas porter l'équipe à dix-huit ans. S'il y arrivait, ça voudrait dire que c'est un génie. Et si c'était un génie, il ne serait plus à Anderlecht.
17 | Qu'avez-vous appris au contact de l'équipe première d'Anderlecht ?
Beaucoup ! Il y avait de sacrés joueurs, d'une grande qualité. Chaque jour j'apprenais quelque chose. Quand je m'entraînais là-bas, c'était plus enrichissant qu'un match de réserves. Intensité, duels, technique, tout. Si on ne dormait pas bien la nuit, c'était la galère aux entraînements le lendemain. Ca m'a responsabilisé en tant que personne. J'ai aussi grandi grâce à eux.
18 | Etes-vous toujours en contact avec ces joueurs ?
Oui, bien sûr. Avec Fernando Canesin, Bruno Godeau, qui vient de nous quitter, Massimo Bruno...
19 | Ça vous paraît possible de revenir un jour par la grande porte à Anderlecht ?
Ça serait bien. Anderlecht, c'est un club que j'ai toujours aimé, depuis que je suis petit. Je suis né là-bas. Mais là, je n'y ai pas pensé. Je ne le verrais pas comme une revanche, vu que je n'ai pas de problème avec eux. Je ne leur en veux pas. Ils ont fait leur choix, moi j'ai fait le mien en poursuivant ma carrière à Zulte Waregem. Et ils l'ont accepté. On ne peut pas toujours être d'accord.
20 | On parle d'Hein Vanhaezebrouck l'an prochain, en plus !
Ca serait top (sourire). Son système de jeu me convient, avec des latéraux qui montent. Si je pouvais travailler avec un entraîneur de ce type un jour, ça serait vraiment bien.
21 | A Anderlecht, vous avez été sous les ordres d'Ariel Jacobs et John van den Brom...
J'aimais bien Ariel Jacobs. Je m'entendais bien avec lui. Il me parlait beaucoup. Il m'a souvent félicité, m'a dit que ce que je faisais sur le terrain et aux entraînements, c'était bien. Mais ce n'était pas forcément lui qui faisait ses choix. Je pense que parfois, on a peut-être pu lui imposer des joueurs. Avec John van den Brom, le contact était moins spécial. Mais quand il est arrivé, il y avait trop de joueurs. Pas uniquement à mon poste d'ailleurs. Je ne sais même pas s'il connaissait tout le monde à son arrivée. Il y avait deux équipes ! Pour partir en stage, il a dû faire une sélection, tellement on était nombreux. J'en étais, tant mieux, mais pour jouer, c'était impossible. Mais il avait un contact avec les jeunes, il parlait avec tout le monde, il s'en foutait que tu aies dix-huit ans ou que tu sois un ancien... A Zulte Waregem, c'est plus facile car il y a moins de pression. Anderlecht a plus de moyens: s'ils veulent trouver un joueur, ils le trouveront facilement. Ici, c'est différent. Ils ne peuvent pas avoir n'importe quel joueur. Et s'ils en ont un qui a des qualités, ils vont tenter de l'aider à se développer et vont se donner à fond avec lui plutôt qu'aller en transférer un nouveau.
22 | Ça reste une déception de ne pas avoir percé à Anderlecht ?
Oui, car quand j'y ai signé avec les jeunes, c'était pour y réussir. Malheureusement, cela ne s'est pas fait. J'étais déçu. Mais aujourd'hui, c'est du passé.
23 | Vous auriez pu être prêté au White Star, mais vous n'y êtes finalement jamais allé.
Ça ne me parlait vraiment pas. On m'a dit 'Vas-y, vas-y'. C'était Felice Mazzù qui était l'entraîneur, mais je ne le connaissais pas à l'époque. Je n'avais pas envie d'aller là-bas, pour rien au monde. En deuxième division, on ne te regarde pas de la même façon. J'avais peur de rater ma carrière. Je me posais trop de questions pour aller là-bas. On m'a aussi proposé Charleroi, un club que je connais (NdlR: il y a évolué chez les jeunes jusqu'à ses seize ans). C'était Yannick Ferrera qui me voulait. Mais j'ai regardé leur calendrier et ils avaient un programme compliqué en début de saison. Et le président de l'époque, Abbas Bayat, était un peu spécial. Je me suis dit que j'allais attendre avant d'aller là-bas, au cas où l'entraîneur se ferait renvoyer au bout de deux semaines. Finalement, ça s'est bien passé, mais entre-temps, Zulte Waregem est arrivé.
24 | Comment s'est déroulé votre transfert d'Anderlecht vers Zulte Waregem ?
J'ai directement su que c'était la bonne solution pour me développer, même si j'avais un bon souvenir de Charleroi et beaucoup de proches dans la région. Je voulais être sûr d'arriver dans un club stable. Et puis, j'avais beaucoup d'amis qui y jouaient: Thorgan Hazard, Junior Malanda, Habib Habibou. En plus, le back gauche venait de partir. Je suis donc venu sans hésitation.
25 | Après un prêt d'une saison, vous avez ensuite été transféré pour 200.000 euros: le casse du siècle !
Exactement (rires). Je me suis dit que si je rentrais à Anderlecht après mon prêt, j'aurais du mal à quitter le club, car ils risquaient de demander trop d'argent. Parfois, pour certains joueurs qui n'avaient rien fait, ils demandaient beaucoup. Moi, je venais de faire une saison complète, d'être vice-champion: ils allaient demander trop. En plus, avec Zulte Waregem, on était en Europa League, donc, j'ai préféré poursuivre mon séjour. Je n'ai même pas parlé avec Anderlecht. Je n'ai parlé qu'avec le Essevee, qui avait les cartes en mains avec cette option d'achat.
26 | L'Europa League, vous avez envie d'y goûter à nouveau, on imagine ?
Oui ! C'est trop bien de la jouer. T'es comme une star. Tu voyages, tu prends l'avion, tu vas à l'hôtel, tu t'entraînes au stade la veille du match, tout ça. C'est comme dans un rêve.
27 | Cela fait maintenant quatre ans que vous jouez ici. Il va falloir penser à l'avenir...
La saison s'achève et j'aimerais passer un cap. J'en ai déjà discuté avec le club mais parler, c'est facile. Il faut prouver sur le terrain et quand les opportunités viennent, il faut savoir faire le bon choix. Il y a déjà eu de l'intérêt. Norwich ? Oui c'est vrai. Marseille ? C'était quand j'étais encore à Anderlecht. Mais je n'ai jamais eu de contrat à signer sous mes yeux.
28 | Vous préférez rester au top en Belgique ou quitter le pays ?
J'aimerais passer un cap, mais à l'étranger. Je connais la Belgique. Mais il n'y a pas un pays en particulier qui me fait rêver. J'aime le foot français, le foot allemand. Le foot anglais aussi, évidemment. Mais je ne me vois pas maintenant en Premier League. Je dois d'abord passer par un championnat intermédiaire.
29 | Vous êtes ami avec Massimo Bruno, qui a fait un pari: passer par l'Autriche pour ensuite rejoindre la D2 allemande et probablement bientôt la Bundesliga. Auriez-vous osé faire ce pari ?
C'était risqué, oui, mais il faut voir quel était le plan sportif. Si tout va bien, l'an prochain, il est en Bundesliga (NdlR: Leipzig est actuellement deuxième de la deuxième division allemande, cinq points devant Nüremberg alors qu'il reste deux matches à disputer). C'est donc un bon choix. Mais on ne parle pas vraiment de football à deux. C'est un ami très proche donc on parle de plein d'autres trucs (sourire).
30 | Et avec des joueurs comme Adnan Januzaj ou Luis Pedro Cavanda, qui font aussi partie de votre entourage ? Vous parlent-ils de leur quotidien ?
J'ai déjà parlé avec Adnan de son passage à Dortmund. Il me disait à quel point c'était difficile. En perte de balle, le travail à fournir est très dur. Les Allemands sont vraiment hards avec ça. Il avait du mal. Mais bon, l'étranger, cela reste différent, ça fait rêver. Ma progression passe par là.
31 | Aller à l'étranger, c'est aussi nécessaire pour rejoindre l'équipe nationale ?
Oui, je pense. Mais je ne suis pas en pré-sélection pour l'instant et il n'y a pas de contact avec Wilmots ou son staff. En début de saison, j'ai dit que j'étais candidat à l'Euro, mais là, je n'y pense plus trop. Pour être en équipe nationale, je dois d'abord faire de bonnes choses avec mon club. Et si je parviens à obtenir mon transfert à l'étranger en fin de saison, alors j'y penserai. Mais là, ce n'est pas dans ma tête.
32 | Mais on voit que Marc Wilmots prospecte en Pro League. Cela vous permet d'espérer.
Oui, cela me donne de l'espoir. On sait qu'il nous regarde. S'il m'appelle, tant mieux pour moi, mais vraiment, je n'y pense pas pour le moment. Ostende a fait une meilleure saison que nous et Jordan Lukaku est devant moi. J'ai mon propre style de jeu et lui a le sien. Laurens De Bock a aussi été Diable rouge. Lui et Jordan, ce sont deux joueurs avec qui j'ai joué en équipe nationale espoirs. Donc, je me dis que si eux l'ont été, alors pourquoi pas moi ?
33 | Wilmots s'est parfois montré frileux vis-à-vis des latéraux qui montent beaucoup. Cela pourrait-il vous jouer des tours ?
Ah, s'il pense comme ça, oui. Mais il y a plusieurs types de latéraux. Libre à lui de prendre un latéral très défensif et un latéral plus offensif (rires). Plus sérieusement, je ne vais pas changer mon style. Si je joue différemment, cela ne serait pas naturel et je ne serais peut-être plus aussi efficace.
34 | Chez les Espoirs, vous avez été au contact de Johan Walem. Qu'en retirez-vous ?
C'est formateur. Je l'avais aussi connu à Anderlecht. Au niveau tactique, il est très bon défensivement. On apprend beaucoup. Il aime ça. Il a le style italien. C'est tout le monde derrière (rires). Enfin j'exagère mais quand on est en phase défensive, il faut répondre présent, ne laisser aucun espace. Il apprend beaucoup cela.
35 | Vous avez côtoyé l'équipe espoirs, dont on attend beaucoup. Comment la voyez-vous cette génération ?
Certains joueurs sont déjà prêts. Yannick Carrasco, Michy Basthuayi et Thorgan Hazard, ce sont ceux qui sont sur le podium. Il faudra voir comment les autres vont progresser dans les prochaines années. S'ils évoluent tous positivement, ce seront eux les futurs Diables.
36 | Il y a quelques années, vous disiez être encore un peu trop nonchalant, que vous deviez progresser dans ce domaine. L'avez-vous fait ?
Oui, je pense. Au début, quand je jouais en D1, je ne me prenais pas la tête, je ne réfléchissais pas. Je voulais faire quelque chose, ben, je le faisais. Mais maintenant, il faut grandir, je deviens un homme. Aujourd'hui, toutes ces bêtises, j'ai arrêté.
37 | Autre atout: vous marquez pas mal, pour un défenseur (NdlR: il en est à trois buts et quatre assists cette saison, total de la saison dernière égalé).
Je suis un ancien attaquant, c'est pour ça. Mais pour moi, c'est le minimum. OK, je suis défenseur, je dois défendre, mais si je monte souvent, alors je dois marquer. Car si c'est pour monter et ne rien apporter, alors cela ne sert à rien. Donc, quand je me montre décisif, c'est tout bon. C'est chez les jeunes que j'ai appris à monter depuis la défense. Au début, je restais derrière, puis on m'a appris à donner quelque chose devant. Et j'y prends du plaisir. Depuis lors, je le fais toujours et j'éprouve autant de plaisir à donner un assist qu'à marquer. Francky Dury a vu mes qualités. Et il m'a fait évoluer.
38 | Vous ne vous voyez pas encore au top et dites préférer une étape intermédiaire. Pour améliorer quoi ?
Ce n'est pas forcément pour améliorer quelque chose en particulier, mais plus pour ne pas brûler les étapes. Il y a très peu de joueurs - et encore moins de défenseurs - qui sont passés de notre championnat directement à la Premier League. Je ne veux pas me noyer. Il y a aussi une question de rythme, même si on vit un peu ça ici avec les playoffs. En Premier League, ils jouent beaucoup de matches par saison, avec une intensité différente. Il y a le championnat, deux Coupes et parfois l'Europe. Cela n'a rien à voir avec la Jupiler Pro League.
39 | Cela vous fait peut-être "peur" physiquement ?
Non, physiquement, je me sens très bien. Je peux courir longtemps, il n'y pas de souci avec ça. Le faire toutes les semaines, c'est costaud, certes, mais les entraînements sont adaptés en fonction de ça. Quand on a trois matches sur la semaine, le rythme des entraînements est plus léger. Il faut juste savoir s'adapter.
40 | En Europa League, vous aviez senti une différence de niveau, de rythme ?
Non, c'était la même chose que pendant les playoffs. On s'entraînait moins, mais l'exécution est plus rapide. Par contre je me souviens du match contre le PSV, pour se qualifier en Champion's League. C'était notre premier match européen. On n'était pas prêt. On ne s'attendait pas à ça. Quand on est monté sur le terrain, on pensait que ça serait comme en championnat. Ou peut-être un peu plus dur, comme un match contre Anderlecht. Mais ça n'avait rien à voir. C'était plus dur. On a appris de cette défaite. On a vu qu'on n'était pas prêt et l'Europa League nous a fait du bien. On a terminé troisième ex-aequo avec le deuxième et malheureusement, on ne s'est pas qualifié. Mais l'Europa League était plus adaptée à notre niveau que la Champion's League, je pense.
41 | Une carrière à la Eliaquim Mangala, qui est allé à Porto avant City, c'est ça que vous visez ?
Il a fait de bons choix. Porto ne joue pas dans le meilleur championnat, mais est toujours en Europe, en Ligue des Champions. On y apprend beaucoup. Aller en France dans un club qui joue l'Europa League serait bien. Mais si on m'envoie à Porto, j'y vais direct (rires). Cela dit, je me sens bien ici et je me concentre actuellement sur Zulte Waregem.
42 | Vos références à votre poste, qui est-ce ?
C'est Marcelo, du Real Madrid, qui est d'ailleurs l'équipe qui me fait rêver en Europe, avec Chelsea. C'est le meilleur pour moi. Je regarde des vidéos de lui parfois. Je regarde les matches. Par exemple, durant le match entre City et le Real, j'ai regardé le défenseur brésilien attentivement. Pour observer ce qu'on ne voit pas forcément directement, notamment quand il n'a pas le ballon, ses déplacements...
43 | Quel a été l’adversaire qui vous a fait le plus suer dans votre carrière ?
En championnat, c'est difficile à dire... Canesin ? Non, surtout pas (rires). Contre le PSV, à droite, c'était Zakaria Bakkali. Ce n'était pas facile. C'est un petit, il aime trop courir, lui. Il m'énervait. Il faut qu'il se calme un peu (rires). En tout cas, Suarez d'Anderlecht est fort, un joueur du top. Massimo Bruno ? Il est très fort aussi, mais je n'ai jamais joué contre lui. On se réjouissait à chaque fois de jouer l'un contre l'autre, mais il y avait toujours quelque chose: l'un ou l'autre ne jouait pas ou était de l'autre côté du terrain. Lui, il est explosif, il court vite et est technique. Je suis explosif aussi, mais Massimo l'est plus que moi.
44 | Et si vous n'êtes pas à l'Euro, d'où le regarderez-vous ?
Je vais voir ça de Marbella. Mes vacances sont donc réservées.
45 | Vous êtes issu d'une famille nombreuse. Votre rapport est assez fort avec votre clan. Dans quelle mesure vous soutient-il ?
Je suis quelqu'un d'assez calme. J'ai besoin d'eux, de mes amis proches. Sans eux, je serais différent. J'aurais moins de motivation. A la maison, j'essaye d'être avec mes proches. Je suis alors posé. J'oublie le stress du foot. Ça me donne de l'énergie et je me prends moins la tête. Quand j'ai vécu une période difficile à Anderlecht, où je m'entraînais sans jouer, je parlais avec eux, avec mon agent, mais tout le monde a bien géré cela.
46 | La journée-type de Bryan Verboom, c'est quoi ?
Je me réveille à 7:45, je me prépare pour aller à l'entraînement. J'arrive au club à 8:20, puis je prends mon petit-déjeuner, jusque 9:00. Là, soit je reçois des soins, soit on parle entre nous, jusque 10:15. A 10:30, il y a l'entraînement. A 12:45, on mange après la session. A 13:00 je rentre chez moi, où je fais une sieste, je joue à la Playstation. Puis le soir, je mange comme tout le monde, puis je me repose. C'est la fin de saison, on est plus fatigué qu'en début d'exercice, sans oublier que ce sont les playoffs, donc j'essaye au maximum de rester chez moi, de me reposer en vue du week-end. On est libre deux jours après le match. Si on joue le samedi, il y a décrassage le dimanche matin, puis directement après l'entraînement, je rentre voir ma famille à Charleroi jusque lundi soir. Mes amis sont aussi de Charleroi ou de Bruxelles, mais ils ont plus le temps de venir me voir.
47 | Ce sont des gens issus du milieu du foot ?
Non, ce ne sont pas seulement des gens issus du foot. La plupart sont des amis d'enfance que je connais depuis longtemps et dont je suis proche. Si un départ à l'étranger serait difficile à gérer par rapport à eux ? Ils peuvent venir avec moi, je n'ai pas de souci avec ça. Je n'ai pas de femme, pas d'enfants, donc s'ils veulent venir, ils sont les bienvenus (rires).
48 | Et dans le club, de qui êtes vous proche ?
Onur Kaya, Alessandro Cordaro, Christophe Lepoint, Mbaye Leye... On fait parfois des repas entre nous. Ce soir par exemple, on a un repas chez Mamé Thiam.
49 | Vous nous avez dit que vous aimez jouer à la console. Vous connaissez votre cote à FIFA ?
Non pas vraiment. 70 ? Ah ça va. J'ai déjà utilisé mon joueur, il est fort, ça va ! Il est rapide sur son flanc, il court bien ! Ils m'ont bien fait, je suis content. Mon visage n'a pas de détails, mais il est bon (rires). Peu importe d'avoir mon vrai visage ou ma propre célébration de but dans le jeu, du moment que je suis dedans et que je suis bon, ça me va.
50 | Vous auriez cru un jour jouer dans un stade qui s'appelle le stade "Arc-en-Ciel" (NdlR: baptisé de la sorte car il fut inauguré en 1957, lors des championnats du monde de cyclisme remportés par le Belge Rik Van Steenbergen, nouveau porteur du maillot... arc-en-ciel) ?
Non, jamais, franchement jamais (rires). Je me suis dit au début que c'était peut-être parce que le maillot est plein de couleurs ! (rires). Bon maintenant, je le sais. Je pourrai en parler au dîner chez Mamé Thiam ! Je le retiendrai, c'est sûr !