Un jour, un Diable: Vincent Kompany, l'homme qui n'aimait pas perdre
Trésor Diowo, l’un des meilleurs amis de Vincent Kompany, nous livre sa vision de la jeunesse du capitaine des Diables. Un Kompany qui "inventait des règles pour ne pas perdre." Portrait.
- Publié le 14-06-2014 à 11h18
- Mis à jour le 14-06-2014 à 11h19
Trésor Diowo, l’un des meilleurs amis de Vincent Kompany, nous livre sa vision de la jeunesse du capitaine des Diables. Ces six derniers mois, Trésor Diowo les a passés au BX Brussels, le club de Vincent Kompany avec qui il a passé toute sa jeunesse. Depuis qu’ils ont six ans, ils ne se lâchent plus. À tel point que Trésor ira passer une semaine au Brésil en compagnie de la famille Kompany et de quelques-uns de ses plus fidèles amis. Vincent s’est d’ailleurs inquiété de l’organisation du voyage et a envoyé quelques messages à Trésor durant l’interview.
Quand vous êtes-vous rencontrés vous et Vincent ?
"J’avais été recruté par Albert Martens. Je jouais au Heysel et nous avions affronté les jeunes d’Anderlecht. Mon coach ne voulait pas me faire jouer de peur que je sois repéré par une plus grosse équipe. Nous étions menés 0-1, j’ai joué trois minutes et j’en ai mis deux. Anderlecht m’a directement intégré à Neerpede. Là, je jouais en préminimes B et Vincent était venu voir un match avec Yves Ma-Malambay. Ils sont venus à ma rencontre et m’ont demandé qui j’étais."
Et depuis vous ne vous êtes plus quittés…
"Exactement. Je suis passé chez les A et j’ai donc joué avec lui. On passait nos étés ensemble et principalement chez lui car il y avait pas mal de tournois dans le quartier nord."
Comment était-il à l’époque ?
"Il détestait perdre. Quand c’était le cas, il commençait à inventer de nouvelles règles. Il voulait toujours être le meilleur, se surpasser et c’est ce qui l’a amené loin. Pour le reste, il était assez calme et réservé, comme maintenant."
Mais il savait râler…
"Il est toujours un peu petit chef et donne des consignes. Son gros caractère, il ne l’a pas perdu et on s’est déjà fameusement engueulés. Nous étions jeunes à l’époque et on se disputait pour des gamineries. Encore maintenant, je refuse de jouer dans son équipe car il dit toujours que c’est la faute des autres si on encaisse. Je me souviens l’avoir battu en vacances il y a quelques années. Il râlait et pas qu’un peu. Sa femme en rajoutait une couche en m’encourageant."
Physiquement il était hors norme !
"À quatorze ans, il était surclassé en U16 et même là, il avait l’air plus âgé que ses adversaires. Il avait déjà la carrure d’un homme. Il était déjà défenseur central et déménageait tout sur son passage. C’était un travailleur comme j’en ai peu vu."
Peut-être était-il trop mature pour son âge ?
"J’ai récemment revu une interview qu’on avait donnée quand on était gamins. Vincent parlait de politique de transfert comme un directeur technique. A posteriori, c’est fou à quel point il parlait déjà comme un adulte. Il disait que le prix d’un joueur ne faisait pas sa qualité. Il prenait Branko Strupar en exemple. On aurait dit un petit Herman Van Holsbeeck."
Comment se sont passés ses débuts chez les A ?
"J’étais en France à l’époque. Il m’avait téléphoné en me disant que Glen De Boeck ne jouerait pas et qu’il serait aligné d’entrée. J’ai vu le match et il se baladait. Je me suis dit que, avec tout le respect que j’ai pour cet excellent défenseur, c’en était fini pour Glen De Boeck."
Sa famille fut un gros adjuvant. On connaît son père, son frère et sa sœur mais moins sa mère, malheureusement décédée. Quels souvenirs avez-vous de la famille Kompany ?
"Même si les parents étaient séparés, cette famille était unie. J’ai d’ailleurs d’excellents souvenirs de son père qui me conduisait parfois au foot tout comme de sa mère qui m’accueillait chez elle comme si j’étais l’un de ses enfants. Elle me lavait même parfois mes vêtements. Ils ne roulaient pas sur l’or mais ne manquaient de rien."
C’est de son éducation qu’il tient son intelligence ?
"Bien entendu. Ses deux parents étaient malins et le poussaient à l’école. Il devait ramener de bonnes notes. Sa famille le poussait à lire et à s’informer."
Ses amis l’ont également aidé dans son développement…
"Débuter chez les professionnels était un gros changement pour lui. Sa vie était différente d’un coup mais je ne pense pas que ça lui soit monté à la tête. Nous avons toujours été un soutien pour lui et nous écartions les rapaces qui rôdaient autour de sa notoriété. On savait bien que certaines personnes intéressées pouvaient causer des problèmes."
La notoriété n’est pas simple à gérer ?
"Il avait ses méthodes pour s’échapper. Quand il avait congé, il nous disait de faire nos sacs et on filait à l’étranger pour passer une soirée tranquille, loin des gens qui le reconnaissent. Nous allions en France et en Allemagne pour qu’il ne soit pas dérangé. D’excellents souvenirs."
"Même à Los Angeles, il prenait un préparateur physique"
Selon son ami, Vincent Kompany va rester à Manchester City. "Là-bas, il est la star".
Après une pige à Hambourg, Vincent Kompany a filé à Manchester City. "Lorsque les Qataris ont repris le club, nous avons douté, lâche Trésor Diowo. On s’attendait à ce que les meilleurs joueurs au monde débarquent et poussent Vincent vers la sortie. Mais Vincent s’est imposé et est devenu capitaine."
Sa vie a tout de même changé depuis qu’il est le roi de Man City. "Humainement il n’a pas changé même s’il est prudent. La preuve, il a conservé ses vrais amis. Mais c’est clair que tu évolues. Quand tu prenais le tram 18, les gens ne disaient rien mais quand tu viens dans le quartier de ta jeunesse en grosse voiture, des voix s’élèvent. C’est logique, donc tu dois bouger, aller où il n’y aura personne pour juger."
Le calendrier bien chargé du club mancunien couplé aux activités parafootballistiques de son capitaine font qu’il n’est jamais simple pour ses amis de pouvoir le voir. "J’avoue ne pas avoir eu beaucoup le temps et Carla, sa femme, me disait pourtant de venir le voir. Mais il a déjà tellement peu de temps pour lui. Si certains s’entraînent juste durant les heures prévues, lui, il reste au club bien plus longtemps pour faire de la musculation ou passer aux soins. Je me souviens d’un été lors duquel il nous avait fait venir à City durant les vacances. Il avait demandé à un préparateur physique de bosser avec nous alors que les autres étaient au repos."
Même en vacances aux États-Unis, Vince the Prince mettait l’accent sur le travail. "Nous avons passé nos congés à Los Angeles à deux reprises et à chaque fois, il prenait un préparateur physique avec lui. On sortait le soir pour tout de même décompresser mais le lendemain matin, c’était entraînement sur la plage puis musculation, etc. On arrivait déjà fit à la reprise."
Selon Trésor Diowo, l’avenir de son pote se situe à Manchester City où il a construit sa nouvelle vie et où a fondé sa famille. "Là-bas, c’est la star. Par rapport aux défenseurs de Premier League qui sont juste bons au contact, Vincent a du football dans les pieds et sait relancer. Il est l’un des seuls en Angleterre. Mettez-le au Barça, il ne sera plus la superstar même si, pour moi, il fait partie des trois meilleurs défenseurs centraux au monde."
Des projets d’avenir, Vincent Kompany en a plein la tête. "Je ne m’inquiète pas pour son après-carrière, il sera bien occupé avec ses bars, ses investissements, son projet social. Pourquoi ne pas devenir président d’Anderlecht ?" (éclats de rire).
La parenthèse hambourgeoise
S’il fut le chouchou à Anderlecht et qu’il est le Prince de Manchester City, Vincent Kompany a connu une passe douloureuse à Hambourg. Transfert record du club de Bundesliga pour une somme avoisinant les 10 millions, Kompany n’a pas répondu aux attentes. "Certes, il a été blessé mais on en faisait vite un foin, le défend Trésor Diowo. Une blessure n’est jamais voulue mais la presse n’hésitait pas à le descendre."
L’ambiance n’était pas au beau fixe et le coup des Jeux Olympiques 2008 fut la goutte qui fit déborder le vase. "Le club l’a sommé de revenir de Pékin pour disputer un match important contre le Bayern Munich. Au final, il s’est échauffé mais n’a pas joué…"