On a rompu le jeûne avec Zakaria El Ouahdi et sa famille: “C'est dommage que la Pro League ne nous accorde pas une petite minute pour rompre le jeune"
Zakaria El Ouahdi (Genk et ex-RWDM) nous a ouvert les portes de la maison familiale pour vivre ce moment de partage et de convivialité.
- Publié le 08-04-2024 à 16h56
Alors que le Ramadan est sur le point de toucher à sa fin, ce vendredi, nous avons rompu le jeûne en compagnie de Zakaria El Ouahdi et sa famille. L’ancien joueur du RWDM, aujourd’hui à Genk, est revenu spécialement du Limbourg pour nous faire partager ce moment dans la maison de ses parents, située à Merksem, à quelques centaines de mètres du stade de l’Antwerp. Un Bosuil où il allait décrocher une précieuse victoire le lendemain. “Il est un peu stressé par ce match, nous confie Mohamed, son père. C’est la première fois qu’il va jouer dans un stade dans lequel nous avons tous les deux rêvé de jouer un jour.”
Alors que nous parlons de sa saison avec Zakaria, Loubna, sa mère, s’affaire en cuisine pour préparer le gargantuesque repas. Avec cinq garçons et trois filles, il y a de nombreuses bouches à nourrir. “On essaie de manger tous ensemble le plus souvent possible, même si ce n’est pas toujours facile d’avoir Zakaria avec nous”, lance Mohamed en taquinant son fils.
Ce vendredi, si toute la famille ne pourra pas rompre le jeûne ensemble – certains enfants sont à l’entraînement ou avec leurs amis – il est 20h25 quand une grande horloge située dans le salon signale le coucher du soleil et le moment de rompre le jeûne. Le repas débute avec quelques dattes et de l’eau. “On mange les dattes par nombre impair, en référence au Prophète. Avec de l’eau”, explique Mohamed. Ce sera trois pour nous.
Pour les Musulmans, le mois du Ramadan est le meilleur et le plus important de l'année.
Le repas se poursuit avec une harira, soupe traditionnelle marocaine délicieuse. “Les épices marocaines font toute la différence”, sourit Mohamed. L’occasion d’évoquer ce mois du Ramadan avec Zakaria. “Un mois que tous les musulmans attendent avec impatience. Le meilleur et le plus important de notre religion, un mois de rassemblement et de partage. Si je ne suis pas ici avec ma famille, je suis à Genk avec Bilal El Khannouss et Anouar Ait El Hadj. On mange ensemble, on dort ensemble, on partage chaque instant de ce mois.”
À Genk, ils sont plusieurs à faire le Ramadan. “Zeqiri, Ouattara et Fadera le font aussi. C’est plus facile quand on est plusieurs joueurs de l’équipe à faire le Ramadan ensemble. D’autant qu’à Genk, l’équipe respecte notre choix. Comme on doit se réveiller pendant la nuit pour manger et prier, le coach nous autorise à venir à l’entraînement une heure plus tard.”
Si Wouter Vranken montre son ouverture d’esprit, c’est un peu moins le cas au sein des instances dirigeantes de notre football. Contrairement à ce qui se fait en Angleterre, en Espagne ou aux Pays-Bas, les arbitres n’interrompent pas la partie pour permettre aux joueurs qui font le Ramadan de rompre le jeûne. “C'est dommage que la Pro league ne nous accorde pas une petite minute pour rompre le jeune. C’est un manque de respect envers notre culture alors que c’est juste une minute d’arrêt et on reprend le match.”
C'est un cliché de dire qu'on est amoindri pendant ce mois.
Et pas question de se sentir amoindri durant le Ramadan. “Zakaria a signé le record de courses à haute intensité contre l’Union alors qu’il jeûnait. C’est un cliché de dire qu’on est amoindri pendant ce mois. Le Ramadan nous donne de la force”, précise le père.
Après l’harira, place aux nombreux plats de résistance. Mohamed tient à nous faire goûter à chaque mets concocté par Loubna. Chacun d’entre eux nous fait voyager jusqu’au Maroc. “La cuisine marocaine est la meilleure”, glisse-t-il.
Après plusieurs heures sans boire, il est temps de bien s’hydrater. “Boire est très important pour un joueur professionnel. Pendant la nuit, je bois beaucoup d’eau et je peux alors tenir toute la journée”, précise Zakaria.
Les frères et la sœur de Zakaria font également le Ramadan. “On commence à faire le Ramadan dès qu’on entre dans l’âge de la puberté. Depuis que je suis en âge de le faire, je le fais chaque année. C’est la troisième année que je fais le Ramadan en tant que joueur professionnel. Les premiers jours sont un peu plus compliqués. Je me rappelle être passé au travers de mon match à Westerlo lors de la première semaine. Et puis on prend le rythme.”
La pause internationale, durant laquelle il est parti jouer avec les U23 du Maroc en Turquie, lui a fait du bien. “C’était plus facile là-bas, parce qu’ils changent le rythme. On s’entraîne durant la nuit et on dort l’après-midi.”
Après un traditionnel thé à la menthe agrémenté d’une délicieuse chebakia, pâtisserie marocaine à base d’un biscuit à l’amande frit puis enrobé de miel et de sésame, nous prenons congé de nos hôtes, pour lesquels la soirée est loin d’être finie. “Nous allons à la mosquée pour prier durant une heure ou deux. Et puis nous recommencerons le même rituel avant que le soleil se lève.”