Froome vs Quintana: le duel qui doit enflammer le Tour
C’est, depuis la présentation du parcours, en octobre dernier, et même depuis plusieurs années, le duel annoncé pour cette 104e édition du Tour de France qui débute samedi à Düsseldorf, au bord du Rhin.
- Publié le 28-06-2017 à 07h15
- Mis à jour le 28-06-2017 à 12h34
C’est, depuis la présentation du parcours, en octobre dernier, et même depuis plusieurs années, le duel annoncé pour cette 104e édition du Tour de France qui débute samedi à Düsseldorf, au bord du Rhin.
Chris Froome, le tenant du titre, triple vainqueur du Tour, aura un adversaire privilégié en la personne de Nairo Quintana, arrivé aujourd’hui à maturité et qui a modifié son approche du Tour pour y arriver en forme optimale à la suite de quelques erreurs les années précédentes. Deux fois, déjà, en 2013 et 2015, en finissant très fort, le grimpeur sud-américain a été le seul à faire vaciller le trône du Kényan blanc, même si l’an passé, Quintana n’était pas au mieux.
Après être monté trois fois sur le podium du Tour, le Colombien a ajouté en septembre dernier la Vuelta dans son escarcelle déjà garnie d’un succès au Giro. En Espagne, Quintana a même, pour la première fois, devancé Froome dans un grand tour. Depuis, le Britannique et le Colombien ne se sont plus croisés en course et leur début de saison, surtout pour Froome, est constellé de points d’interrogation, alors que Quintana a dû accepter la supériorité de Tom Dumoulin au Giro.
À trois jours du départ du Tour 2017, les deux hommes, qui seront tous deux épaulés par une solide formation où l’expérience a été privilégiée, sont encore autant de grands favoris pour la conquête du maillot jaune, mais ils doivent désormais accepter l’inconnue représentée par Richie Porte, se méfier toujours d’Alberto Contador et envisager la perspective d’être surpris par Romain Bardet, Thibaut Pinot, Fabio Aru ou même Estaban Chaves.
"Après le Giro, Quintana sera très fort"
Chris Froome juge pourtant que Porte sera son adversaire principal. Chris Froome s’est expliqué sur ses objectifs, sa relation au Tour, son début de saison en demi-teinte.
Qu’est-ce qui vous donne tant envie du Tour ?
"J’adore le Tour, j’ai hâte qu’il commence. C’est une course unique. Le Tour procure des sensations qu’on ne ressent nulle part ailleurs. C’est trois semaines hors normes. Tout y est plus intense. Il faut être capable de gérer la pression extrême et s’attendre à tout, pouvoir réagir à l’inattendu, comme au Ventoux l’an dernier."
Que changerait un quatrième succès pour vous ?
"Ce serait incroyable ! On dit que c’est juste un chiffre, mais chaque Tour est une histoire unique. C’est chaque fois un combat diffèrent pour prendre le maillot jaune et pour essayer de le garder. Aller chercher un quatrième Tour, ça serait un accomplissement incroyable. Cela me motive énormément. Je veux essayer d’y arriver et rejoindre ces coureurs qui ont gagné cinq fois. Ils font partie de l’histoire du Tour; c’est un objectif pour moi d’essayer d’en faire partie."
Votre début de saison n’a pas été exceptionnel, pourquoi ?
"Volontairement, j’ai commencé la saison plus calmement. L’an dernier avait été difficile avec l’enchaînement Tour, Jeux, Vuelta . La suite de la saison s’annonce d’ailleurs chargée avec le Tour, qui reste l’objectif majeur, mais aussi la Vuelta . Ma préparation s’est bien déroulée. Courir moins que les années passées doit me permettre d’arriver plus frais. Cela m’a aussi permis de passer plus de temps en famille. Cela ne peut être que bénéfique."
Que pensez-vous du tracé ?
"Le parcours du Tour ne me convient pas autant que celui des précédents. Il y a moins d’arrivées au sommet et moins de contre-la-montre. Les écarts seront plus réduits et cela sera plus intéressant et excitant pour les spectateurs. Mais chaque Tour est différent, on ne peut pas juste refaire ce qu’on a fait un an plus tôt. Il faut s’améliorer, saisir toutes les opportunités, comme l’an dernier en descente ou vers Montpellier avec Sagan. Le but est de gagner, ce n’est pas forcément la façon d’y parvenir qui est importante, mais des passes d’armes comme celles-là, c’est ce qui donne du plaisir de courir et est excitant."
Quelles seront les étapes clés ?
"Celle qui arrive à l’Izoard, c’est la plus haute arrivée en altitude, au-dessus de 2.000 mètres d’altitude, après une grosse montée. La 9e étape sera aussi une étape compliquée avec une dernière ascension au Mont du Chat et une descente à Chambéry. Je pense qu’elle aura un rôle majeur. Mais, comme toujours, le Tour ne se gagnera ou ne se perdra pas sur une étape, mais bien sûr les trois semaines de course."
De qui vous méfiez-vous le plus ?
"Ne nommer qu’un seul adversaire, c’est dur. Richie Porte en est un, Nairo Quintana, Romain Bardet, qui a terminé deuxième l’année dernière. Et on ne peut pas oublier Alberto Contador. Gagner ne sera pas facile, c’est certain. Il y a peut-être une douzaine de coureurs qui peuvent gagner le Tour cette année, mais je pense que mon principal rival sera Richie. Cela fait longtemps que je dis qu’il a le potentiel de gagner le Tour. Il faut juste que tout se mette en place pour lui. Je pense que le parcours convient très bien à Bardet, il a démontré l’année dernière qu’il doit être pris au sérieux."
Et Nairo Quintana ?
"Il a toujours dit qu’il est meilleur sur le deuxième Grand Tour. Donc, après le Giro , il sera très fort sur le Tour."
"Pour moi, Froome reste le grand favori"
Même s’il a été battu au Giro, Nairo Quintana garde confiance et ambition.
Entre la fin du Giro et le début du Tour, Nairo Quintana sera resté 33 jours sans courir, à Monaco, pour éviter les fatigues d’un retour en Colombie.
Avec le recul, comment analyser votre Giro ?
"Je reste persuadé que c’était bien. Nous sommes passés tout près du succès. Bien sûr, j’étais déçu de ne pas avoir gagné, mais cela me motive et me donne encore plus d’envie."
Quelle a été votre préparation ?
"Il fallait trouver l’équilibre entre récupération et entraînement. Je préférais me reposer. Après le Giro , je ne suis pas monté sur le vélo une semaine, puis, j’ai pris quelques jours de repos actif avant de commencer à m’entraîner sérieusement. Je suis allé reconnaître les étapes importantes. Les deux dernières semaines ont été intenses, notamment avec ces reconnaissances dans les Alpes, mais c’était volontaire, pour monter en puissance. Maintenant, il faut garder de la fraîcheur avant le départ du Tour."
Dans quelle condition êtes-vous ?
"Je me sens bien. Je vais encore progresser et atteindre ma meilleure condition, mais on ne peut le mesurer qu’en course. Tout est différent, j’ai souvent couru deux Grands Tours, mais doubler le Giro et le Tour est nouveau. Je suis bien sorti du premier, je suis donc confiant. Nous avons préparé les deux courses pour les gagner. Je suis passé tout près de la victoire en Italie, ça ne change rien, je suis toujours aussi motivé."
Quels seront vos rivaux ?
"Pour moi, Chris Froome reste le grand favori de la course. Il sait mieux que quiconque comment arriver en forme au Tour. Il y a toujours été brillant, je suis certain qu’il sera à 100 % en juillet. Porte, il a progressé année après année et il a montré une excellente condition en 2017. Il sera aussi un grand rival. Après, il y a Contador et Bardet, deux coureurs de styles différents, mais très dangereux également. Ensuite, les coureurs d’Orica, de Yates et de Chaves, ou le tandem Astana, Aru et Fuglsang. Enfin, je l’avais dit avant le Giro et le succès de Dumoulin l’a confirmé, il peut toujours y avoir une surprise."
Que pensez-vous de votre équipe ?
"Je suis totalement confiant. Avoir Alejandro (Valverde) à mes côtés me rend plus fort et plus calme. Il a du talent, il est expérimenté, il connaît bien la course. Il est aussi une menace pour mes adversaires. Notre groupe est réellement excellent. Mes équipiers vont tout donner pour moi, c’est un complément d’expérience et de fougue, de rouleurs et de grimpeurs."
Quels sont les pièges ?
"Après le chrono, pendant la première semaine, il faut éviter les dangers. Il faut rester concentrés, rouler devant. L’important, c’est de ne pas concéder de temps à vos adversaires avant la Planche des Belles Filles (NdlR : 5e étape) , que je ne connais pas, mais qui est importante. Là, on pourra voir qui est bien. Ensuite, il y a deux étapes difficiles dans le Jura, nerveuses et usantes. Les deux étapes pyrénéennes sont aussi vraiment dures. À leur sortie, le classement général sera clair. La première, vers Peyragudes, me semble la plus exigeante, mais la seconde est très courte. On a vu par le passé que ces étapes courtes font beaucoup de dégâts. Enfin, les Alpes vont déterminer le podium. J’ai reconnu toutes les montées, c’est vraiment dur ! La météo peut aussi jouer un rôle, elle change rapidement en altitude. Enfin, le chrono de Marseille est vraiment atypique, pour les rouleurs, mais avec une montée (NdlR : Notre Dame de la Garde) très pentue. Je pense que celui qui sera en jaune au départ gagnera le Tour."