Le printemps de la fraîcheur : notre bilan des classiques
Pogacar et van der Poel ont dominé les classiques avec respectivement… 10 et 7 jours de course.
- Publié le 23-04-2024 à 06h46
Le Tour de Romandie, dès ce mardi, lance la seconde partie de la saison. Celle de l’enchaînement de courses par étapes qui va monter crescendo vers les grands tours, du Giro à la Vuelta en passant par l’incontournable Tour de France. Un terrain sur lequel on retrouvera souvent Tadej Pogacar. Un des hommes forts du printemps qu’il a terminé en apothéose, dimanche, avec sa nouvelle victoire à Liège-Bastogne-Liège. Entre ces deux périodes, l’heure est au bilan des grandes courses d’un jour.
Des phénomènes au-dessus du lot et au calendrier allégé
C’est une des nouvelles tendances du peloton. Courir peu. Mais courir au top de sa forme. Cette nouvelle approche des grandes épreuves, qui fait souffrir les plus petites courses de plus en plus dépourvues de têtes d’affiche, a été à nouveau mise en lumière par les deux hommes forts du printemps. Avec tout d’abord le champion du monde Mathieu van der Poel. Le Néerlandais a fait étinceler son arc-en-ciel à chacune de ses apparitions. En sept courses, il a remporté deux monuments, avec ce fameux doublé Tour des Flandres – Paris-Roubaix, tout en s’offrant le Grand Prix de l’E3, en étant beau dans la défaite à Gand-Wevelgem et en se montrant épatant au service de Philipsen à Sanremo. Sans oublier son podium conquis dimanche sur la Doyenne.
Le Slovène a aussi abordé les classiques avec un programme allégé, notamment en vue de son doublé Giro-Tour. Il disputait dimanche son dixième jour de course après avoir impressionné d’entrée de jeu sur les Strade Bianche, gagné quatre étapes et le classement final du Tour de Catalogne, et terminé troisième de Milan-Sanremo.
Philipsen et Alpecin-Fenix, plus qu’une confirmation
Il ne fait pas encore partie des plus grands, mais Jasper Philipsen a plus que confirmé ce qu’il avait montré sur les classiques l’an passé. Avec une nouvelle victoire à Bruges-La Panne, avec une nouvelle deuxième place à Paris-Roubaix, mais surtout avec la conquête de son premier monument à Milan-Sanremo. Tout en passant près d’autres succès (2e à Nokere et à l’Escaut, à chaque fois battu par Tim Merlier, au sprint). Le Belge de 26 ans, en fin de contrat, a continué de faire monter les enchères pour le choix de sa future équipe. Qui pourrait être encore Alpecin-Deceuninck, la grande lauréate du printemps, avec la victoire dans trois des quatre monuments disputés.
L’éclosion de Maxim Van Gils
La formation Lotto Dstny a été déforcée sur le front des classiques, avec les absences de Florian Vermeersch, d’Arnaud De Lie, diminué par la maladie de Lyme. Sans oublier Lennert van Eetvelt, blessé au genou, qui était attendu sur les Ardennaises après avoir remporté l’UAE Tour. Mais Maxim Van Gils a parfaitement repris le flambeau. L’ambitieux petit puncheur a étincelé avec sa troisième place sur les Strade Bianche et sur une Flèche wallonne rendue particulièrement difficile par les conditions météo. Avant de répondre présent quatre jours plus tard sur la Doyenne, où seul le champion du monde Mathieu van der Poel l’a privé d’un nouveau podium. “En étant optimiste, on visait avec lui un Top 5 à Liège, même si, au matin, je lui avais parlé de la deuxième place derrière… Pogacar”, raconte le manager Stéphane Heulot. “Il a répondu aux attentes avec un nouveau résultat prometteur. On savait qu’on passerait un sale quart d’heure sur les Flandriennes avec les absences de Florian Vermeersch et d’Arnaud De Lie. Mais on n’a pas baissé les bras pour la suite.”
Les chutes ont décapité les affiches et… le suspense ?
Avec la domination des comètes van der Poel et Pogacar, le spectacle n’a pas toujours été au rendez-vous. Sauf pour la… deuxième place. Les deux ogres auraient peut-être été plus en difficulté s’ils avaient été en concurrence avec le plateau prévu. Mais deux chutes ont décapité les affiches des classiques. Avec tout d’abord celle d’À Travers La Flandre, avec ce strike de leaders dans la descente vers le Kanarieberg qui a ruiné le printemps de Wout van Aert, mais aussi celui de Jasper Stuyven, qui semblait dans la forme de sa vie. Cela a aussi déforcé le solide clan de Lidl-Trek articulé autour de Mads Pedersen, lui aussi tombé à vive allure au même endroit. Biniam Girmay y avait aussi chuté. Tandis que, dans la foulée, une gamelle similaire au Tour du Pays Basque a touché les leaders des courses par étapes. Dont Remco Evenepoel, privant le public pour la troisième année d’affilée du duel attendu entre Remco et Pogacar sur Liège-Bastogne-Liège. En dehors de ces chutes, il y a eu plusieurs absents de marque sur les classiques. Comme Arnaud De Lie. Mais aussi dans les rangs des Visma | Lease a Bike, déforcés par les maladies de Christophe Laporte et de Dylan van Baarle, sans oublier les blessures de Jan Tratnik.
Les révélations
Visma | Lease a Bike n’a donc toujours pas remporté son monument flandrien. La formation néerlandaise avait à nouveau commencé en force en dominant le week-end d’ouverture, avec la victoire de Tratnik au Circuit Het Nieuwsblad et celle, le lendemain, de Wout van Aert à Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Déforcée ensuite, elle a sauvé son printemps grâce à Matteo Jorgenson : le vainqueur de Paris-Nice s’est imposé à A Travers La Flandre. L’Américain a été une des révélations sur les pavés.
Plusieurs jeunes ont aussi brillé durant ce printemps. Comme le Néo-Zélandais Laurence Pithie. Le coureur de Groupama-FDJ, annoncé chez Bora-hansgrohe l’an prochain, a terminé septième de Paris-Roubaix malgré une chute et a été très présent sur les classiques, notamment avec Pedersen et van der Poel à Gand-Wevelgem. Sur les pavés… qu’il n’aime pourtant pas, le jeune Portugais Antonio Morgado a terminé cinquième du Tour des Flandres, à 20 ans, a été incisif sur le Nieuwsblad et était passé très près d’un premier succès (il a gagné pour la première fois dimanche sur le Tour de Romagne) au Samyn, où Laurenz Rex l’a devancé d’un pneu.
Ce dernier est aussi à classer dans les révélations-confirmations. Il a longtemps accompagné les meilleurs sur le Tour des Flandres, a terminé sixième du Nieuwsblad et a fait forte impression un peu partout, sans avoir de réussite, cependant, à l’image de ses chutes à Waregem ou à Roubaix. Enfin, sur le flan des Ardennaises, c’est toute la jeune génération française qui a confirmé la largesse de son noyau, avec notamment le très prometteur Romain Grégoire, mais aussi Paul Lapeira ou Kevin Vauquelin, deuxième au Mur de Huy.
Les classiques dans le rétro
Les monuments
Milan-Sanremo : Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck)
Tour des Flandres : Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck)
Paris-Roubaix : Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck)
Liège-Bastogne-Liège : Tadej Pogacar (UAE)
Les classiques World Tour
Circuit Het Nieuwsblad : Jan Tratnik (Visma | Lease a Bike)
Strade Bianche : Tadej Pogacar (UAE Emirates)
Classic Brugge – La Panne : Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck)
E3 Saxo Classic : Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck)
Gand-Wevelgem : Mads Pedersen (Lidl-Trek)
À Travers La Flandre : Matteo Jorgenson (Visma | Lease a Bike)
Amstel Gold Race : Tom Pidcock (INEOS Grenadiers)
La Flèche Wallonne : Stephen Williams (Israël Premier Tech)
Les classiques non World Tour
Kuurne-Bruxelles-Kuurne : Wout van Aert (Visma | Lease a Bike)
Le Samyn : Laurenz Rex (Intermarché Wanty)
Nokere : Tim Merlier (Soudal-Quick Step)
GP Escaut : Tim Merlier (Soudal-Quick Step)
Flèche brabançonne : Benoît Cosnefroy (Decathlon AG2R)