L'Enfer du Nord, pour la petite reine, est un paradis
L’autre regard de Miguel Tasso
- Publié le 05-04-2024 à 09h32
Paris-Roubaix a toujours fait débat. Certains estiment qu’avec ses diaboliques secteurs pavés qui transforment parfois la reine des Classique en loterie de Pâques, ce n’est pas une véritable course cycliste. Qu’importe : le passionné de vélo se régale, chaque année, en voyant les géants de la route s’engouffrer dans ces tranchées d’un autre temps qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il fasse grand soleil.
En vérité, l’Enfer du Nord fait partie de la légende de la petite reine, voire du sport. C’est le défi ultime, fût-il inutile. Ce n’est pas un hasard si certaines trouées, aux noms si évocateurs et imagés, font désormais partie du patrimoine des sites historiques afin de ne plus pouvoir être goudronnées et de répondre ainsi à une forme d’hymne au sadisme sur deux roues. Le pavé devient alors un véritable monument, plus saignant que dans un restaurant Hippopotamus et plus prisé que dans une manifestation de soixante-huitards !
Alors, ce dimanche, confortablement installé devant le petit écran, on aura derechef les yeux rivés devant ces champions d’un autre temps qui, visages burinés par la boue et la poussière, affronteront des éléments venus d’ailleurs. Pourquoi s’en cacher ? Histoire d’alimenter le thriller et sans en être fier, on souhaite parfois une chute en tête de la course, un peu comme on scrute un dérapage au départ d’un Grand Prix de F1. Parce que Paris-Roubaix est un film dont le scénario ne peut être écrit d’avance et où les rebondissements sont obligatoires. Au propre comme au figuré.