Arnaud De Lie va intégrer le peloton professionnel: “Je suis impatient d’y être”
Vainqueur pour la cinquième fois du DH Challenge Ekoï, Arnaud De Lie a hâte de faire ses débuts chez les pros.
- Publié le 23-11-2021 à 18h02
- Mis à jour le 24-11-2021 à 09h09
Ce sera particulier, en 2022, de ne plus voir le nom d’Arnaud De Lie dans les classements du DH Challenge Ekoï. Le très prometteur jeune coureur de la Province du Luxembourg a été une des figures marquantes de notre classement de régularité ces cinq dernières saisons. Il en est le recordman, avec cinq victoires d’affilée : deux chez les cadets en 2017 et 2018, deux chez les juniors pour sa percée sur la scène internationale (champion de Belgique, vainqueur de la Philippe Gilbert, etc.) en 2019 et 2020 et, enfin, une chez les espoirs, cette année, alors qu’il découvrait la catégorie.
Pour un dernier succès conquis avec une large avance sur les autres coureurs wallons, dont le futur pro Johan Meens, qu’il retrouvera l’an prochain dans le peloton du plus haut niveau, puisqu’Arnaud De Lie va prendre son envol lui aussi dans le monde professionnel, chez Lotto-Soudal, formation dans laquelle il a signé un contrat de deux ans. Entretien avec le sympathique coureur de Lescheret.
Arnaud, félicitations pour votre saison. Avec dix victoires, notamment sur des courses internationales, et, en cerise sur le gâteau, ce nouveau succès au DH Challenge Ekoï.
"Merci, je suis content de remporter à nouveau votre classement de régularité. Et je suis satisfait de ma saison. Pour une première année chez les espoirs, je peux dire que cela s’est bien déroulé. Je m’étais directement mis en confiance sur ma première course, en terminant troisième avec les pros sur le Grand Prix Vermarc. J’ai ensuite dû attendre un peu avant d’aller chercher ma première victoire, au Grand Prix Color Code, à Bassenge, sur une manche des U23 Road Series. Les autres ont suivi avec le Circuit Het Nieuwsblad des espoirs, deux étapes du Tour d’Alsace, une du Circuit des Ardennes, une du Tour de Bohème occidentale avec le classement général à la clé (NdlR : trois courses classées en catégories 2 à l’Union cycliste internationale), le Grand Prix de Saint-Souplet et une étape et le classement final de l’H4A Week-end des espoirs. Ce n’est pas mal. Je pense que cela aurait pu être mieux encore si j’avais eu plus de réussite en fin de saison. Avec bien évidemment ma chute au Championnat du monde, mais aussi mes ennuis mécaniques à Paris-Tours. Il y a aussi eu des petits faits de course, comme au Tour de l’Avenir, où je pense que j’avais les jambes pour gagner une étape."
En 2020, vous aviez mis à profit la pause forcée en raison de la pandémie pour progresser au niveau de la diététique. Cette année, qu’avez-vous appris ?
"J’ai pris confiance, j’ai continué à grandir, à progresser. J’ai eu la confirmation que je peux faire de belles choses au sprint. J’ai franchi un palier dans cet exercice, que je veux continuer à travailler. Tout en sachant que ce sera clairement un autre niveau en 2022, chez les pros ! Cette année, j’ai aussi pris goût au contre-la-montre. Celui de vingt-cinq kilomètres sur le Baby Giro (NdlR : le Tour d’Italie des moins de 23 ans) m’avait bien plu ; cela avait été une belle découverte. Je dois encore m’améliorer dans cette discipline, que j’affectionne de plus en plus. Je dois progresser sur des petits points, dans l’approche, durant le chrono, et après. Avec Maxime Monfort dans le staff de mon équipe, je pourrai avoir de bons conseils."
Vous avez un bon lien avec Maxime…
"Oui, il est originaire de la Province du Luxembourg, comme moi. Il m’avait remis le prix Maxime Monfort chez les plus jeunes. Et c’est aussi en le suivant à la télé, comme Philippe Gilbert lors de ses grandes années, que j’ai eu encore plus envie de faire du vélo."
Philippe Gilbert que vous retrouvez dans votre équipe, Lotto-Soudal. Votre intégration s’est-elle bien déroulée ?
"Oui, très bien ! Nous avons été récemment à un premier rassemblement, c’était chouette. Comme j’étais en 2021 dans l’équipe espoirs Lotto-Soudal, je connaissais déjà pas mal de monde. Maxime Monfort, bien évidemment. Mais aussi Philippe Gilbert, que j’avais déjà rencontré, ou encore Tim Wellens et les autres Wallons, comme Sylvain Moniquet et Sébastien Grignard qui sont d’anciens vainqueurs du DH Challenge Ekoï ! J’avais déjà pu participer à des stages avec les pros de Lotto-Soudal cette année. Bon, j’y allais comme le petit espoir… Cette fois, j’y suis en tant que pro, je fais vraiment partie de l’équipe et c’est tout simplement un rêve qui se réalise. J’étais quand même un peu stressé avant de rejoindre ce premier rassemblement, d’être avec ces grands noms du vélo. Mais j’y ai fait de belles rencontres, comme celle de Caleb Ewan. Ou Victor Campenaerts. Comme j’ai envie de bien découvrir les classiques flamandes, il m’a proposé d’aller chez lui quelques jours pour rouler sur les parcours !"
Qu’attendez-vous de cette première saison chez les pros ?
"Je change de statut. Avant, le vélo, ce n’était pas mon métier. Ce sera désormais le cas. Je veux mettre toutes les chances de mon côté par rapport au cyclisme. Je sens que j’ai encore une marge de progression, notamment au niveau de la musculation, que je ne pratiquais pas encore. Aller à la salle de muscu, ce sera une grande première. Mais ce sera encadré par mon équipe, par l’entraîneur… Le but n’est pas de devenir un body-builder, mais de m’améliorer, de continuer à gagner quelques pourcents. En 2022, l’objectif, ce sera d’apprendre un maximum. Et s’il y a en plus déjà la possibilité de faire des résultats, ce serait super. Mais sans pression."
Vous connaissez déjà votre programme ?
"Il va d’abord y avoir les deux premiers stages d’entraînement de l’équipe en Espagne. Un en décembre et un autre en janvier. Ce sera particulier pour le premier, car j’aurai peu de kilomètres dans les jambes. La saison a duré jusque fin octobre et j’étais donc encore en coupure ces derniers temps. Cela m’a fait du bien de couper complètement. C’est la première fois que je respecte vraiment cette pause : avant, je finissais toujours par remonter sur le vélo assez vite. Mais c’était important pour bien recharger les batteries. Physiques et mentales. Même si cela me paraît un peu anormal de ne pas encore avoir roulé alors que le mois de décembre arrive ! Je devrai rester bien calme au premier stage, sachant que certains autres coureurs ont déjà repris depuis un mois. Mais je ne m’en fais pas : il me reste trois mois pour bien me préparer. Et je suis encore jeune, je ne perds pas vite ma condition et la forme revient généralement rapidement. Ma première course se fera au Tour de San Juan, en Argentine. Ce n’est pas la plus grande course du monde, mais quand on voit le plateau annoncé avec Peter Sagan ou Elia Viviani, cela s’annonce déjà très relevé pour les sprints ! Après, la suite de mon programme n’est pas encore déterminée. Je ferai peut-être le Tour du Haut Var."
Vous avez des envies particulières ?
"Il y a l’envie de découvrir de grandes courses qui me font rêver, comme Paris-Roubaix, le Tour des Flandres… Mais je ne suis que première année, je n’ai pas envie de brûler les étapes. J’irai où on me demandera d’aller. Le but sera de prendre un maximum d’expérience. Avec la direction sportive de l’équipe, et notamment Maxime Monfort qui est mon directeur sportif attitré, nous sommes sur la même longueur d’onde : nous suivrons la vitesse de mon développement. Et s’ils estiment que j’ai le niveau pour disputer telle ou telle course, je les découvrirai avec grand plaisir, y compris les World Tour."
Vous parlez du niveau des sprints au Tour de San Juan. Vous pourrez déjà y jouer votre carte ?
"Oui, l’équipe m’y a mis comme leader pour les sprints sur cette épreuve. Mais sans aucune pression de résultat. Si j’en décroche, tant mieux. Mais ce ne sera pas grave si cela n’arrive pas. Je suis motivé, je sens que l’équipe a confiance en moi. Et je suis impatient d’y être !"