Froome: "Poussez un footballeur, vous irez en prison"
Chris Froome se donne encore quatre ou cinq ans pour intégrer le groupe d’élite des quintuples vainqueurs de la Grande Boucle
- Publié le 21-08-2018 à 10h50
- Mis à jour le 21-08-2018 à 11h38
Chris Froome se donne encore quatre ou cinq ans pour intégrer le groupe d’élite des quintuples vainqueurs de la Grande Boucle Trois semaines après la fin du Tour de France où il a dû se contenter de la troisième place, Chris Froome est sorti de sa réserve. Le quadruple vainqueur de la Grande Boucle (2013, 2015, 2016 et 2017) s’est confié à Sporza sur ses ambitions toujours intactes et sur sa collaboration avec Geraint Thomas.
"Si mes jambes me le permettent, dit le Kényan blanc, qui reprendra la compétition à l’occasion du Tour de Grande-Bretagne (2 au 9 septembre), je veux encore courir quatre ou cinq ans. Je me sens encore jeune dans le cyclisme (NdlR : il a eu 33 ans le 20 mai dernier). J’apprends chaque année, je progresse. Je veux encore tenter différentes choses."
Par-dessus tout, Chris Froome a même un grand objectif.
"Si je peux encore continuer, je veux gagner le Tour de France une cinquième fois, assure-t-il. Cette cinquième victoire est une chose pour laquelle je veux encore travailler et que je veux mener à bien avant la fin de ma carrière. Si je réussis, je ferai partie du groupe d’élite des champions avec cinq victoires. Je pense que c’est mon plus grand but en fait…"
Le Britannique ne voit absolument pas pourquoi cela poserait un problème si, comme cela sera vraisemblablement le cas, lui et Geraint Thomas se retrouvent encore dans la même équipe à l’avenir. Le Gallois, en fin de contrat, est tout proche d’une reconduction avec Sky.
"Je ne trouve pas que ce soit un problème qu’il y ait deux leaders dans une même équipe, poursuit Chris Froome. Au contraire, je vois même cela comme un avantage. J’ai trouvé aussi très spécial d’apporter ma pierre à la victoire de Geraint, de faire partie de son succès. Rien que d’y repenser, tout me revient. Je suis sûr que nous pourrons travailler ensemble l’an prochain, nous sommes de bons amis. Pour le moment, je ne sais pas encore ce que seront mes objectifs la saison prochaine, mais je peux bien imaginer que le Tour sera mon but principal."
Depuis un peu plus d’un an, Froome a vécu des moments très particuliers dans les courses, avec des succès consécutifs au Tour et à la Vuelta en 2017, puis au Giro de cette année, sans oublier l’affaire de son contrôle au Salbutamol et ses suites.
"J’ai dû endurer beaucoup ces derniers mois, reconnaît le coureur de Sky. Ce fut parfois très difficile, mais si je regarde en arrière, je retiens surtout cela comme une période faste. Dans les grands tours, ce fut une série incroyable. J’aurais signé à l’avance pour tous ces résultats. Le succès le plus mémorable est sans doute celui au Giro. À cause de ma chute avant la première étape (NdlR : il était tombé à Jérusalem en reconnaissant le chrono inaugural), je ne me suis pas senti bien pendant dix jours. Mais à la fin, je suis revenu et l’étape sur le Finestre a été idéale pour tenter quelque chose. C’était du cyclisme à l’ancienne. J’étais étonné que ça se soit bien terminé."
Pourtant, s’il doit retenir quelque chose, Chris Froome n’oubliera sans doute pas le mardi 31 juillet dernier, jour de la naissance de son second enfant.
"Un Tour est tellement usant, vous vous sentez complètement vidé de vos forces, dit-il. Mais la naissance de Katie m’a fait totalement oublier la course. Subitement, je n’étais plus un coureur, mais un père."
" Il en faut plus pour me fâcher"
À cause de l’affaire de son contrôle anormal à la Vuelta, Chris Froome a vécu un Tour difficile en étant pris à partie, sifflé, hué, parfois même menacé, par une partie du public. "Il en faut plus pour me fâcher", dit-il pourtant. "Mais je peux aussi comprendre ces réactions, ces gens étaient chauffés à blanc par tout ce qui est paru dans la presse. Je n’ai jamais eu peur. Je ne pense pas non plus que cela représente vraiment la France. C’est une minorité qui s’est comportée ainsi. J’aime toujours ce pays. J’y habite même (NdlR : en fait à Monaco). D’un autre côté, on peut faire plus pour faire comprendre que nous ne puissions pas tolérer certaines choses. Si vous montez sur un terrain de football et vous poussez un joueur, vous vous retrouvez en prison. Pourquoi est-ce accepté en cyclisme ?"