Que risque Chris Froome suite à son contrôle anormal?
Le quadruple vainqueur du Tour de France risque de perdre le titre conquis sur la Vuelta et une suspension d’un an
- Publié le 14-12-2017 à 07h35
- Mis à jour le 14-12-2017 à 07h55
Le quadruple vainqueur du Tour de France risque de perdre le titre conquis sur la Vuelta et une suspension d’un an Bloqué mardi matin dans les bourrasques londoniennes après que son vol pour un stage ensoleillé a été annulé en raison des conditions climatiques, Chris Froome s’est vu emporté dans une tout autre tempête dès le lendemain. L’Union cycliste internationale a, en effet, fait savoir mercredi matin que le quadruple vainqueur du Tour de France et auteur d’un doublé Grande Boucle-Vuelta inédit depuis 1978 avait été l’objet d’un contrôle "anormal" au salbutamol lors de la 18 e étape du Tour d’Espagne. Une annonce aux alllures de coup de tonnerre.
Quels sont les faits incriminés ?
Au soir de la 18e étape de la Vuelta remportée, en échappée, par notre compatriote Sander Armée, Christopher Froome se voit inviter à passer par le contrôle antidopage en tant que leader du classement général, position qu’il occupe depuis le soir de la troisième journée de course. L’analyse de l’échantillon urinaire du Britannique (confirmé par l’échantillon B) révélera qu’il présente une concentration de salbutamol de 2000 ng/ml, soit deux fois le taux maximal autorisé. Une entorse, donc, au code mondial antidopage. Contrôlé à près de vingt reprises sur l’ensemble de la première Vuelta qu’il a épinglée à son palmarès, le leader du Team Sky n’a dépassé qu’en une unique occasion la limite des 1000 ng/ml.
Dans quel contexte a eu lieu ce contrôle ?
Enlevée par Sander Armée au bout d’une échappée fleuve, la 18e étape (7 septembre) reliant Suances à Santo Toribio de Liébana (169 kilomètres) avait vu la Sky accorder un bon de sorties à un groupe d’une vingtaine de fuyards. Attaqué par plusieurs rivaux, Froome laisse ses équipiers contrôler les événements dans l’ultime ascension (3,2 km à 6,4 %) avant de porter une attaque à 600 mètres de la ligne pour grappiller 21 secondes à Nibali, dauphin du Britannique au classement final à Madrid. Le maillot rouge franchit la ligne à la 23e position à 10:08 du vainqueur du jour.
Quels sont les arguments de défense du Team Sky ?
Chris Froome a, depuis longtemps déjà, confessé souffrir d’asthme. Le résident monégasque reconnaît avoir fait usage d’un inhalateur comme à l’accoutumée pour se soigner mais tout en demeurant dans les proportions autorisées. "Lors de la dernière semaine de la Vuelta, j’ai souffert un peu plus de cette pathologie", a commenté le Britannique dans un communiqué officiel. "Sur les conseils du docteur, j’ai donc augmenté le dosage de salbutamol. Comme toujours, j’ai pris le plus grand soin à ne pas dépasser les proportions permises."
La complexité du contrôle de la consommation du salbutamol tient dans le fait que son usage est défini par une quantité d’absorption (1600 microgrammes en 24h ou 800 microgrammes en 12h) mais que le contrôle s’effectue par une mesure de concentration dans le taux d’urine. "Et il est prouvé que la métabolisation de cette substance par l’organisme est sujette à l’influence de nombreux facteurs variables comme le degré de déshydratation, la réaction avec d’autres médications ou l’absorption de certains aliments" a ainsi avancé la formation noir/azur dans un communiqué. Et comme il faisait particulièrement chaud lors de cette 18e étape de la Vuelta...
Quelles suites ?
Dans la foulée de ce contrôle, l’UCI a ouvert une enquête et a d’ores et déjà entendu, une première fois, les explications de Chris Froome. Si les deux parties se refusent à tout commentaire avant le verdict, il appartiendra au Team Sky et au quadruple vainqueur du Tour de France de prouver que celui-ci n’a eu qu’un usage thérapeutique du salbutamol. Une bataille d’experts devrait donc s’amorcer dans les prochaines semaines.
Que risque Froome ?
Conformément à l’article 7.9.1 du règlement antidopage de l’UCI, la présence de salbutamol ne nécessite pas une suspension provisoire à l’encontre du coureur. Jusqu’à l’annonce du verdict, le Britannique est donc libre de s’aligner en compétition puisque sa formation n’a pas décidé, elle non plus, de le suspendre à titre préventif. Si Froome s’est dit "confiant" dans les suites du dossier via le biais de son compte Twitter, la jurisprudence dans ce type d’affaires (lire en page 5) n’invite pourtant pas à l’optimisme. Il risque une sanction allant du simple avertissement à une suspension de deux ans, et même quatre si la volonté délibérée de tricher est prouvée. Il serait également déchu de son titre sur la dernière Vuelta. Vincenzo Nibali, dauphin du coureur de la Sky à Madrid, hériterait alors de la première place. Un potentiel second succès sur l’épreuve espagnole (après 2010) qui n’enchante pas vraiment l’Italien.
"Cette affaire est une très mauvaise nouvelle pour moi et le cyclisme plus globalement", a ainsi soufflé le Sicilien . "Si ce contrôle positif venait à se confirmer, on ne me rendra jamais le frisson de monter sur la plus haute marche du podium…"