Le bilan de la Quick-Step Floors: "Un grand cru exceptionnel"
Patrick Lefevere est très satisfait de la saison 2017 de son équipe.
- Publié le 26-10-2017 à 17h34
- Mis à jour le 26-10-2017 à 17h45
Patrick Lefevere est très satisfait de la saison 2017 de son équipe. Présente sur touts les fronts et à toutes les saisons, l’équipe Quick Step Floors a brillé en 2017. Le point avec Patrick Lefevere, un manager heureux.
Patrick : 56 victoires UCI, dont le Tour des Flandres, l’Amstel Gold Race, À Travers les Flandres, Paris-Tours et 15 succès d’étapes sur les grands Tours. Vous êtes un manager satisfait ?
"Oui ! Je suis heureux avec un tel bilan. L’année 2017 a, à nouveau, été un grand cru exceptionnel pour notre équipe Quick Step Floors. Il nous a juste manqué la victoire finale au classement interéquipes du World Tour . Mais avec 56 victoires UCI plus les autres, je ne peux être que satisfait. Car il y a le nombre, mais, comme vous l’avez souligné, il y a aussi la qualité. Nous avons été aussi présents tout au long de la saison. Nous avons gagné dès la première course au Tour de San Juan. Et jusqu’à la dernière, au Tour de Guangxi. J’aime cette dynamique de gagner tôt. Je sais que certains autres managers n’y font pas attention, considèrent qu’il s’agit de petites courses, mais, pour moi, une victoire en amène d’autres. Un succès amène une spirale positive, de l’enthousiasme. Quand une de nos équipes gagne sur un front, nos équipes engagées sur d’autres épreuves veulent égaliser. Et gagner aussi."
Outre les victoires, il y a aussi eu l’euphorie des classiques. Avec une équipe Quick Step Floors retrouvée sur son terrain, avec des courses offensives. Et avec un grand Philippe Gilbert…
"Ah, Philippe ! Quand je l’ai recruté, certains m’ont regardé de travers, en pensant que j’achetais un vieux cheval… En cyclisme, j’ai un principe. Il faut toujours répondre avec les pédales. Et Phil l’a parfaitement fait. Quand il m’avait téléphoné avant de signer chez nous, il m’avait dit qu’il voulait gagner les courses qui manquaient à son palmarès, comme le Tour des Flandres. Et il était persuadé qu’il pourrait y arriver chez Quick Step Floors, avec notre manière de courir, qui est offensive, agressive. Je veux que ce trait de notre équipe continue l’an prochain, même si j’ai l’impression que de moins en moins de formations jouent le jeu de l’attaque…"
Gilbert a réussi pour le Ronde. Maintenant, place à Milan-Sanremo et Paris-Roubaix. Ces deux courses seront-elles à son programme l’an prochain ?
"Comme je dis toujours, un coureur doit mériter sa sélection… Mais si Philippe veut faire Roubaix, je ne vois pas comment lui dire non… En principe, il aura avec lui Stybar et Terpstra sur l’ Enfer du Nord . Connaissant un coureur comme Philippe, ce sera un avantage pour lui d’avoir d’autres leaders à ses côtés… Hormis Roubaix, son programme ne devrait pas beaucoup changer. S’il fait l’ Enfer du Nord , ce sera sans doute plus compliqué de faire l’Amstel."
Comment voyez-vous 2018 ? Il y a plusieurs départs de poids dans votre équipe : Marcel Kittel, Daniel Martin, Matteo Trentin, Tom Boonen, l’équipier Julien Vermote…
"Tom Boonen n’est déjà plus là depuis le mois d’avril. Et je trouve qu’il a été bien remplacé, les coureurs ont fait le maximum pour le faire oublier… Concernant Marcel Kittel, il voulait avoir la garantie d’être le seul sprinter de l’équipe. Or, j’ai aussi Fernando Gaviria dans l’équipe. Je pouvais dire à Marcel qu’il ferait encore le Tour en 2018 et Fernando le Giro , mais il ne voulait pas de concurrents. C’est la raison qu’il a avancée pour expliquer son départ chez Katusha, qui a une forte connotation allemande avec Alpecin, les cycles Canyon et son ami Tony Martin… Pour les autres, Julien Vermote part, c’est vrai. Mais nous avons d’autres très bons travailleurs. Julien a eu beaucoup de visibilité pour son boulot au Tour de France. Mais Pieter Serry a fait exactement la même chose au Giro . Et personne n’en a parlé… Et nous avons aussi Tim Declercq. J’en suis très satisfait. Je me souviens qu’il m’avait lui-même envoyé un email pour me convaincre de le recruter, quand il était chez Top Sport Vlaanderen et cumulait les blessures. Il a réussi à me convaincre, et je ne suis pas déçu !"
Et Daniel Martin ?
"Là, c’est tout simplement une question d’argent. Il m’a dit le montant de son transfert… J’aurais pu le faire attendre, lui dire que j’allais trouver un complément, un nouveau sponsor. Mais je n’ai pas voulu lui faire ça. Daniel a été un exemple pour notre équipe. C’est un super-pro, nos jeunes ont beaucoup appris à ses côtés. Mais c’est une perte pour l’équipe : il s’est quand même classé cette année 2e de Liège-Bastogne-Liège et de la Flèche wallonne, 3e de Paris-Nice et du Dauphiné, 6e du Tour de France… Concernant Matteo Trentin, il a voulu être vite assuré qu’il aurait un rôle de leader sur les classiques à une époque où je n’étais pas certain d’avoir une équipe en 2018. Il est donc parti."
Tous ces départs, cela vous déforce, sachant que pour les remplacer, vous avez pris Viviani, Morkov, Sénéchal et quatre jeunes ?
"Ce sont de très bons coureurs qui partent, mais nous gardons quand même un bel effectif. J’espère que Philippe aura les mêmes jambes en 2018 que cette année, que Julian Alaphilippe ne sera plus blessé. J’espère aussi que Fernando Gaviria va continuer à progresser et à mieux courir tactiquement. Il est vraiment très fort. C’est un grand talent. Mais il fait encore trop de bêtises en course. Quand on voit les images du dernier Mondial, il n’a pas bien géré les quatre derniers kilomètres. Sans ça, il aurait été sur le podium. Mais il est très motivé. Et… il veut battre Marcel Kittel l’an prochain. Nous avons aussi pris Elia Viviani pour les sprints. Je n’aime pas le mot remplaçant, mais il doit prendre la place de Marcel Kittel. Si on ne gagne pas le classement interéquipe du World Tour cette année, c’est à cause de lui ! Il est rapide. Je cherchais un sprinter, j’avais pensé à Bryan Coquard ou à de jeunes Italiens, comme Jakub Mareczko. Mais quand j’ai appris que Viviani n’irait finalement pas chez Bahrein, je l’ai pris. Morkov est un bon travailleur qui sera utile dans notre train. Sénéchal est là pour les classiques et qui sait s’il ne deviendra pas le nouveau Trentin ? Cela s’annonce donc bien, surtout que nous gardons d’excellents leaders. N’oubliez pas Yves Lampaert. Et nous avons toujours des garçons comme Niki Terpstra ou Zdenek Stybar. Ils devront s’exprimer l’an prochain, sinon, ils risquent de descendre un étage plus bas…"
La déception: "J’attendais plus de Petr Vakoc"
"Si je dois pointer une déception, je dirais Petr Vakoc. Je n’ai pas été content de lui cette année. J’en attendais plus. Pour le reste, avec notre saison, j’ai envie de dire que nous n’avons pas à nous plaindre ! Sauf peut-être les blessures de nos coureurs. On l’oublie un peu vite, mais Julian Alaphilippe a quand même été absent pendant quatre mois, il n’a pas fait les classiques ardennaises, le Tour de France. Cela a été une grosse perte pour lui. Et pour l’équipe. Fernando Gaviria a, lui aussi, été sur la touche. Mais dans l’ensemble, c’est surtout de la satisfaction que je retiens par rapport à notre équipe."
La satisfaction: "Le succès de Phil au Ronde reste à part"
"Je n’aime pas retenir un point précis sur l’ensemble d’une saison, je préfère mettre en avant les qualités de nos succès, le nombre de nos victoires, notre esprit offensif. Ou le fait que nous avons gagné des courses avec dix-huit coureurs différents. C’est beaucoup. Mais je me prête au jeu. Pour moi, la victoire de Philippe Gilbert au Tour des Flandres, reste à part. Il a gagné avec la manière ! Attaquer d’aussi loin, il fallait oser ! Cela rend sa victoire exceptionnelle. Au Circuit Het Nieuwsblad ou à Kuurne-Bruxelles-Kuurne, il n’était pas encore à la hauteur. Mais il n’a pas arrêté ensuite de progresser. Toute l’équipe l’a suivi. On a fait exploser la course à cent kilomètres de l’arrivée, au Mur de Grammont, éliminant plusieurs adversaires. Avant le numéro de Philippe en solo. C’était grand !"