Les souvenirs arc-en-ciel de Van Avermaet: 12 Mondiaux pour autant de sensations
Le champion olympique nous a reçu pour évoquer tous ses Mondiaux
- Publié le 23-09-2017 à 14h02
Le champion olympique nous a reçu pour évoquer tous ses Mondiaux Incontournable Greg Van Avermaet. Ce dimanche, le champion olympique sera le leader de l’équipe belge, avec Philippe Gilbert, pour le Championnat du Monde. Un rendez-vous que le Waeslandien n’a jamais manqué, lui qui s’apprête à disputer son onzième Mondial d’affilée. Son treizième, même, si on compte les deux auxquels il a pris part chez les espoirs.
"Une longue série en cours ! Et j’espère la continuer les prochaines saisons" , explique-t-il. "C’est beau de n’avoir jamais manqué un Mondial, qui est un des rendez-vous les plus importants de la saison. Mais j’ai l’avantage de pouvoir être bon sur de nombreux parcours, au contraire d’un Tom Boonen par exemple, qui devait faire l’impasse sur les tracés trop pentus pour lui. Et puis, j’ai jusqu’ici aussi la chance de ne jamais être malade ou de chuter à cette période, d’être encore toujours en condition en fin de saison."
Et en condition, Golden Greg l’est assez pour viser son premier maillot arc-en-ciel sur un tracé norvégien qui correspond à ses caractéristiques. Il rêve d’imiter Paolo Bettini, qu’il admirait chez les jeunes, et de combiner à son titre de champion olympique celui de champion du monde comme l’avait fait l’Italien après sa médaille d’or aux Jeux d’Athènes, en 2004, s’imposant aux Mondiaux de 2006 et 2007.
Lors de son récent séjour au Canada, où il s’est rassuré sur sa forme et sa fraîcheur, Greg Van Avermaet nous a reçu en exclusivité pour évoquer ses souvenirs de tous les Mondiaux auxquels il a participé, une course pour laquelle il a toujours vibré.
"Mon premier souvenir d’un Mondial ? Johan Museeuw, en 1996"
On le sait, Greg Van Avermaet a d’abord vibré pour le football avant de vraiment s’intéresser au vélo. Mais, dans une famille de cyclistes (son père et son grand-père ont été pros), le leader du cyclisme belge n’a jamais été très éloigné de la Petite Reine . Quel premier souvenir d’enfance Greg Van Avermaet a-t-il d’un Championnat du Monde ?
"Celui d’une victoire belge !" , répond-il sans hésiter. "Avec la victoire de Johan Museeuw lors de l’édition de Lugano. C’était en 1996, j’avais 11 ans. Je n’étais pas spécialement supporter de Museeuw à l’époque, mais j’avais passé mon dimanche après-midi devant la télévision, à la maison, à regarder ce Mondial qui est entré dans la légende."
"En 2005, à Madrid, j’avais peur de faire tomber Boonen !"
La première participation de Greg Van Avermaet à un Championnat du Monde se déroule en 2005. "J’ai eu la chance de faire deux Mondiaux chez les jeunes, chez les espoirs" , se rappelle-t-il. "En 2005, à Madrid et en 2006, à Salzbourg. Je me rappelle très bien de mon premier, à Madrid. Je me souviens que j’étais très nerveux ! J’avais pu faire quelques entraînements avec les pros, mais j’avais peur de faire quelque chose de mal, j’avais peur d’en faire tomber un, dont Boonen ! Mais cela a été une super-expérience, que je n’oublierai pas. Je n’ai pas pu assister à la victoire de Tom car nous étions rentrés la veille, mais c’est un excellent souvenir."
2007, Stuttgart: "C’était un rêve d’être au départ"
Sa place : 63e. Premier Belge : Gilbert, 8e. Vainqueur : Bettini.
"Pour mon premier Championnat du Monde chez les pros, j’ai eu un peu le même sentiment que celui de Madrid, qui était mon premier chez les espoirs. Pour moi, à l’époque, être directement sélectionné pour le Mondial lors de ma première année chez les pros, c’était déjà une victoire ! Et un rêve d’être au départ. C’est un tel honneur pour un coureur de représenter son pays ! Surtout en Belgique, vu le niveau qu’il y a chez nous en cyclisme. Mais je pense que je méritais ma sélection car je sortais d’une bonne saison. En tant que jeune, je devais soutenir les leaders, dont Philippe, qui l’était déjà à l’époque. Je me souviens aussi avoir repositionné Bjorn Leukemans (15e) pour qu’il soit devant dans le final. C’était l’année du doublé de Paolo Bettini. C’était un modèle pour moi comme tous les champions de l’époque, que je regardais avec beaucoup de respect. C’était la grande époque des Italiens aux Mondiaux."
2008, Varèse: "J’ai vu les meilleurs partir devant moi…"
Sa place : 17e. Premier Belge : Nuyens, 9e. Vainqueur : Ballan.
"Pour ce deuxième Championnat du Monde, je me souviens que j’étais arrivé en confiance. Je sortais d’une bonne année et, surtout, d’un bon Tour d’Espagne, sur lequel j’avais gagné une étape et le classement par points. J’étais déjà un leader de l’ombre à l’époque. J’ai vécu un bon Mondial. La course s’est bien déroulée pour moi, mais quand les favoris comme Alessandro Ballan ont attaqué dans le final, j’ai dû les laisser filer ! Je les ai vus partir. J’étais bien mis, mais je n’étais pas à leur niveau, j’étais encore trop tendre, encore trop léger à l’époque. Mais j’ai quitté Varèse avec un bon sentiment. Terminer 17e d’un Championnat du Monde à seulement 23 ans, c’était pas mal…"
2009, Mendrisio: "En tête au dernier tour"
Sa place : 44e. Premier Belge : Gilbert, 6e. Vainqueur : Evans.
"Ah ! Pour cette édition, je me souviens que j’avais franchi en tête le… dernier tour. Je me rappelle que je m’étais dit à l’époque que, si je tenais encore un tour, j’étais champion du monde… Mais les autres m’ont logiquement passé. C’était un parcours très dur pour les Belges, notamment pour Boonen. C’est l’année de la victoire de Cadel Evans. C’était particulier pour moi car il était mon coéquipier chez Silence-Lotto à l’époque. Et on s’est retrouvé ensemble chez BMC l’année suivante. Avoir un maillot de champion du monde dans l’équipe, c’est très particulier. Ce maillot a une telle reconnaissance ! Cela reste assez rare : depuis que je suis chez les pros, je n’ai connu que deux fois un coéquipier champion du monde : Cadel Evans et Philippe Gilbert ensuite."
2010, Geelong: "Cinquième après avoir été coéquipier"
Sa place : 5e et premier Belge. Vainqueur : Hushovd.
"Cela reste mon meilleur résultat dans un Championnat du Monde avec ma cinquième place à Ponferrada en 2014. Cette place d’honneur m’avait fait du bien car j’ai vécu cette année-là une saison difficile. Mais j’espérais, malgré tout, une bonne prestation au Mondial car j’étais bien sorti de la Vuelta. Le parcours australien me convenait bien, mais j’étais au service de l’équipe. Et de Philippe Gilbert, qui était le leader. Ce tracé lui convenait. Je me souviens avoir replacé Bjorn Leukemans dans la dernière montée. Gilbert a démarré dans le dernier tour, mais il a été repris. Il ne restait alors véritablement que moi pour aller chercher un résultat dans le groupe qui a sprinté pour la victoire. Je n’aurais pas pu réussir mieux. Mais j’étais satisfait."
2011, Copenhague: "Mon moins bon Mondial"
Sa place : 175e. Premier Belge : Roelandts, 5e. Vainqueur : Cavendish.
"En 2011, c’était la grande année de Philippe Gilbert et il était logiquement le leader pour ce Mondial. Mais, au Danemark, c’était vraiment tout plat, ce n’était pas un parcours pour lui. Ni pour moi. Mais même si tu sais que c’est une édition pour les sprinters, tu attends toujours quelque chose d’un Championnat du Monde. J’espérais donc de faire la course, essayer, aller dans une échappée, mais je n’étais pas dans un bon jour à Copenhague. Et puis, dans le final, j’ai été gêné par une chute et ma course était finie. J’étais donc déçu en rentrant."
2012, Valkenburg: "Énorme, la victoire de Phil !"
Sa place : 24e. Premier Belge : Philippe Gilbert, vainqueur.
"Valkenburg est un souvenir très fort. La victoire de Philippe était énorme. C’était vraiment chouette d’avoir fait partie de cette équipe gagnante, qui alignait aussi Tom Boonen. Je me souviens que Philippe avait une telle confiance en lui ! Il était sûr de lui dans son Cauberg. Il avait la pression, mais il a réussi à gagner, il a su conclure avec la manière. Nous avons dominé la course. Moi, je devais suivre les attaques dans le final et le placer au mieux au pied du Cauberg. C’est très spécial de participer à une victoire dans un Mondial. Cela n’arrive pas souvent dans une carrière. Ce maillot de champion du monde, c’est quelque chose. Le Mondial, c’est le niveau le plus élevé du vélo, avec une merveilleuse récompense à la clé, pendant un an, avec ce maillot arc-en-ciel, avec lequel tu es très reconnu dans le peloton et dans le public."
2013, Florence: "Un des plus durs"
Sa place : 23e. Premier Belge : Gilbert, 9e . Vainqueur : Costa.
"Pour ce Mondial 2013, je me souviens qu’il avait fait beau toute la semaine à Florence, mais que le jour de la course, la météo avait été terrible ! Il avait vraiment fait très mauvais et cela avait rendu ce Mondial très difficile. C’est un des plus durs auquel j’ai participé. Philippe Gilbert était leader. Toute la journée, le mot d’ordre était de s’économiser au maximum en vue du final, mais quand la course s’est jouée, quand cela a vraiment démarré, nous n’y étions pas. Ce n’était pas une honte, vu ce parcours aussi difficile. Personnellement, je restais satisfait de ma course."
2014, Ponferrada: "Une grande déception"
Sa place : 5e et premier Belge. Vainqueur : Michal Kwiatkowski.
"Sur cette édition, j’étais leader de l’équipe belge avec Philippe Gilbert. Malheureusement, cela ne s’est pas terminé comme je l’espérais. Michal Kwiatkowski nous a surpris en anticipant et en partant seul. Après, cela s’est regardé avec les Valverde et Gerrans. Philippe Gilbert a roulé dans le petit groupe de contre dans lequel j’étais pour essayer de reprendre Kwiatkowski, mais il était vraiment très costaud. Je voulais ensuite assurer le podium suite au boulot de Phil , mais j’ai été enfermé au sprint. Au Mondial, seule la victoire compte, mais un podium, c’est quand même quelque chose… Cela avait donc été une grande déception. Même si, après coup, j’ai analysé ma course en me disant que d’un bon coureur, j’étais devenu un coureur du top, capable de finir avec les meilleurs."
2015, Richmond: "J’ai compris à Richmond que j’étais prêt pour être champion"
Sa place : 23e. Premier Belge : Gilbert, 10e . Vainqueur : Sagan.
"Pour moi, Richmond a été ma première et seule vraie chance jusqu’à présent d’être champion du monde avec ce parcours avec des pavés et des petites côtes. Mais il m’a manqué quelques mètres… J’ai attaqué dans la dernière montée, dans le dernier tour. Malheureusement, Peter Sagan m’a passé. Et, au sommet, il ne m’a manqué que quelques mètres pour le suivre. Cela reste un regret. J’aurais préféré aller au bout avec lui et être deuxième plutôt que d’être repris. Peut-être que si Boasson Hagen avait roulé avec moi, nous aurions pu aller chercher le podium. C’était donc une déception, car j’avais le sentiment d’avoir été un des plus forts de l’épreuve. J’étais un des leaders de l’équipe avec Boonen et Gilbert, mais j’étais sans doute celui qui était dans la meilleure condition. C’était donc une déception, mais avec le recul, je me suis dit en analysant ma course que j’étais prêt pour être champion du monde."
2016, Doha: "Que ce coup de bordure était beau !"
Sa place : 17e. Premier Belge : Boonen, 3e. Vainqueur : Sagan.
"Cette édition du Mondial restera comme celle des bordures lancées par les Belges. Notre équipe belge était si forte ! On savait où mettre en route dans le vent. Comme tout le peloton, d’ailleurs, mais nous sommes malgré tout parvenus à mettre sept hommes devant. Que ce coup de bordure était beau ! C’était impressionnant. Nous avions un fort collectif avec des gars spécialistes de classiques, du vent. Ensuite, sur un parcours tout plat, c’était dur de faire la différence. Nous avons décidé de continuer à rouler, car Tom nous disait qu’il se sentait super fort. Il nous a dit qu’il sentait qu’il pouvait gagner au sprint. Moi, je devais attendre les deux derniers tours et suivre une attaque d’un de nos adversaires. J’espérais qu’un gars comme Terpstra le fasse, mais il n’y a pas eu d’essai. Sauf dans les derniers kilomètres… Ce n’était pas une déception pour moi, nous avions joué la carte de Boonen, pour qui c’était le dernier Mondial."