Les Belges en terrain connu à Bergen: "Un circuit pour coureurs de classiques"
- Publié le 21-09-2017 à 10h28
- Mis à jour le 21-09-2017 à 10h29
Même avec une seule (petite) côte, le circuit de Bergen semble plus difficile qu’on ne le pense. Petite précision, la distance effective de ce Mondial 2017 a été ramenée à 267,5 km, au lieu des 276,5 précédents qui en faisaient l’édition la plus longue depuis 1981, à Prague.
Le tracé, qui désignera le champion, dimanche, se détaille comme suit : une partie en ligne de 39,5 km, au départ de Rong, qui longera le littoral jusqu’à Bergen. Ensuite, les coureurs entreront sur le circuit (long de 19,1 km) à hauteur du km 1,2. Lorsqu’ils passeront pour la première fois la ligne d’arrivée, ils auront donc déjà effectué 57,4 km (39,5 + 17,9). Il leur restera alors onze tours à couvrir (soit 210,1 km), pour un total de 267,5 km.
La partie initiale est vallonnée mais pas excessivement, même si le vent souffle (ce qui semble être rarement le cas), l’arrivée étant tellement loin, cela ne provoquera aucun dégât. C’est surtout la répétition des tours qui va peser.
La principale difficulté du parcours, le Salmon Hill (la côte du Saumon), longue de 1,5 km à 6,4 % (max 7,8 %), sera donc escaladée à douze reprises.
"Il y a déjà une petite pente, brève, après deux kilomètres et demi, explique Kevin De Weert. On l’aborde après un virage en épingle et elle est suivie d’un plateau, puis d’une descente rapide qui empêche de se replacer. Tout sera en file indienne, surtout s’il pleut. On arrive vite au pied de Salmon Hill, car il y a déjà une première partie montante de cinq cents mètres (à 8 %) , suivie de six cents mètres de plat, avant que ne débute la véritable ascension."
De cette montée du Salmon Hill, Oliver Naesen, qui est venu la découvrir au printemps dernier, affirme : "C’est comme monter deux fois le Tiegemberg (NdlR : une des côtes flandriennes relativement roulantes). On pourra monter avec le grand plateau et ce sera difficile d’y lâcher quelqu’un, de faire la différence. Mais (il rigole), je pensais cela aussi avant le G.P. E3 et j’ai été surpris que Greg (Van Avermaet) et Phil (Gilbert) me lâchent sur le Tiegem… "
Un avis partagé par Alexander Kristoff, l’enfant du pays.
"La côte n’est pas super dure, affirme le champion d’Europe. Ça grimpe 3:15 à 3:30, mais le faux plat précédent allonge l’effort à cinq minutes et cela sera répété douze fois. C’est possible d’attaquer sur Salmon Hill. On y est passé au Tour des Fjords 2016. Au sommet, un groupe s’était détaché et avait quinze secondes d’avantage. Ils ont conservé quelques secondes et un de ces gars a gagné l’étape. Car, dans la descente, la chasse est difficile et, après, il y a beaucoup de virages et il pleuvait…"
Au sommet de la côte, il reste en effet onze kilomètres pour rejoindre l’arrivée, mais il y a peu de chance que cela se finisse par un sprint massif.
"D’abord, une descente rapide d’un kilomètre et demi qui peut ressembler à celle du Poggio en plus large et moins technique, poursuit Kevin De Weert. Mais ensuite, ce n’est jamais vraiment plat. Enfin, les quatre derniers kilomètres sont très techniques, il y a de nombreux virages, quelques pavés, des faux plats. La dernière ligne droite, après un virage aux 300 mètres, monte un peu légèrement, puis descend et remonte enfin. C’est un circuit pour les coureurs de classiques."
De Cauwer: "Plus dur qu'on ne le pense"
L’ancien sélectionneur parle du circuit mondial qu’il a lui-même reconnu
José De Cauwer, l’ancien sélectionneur national, est en Norvège depuis vendredi dernier. Il a eu l’occasion, évidemment, de découvrir le circuit.
"Il est, en effet, plus dur qu’on ne pense", dit le Waeslandien. "Mais c’est souvent le cas. Quand on fait les reconnaissances, c’est généralement à 25-30 à l’heure. On roule une heure et demie, dans le trafic, sans être jamais à bloc. Ce ne sont pas les mêmes sensations qu’en course."
De Cauwer explique ce qui rend difficile le circuit de Bergen.
"C’est un parcours urbain, ça veut dire que ça tourne beaucoup, qu’il y a des trous, des plaques d’égouts, des lignes blanches", dit-il. "Il faut rester attentif. Il y aura aussi énormément de public, ça va jouer car dans l’enthousiasme ambiant, certains vont aller au-delà de leurs possibilités, rouler dans le rouge…"
Et le Mondial est une course tellement particulière.
"C’est la fin de saison", poursuit-il. "Il y a la distance, un niveau très élevé, la météo qui pourrait ne pas être bonne. Ça pèse. L’an dernier, à Doha, c’était tout plat et pourtant, à la fin, tout le monde était cuit, personne n’a pu attaquer. Ici, il y a la côte, mais ce n’est pas comme si c’était tout plat, une montée et une descente. Il y a d’autres bosses, beaucoup de virages. S’il pleut, la descente sera très technique. Sur la fin, il y a des virages secs, puis un faux plat avec les pavés, où les coureurs changeaient de vélo pendant le chrono. Ça monte à 2 ou 3 %. Ce n’est pas dur, mais à la fin de la course, c’est peut-être assez pour faire la différence."
Tiesj Benoot: "Je suis ici avec un esprit offensif"
"Je suis ici avec un esprit offensif, sourit Tiesj Benoot. On en aura besoin. Il va falloir attaquer, durcir la course, la rendre compliquée. Ce sera sans doute ma tâche. Bien sûr, avec toutes ces attaques, on ne va pas lâcher les favoris, mais on peut les fatiguer et permettre ainsi à nos leaders de finir le travail. Il ne faut pas que, dans la finale, le groupe qui subsiste soit encore trop important. Mais, pour cela, il faudra aussi que nous trouvions des alliés auprès des autres nations qui ne disposent pas d’un vrai finisseur ou sprinter dans leurs rangs."
Comme ses équipiers, le coureur de Lotto-Soudal ne découvrira l’entièreté du tracé que ce jeudi. "Mais si j’ai bien compris, beaucoup de scénarios seront possibles", dit le Gantois. Benoot, qui a bien récupéré du Tour de France, est satisfait de sa condition. "Je me sens en bonne forme", dit-il, avant d’évoquer ceux qu’il désigne comme les favoris. "Pour moi, les Italiens sont un bloc costaud. Je n’étais pas à la Vuelta, mais j’ai roulé contre Matteo Trentin à la Primus Classic samedi. Il est vraiment très fort. La manière dont il a démarré puis lâché Drucker sur un simple faux plat, chapeau. Pour moi, c’est le favori. Et, en Italie, il y a aussi des gars comme Colbrelli et Ulissi qui peuvent aussi s’imposer. On ne doit pas non plus éliminer Kwiatkowski, les Norvégiens, Boasson Hagen et Kristoff. Sans oublier Sagan, bien sûr."
Jens Keukeleire: "Durcir la course au maximum"
Comme l’an dernier, au Qatar, Jens Keukeleire figure dans la sélection belge. Le Brugeois est un de ceux qui préfèrent qu’il ne pleuve pas dimanche. "Ça me bloque souvent, surtout s’il fait froid, c’est alors que c’est vraiment usant et que cela peut jouer un rôle important en fin de course, comme les chaleurs excessives", dit le futur coureur de Lotto-Soudal, qui désigne un de ses anciens équipiers comme le grand favori. "Pour moi, c’est Bling, enfin, Michael Matthews. L’Australie ne jouera que sa seule carte, contrairement aux années précédentes quand il y avait aussi Simon Gerrans, et ils ont l’expérience. Il y a aussi les Italiens qui ont certainement un bloc solide."
Jens Keukeleire était au récent championnat d’Europe, au Danemark, où il a pu juger de tout près la force des Norvégiens. "On dit qu’ils sont divisés, mais, à l’ Euro , ils ont très bien joué le coup. Boasson Hagen a attaqué et Kristoff suivait. Il a gagné le sprint… Bien sûr, le niveau était inférieur, le parcours ici sera plus dur qu’à Herning, mais si Kristoff est bien, je pense qu’il passera. Je trouve qu’ils sont complémentaires, même si, évidemment, ils n’ont pas vraiment la meilleure équipe en largeur." Pour s’imposer, les Belges doivent se montrer offensifs. "On va essayer de durcir la course au maximum", assure le vainqueur du Tour de Belgique.
Dylan Teuns : "Je dois aider Greg et Phil"
Dylan Teuns est un des nouveaux dans l’équipe, avec Julien Vermote. Le Limbourgeois doit évidemment sa sélection à la formidable série de huit succès qu’il a réalisée entre le Tour de Wallonie et l’Artic Tour, tout en s’imposant au Tour de Pologne. "Cela fait déjà plus d’un mois que j’ai conquis ma dernière victoire, sourit le jeune coureur de BMC. Ensuite, après du repos, j’ai couru quelques grandes courses, comme Plouay et les deux classiques au Canada. Mais j’ai compris que c’était super. J’ai toujours cru en moi, après la troisième place de la Flèche, je savais que j’avais franchi un palier, que j’avais rejoint le top mondial. J’ai ensuite confirmé en gagnant toutes ces courses. J’ai battu Sagan, Majka, Poels en Pologne, j’en suis très fier, ce ne sont pas n’importe qui."
Sur ce Mondial, Dylan Teuns sait ce qu’on attend de lui. "J’en ai parlé avec Kevin De Weert. Nous avons un bloc solide. Je dois aider l’équipe belge dans son ensemble et surtout Greg et Phil. Ils seront certainement là dans la finale. Je ferai ce qu’on me demandera de faire. Je devrai sans doute durcir la course mais, à titre personnel, j’espère que je pourrai encore jouer un rôle important en fin de course. Ce ne sera pas facile de distancer Sagan, Matthews et Boasson Hagen mais on doit exploiter notre force et bien écouter ce que Kevin nous expliquera avant la course."