Fabrication clandestine de cigarettes entre Mons et Tournai : Francis Leclaire gérait son business… depuis une maison de charme
L’homme d’affaires âgé de, 71 ans répond de plusieurs préventions dont celle d’avoir dirigé une association criminelle active dans la fabrication clandestine de cigarettes. Il conteste les faits.
- Publié le 15-04-2024 à 18h01
- Mis à jour le 16-04-2024 à 06h54
Francis Leclaire, un homme qui a fait fortune dans le secteur textile entre les années 70 et 80, a comparu devant la douzième chambre correctionnelle du tribunal du Hainaut, division de Mons, ce lundi en compagnie de plusieurs autres prévenus.
Le citoyen d’Obigies est soupçonné, par le parquet, d’avoir dirigé une association criminelle active dans la fabrication clandestine de cigarettes, en compagnie d’un ressortissant polonais. Selon le ministère public, l’homme d’affaires tournaisien gérait ses affaires occultes depuis son bureau, situé dans une maison de prostitution, le Charnel Club à Tournai.
Entre Mons et Tournai
L’affaire a éclaté le 9 juin 2016. Les autorités sont informées de l’existence d’une fabrique illégale de cigarettes au cœur du Hainaut. Plusieurs entrepôts de fabrication et de stockage sont signalés, à Hautrage, Baudour, Saint-Ghislain, Ollignies, Tournai, Marquain et Molenbaix. Point commun entre ses sites, elles sont louées par des sociétés dans lesquelles est impliqué Monsieur Leclaire.
Les différents sites sont placés sous surveillance policière. Les policiers constatent un va-et-vient de camions et de voitures entre les différents sites. Souvent, les camions sont escortés par des berlines immatriculées en Espagne ou en Lettonie.
En septembre et en octobre 2016, des perquisitions sont menées dans les entrepôts clandestins. On retrouve des factures, dont une mentionnant un achat de douze tonnes de tabac à une société de droit italien. On retrouve aussi des factures au Charnel Club pour des machines d’emballage, des pièces de rechange, etc.
Un château et une ferme
Deux sites non industriels sont surveillés, un château à Ollignies et la ferme de l’Ecavée à Molenbaix. Point commun entre ses deux sites, ils sont loués à Francis Leclaire, en vue d’un achat prochain. Des ouvriers polonais ou d’autres pays de l’est sont chargés de faire fonctionner les machines, lesquelles consomment plus de 1500 litres de mazout rouge en quelques jours. Certains logent à Tournai, au-dessus du magasin exploité par la compagne de Francis Leclaire.
Le 3 octobre 2016, Francis Leclaire est placé sous mandat d’arrêt. Il est remis en liberté par la Chambre des mises en accusation, le 20 octobre 2016. Lundi, il a été interrogé par le tribunal. Il conteste tout, déclarant avoir été pris dans un système mafieux qui le dépasse.
Il conteste
Le prévenu avoue avoir été approché pour un projet de fabrication de cigarettes, mais légales. Son rôle était de trouver des bâtiments et des entrepôts. “C’est mon comptable qui m’a présenté Pavel, lequel voulait créer une fabrique de cigarettes. Hélas, nous n’avons jamais obtenu les licences nécessaires. Je ne suis allé dans aucun entrepôt”, dit-il, alors que le ministère public affirme qu’il a été vu notamment dans l’entrepôt de Marquain.
Son rôle consistait aussi à créer des sociétés. Le ministère public affirme qu’elles étaient bidons, dirigées par des hommes de paille. Parmi eux, Alexandre, engagé pour le côté marketing. Il dit avoir créé une société et avoir échangé des informations avec la douane. Après plusieurs mois sans bouger, il a été invité lors d’une soirée VIP au château d’Ollignies organisée par Francis Leclaire. Pavel Kurowski en a profité pour le relancer. Il n’a pas suivi et fut étonné d’apprendre l’arrestation de Francis Leclaire à la télévision.
Deux dirigeants présumés
Pour le ministère public, Francis Leclaire et Pavel Kurowski sont dirigeants d’une association criminelle. “Ils ont participé en créant des sociétés, en nommant des gérants de paille dans le but de louer des entrepôts, d’avoir commandé des matières premières, des machines, des pièces de rechange via ces sociétés. Pavel a apporté ses connaissances en la matière et a fourni la main d’œuvre”.
Le substitut du procureur a requis une peine de 18 mois de prison contre Francis Leclaire, une amende de 500 euros et une interdiction de gérer une entreprise. Une peine de 15 mois a été requise contre Pavel. Des peines moins lourdes ont été requises contre les autres personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire, comme participants au sein de cette association.
Le procès se poursuivra le 6 mai, avec l’analyse de l’autre partie du dossier. Un volet bien plus important puisqu’à la ferme de Molenbaix, on n’a pas découvert que des patates et des betteraves.