La plateforme Charl’Isol s’impose comme un modèle
Charleroi a mis en place une plateforme d’aide à la rénovation énergétique qui inspire d’autres communes. Le PTB parle d’enfumage.
- Publié le 25-04-2024 à 05h00
La cheffe de groupe PTB du conseil communal Pauline Boninsegna dit avoir fait le calcul : au rythme où Charleroi accompagne les familles dans la rénovation des passoires énergétiques, il lui faudra 500 ans pour atteindre les objectifs climatiques de 2050. Pourtant, avec sa plateforme Charl’Isol, elle en fait déjà beaucoup, et certainement mieux que toutes les autres villes wallonnes en matière de transition, avec un parc immobilier il est vrai très vétuste.
En séance publique du conseil, l’échevin de l’Environnement Xavier Desgain l’a rappelé : en Wallonie, aucun dispositif ne touche davantage les bas revenus. “La moitié des ménages engagés dans des rénovations énergétiques gagnent moins que 32 000 euros par an. C’était l’objectif affiché : cibler les propriétaires à petits revenus, ce que nous avons fait en identifiant avec le service statistique du CPAS les quartiers présentant les indices socioéconomiques les plus faibles. ” L’échevin l’a souligné : les chiffres confirment le succès de ce projet. Distribution de 60 000 folders d’information, 1 300 contacts avec des citoyens, 650 rendez-vous individuels, 250 opérations de rénovation, avec la mobilisation d’aides publiques. “Nous sommes les seuls à le faire en Europe de cette manière-là”, observe Xavier Desgain. “Les Allemands n’y arrivent pas, les Français commencent à le faire mais pas aussi bien que nous. ” Le modèle sert de référence, a renchéri le bourgmestre pour qui “le PTB doit pouvoir de temps en temps saluer ce qui a bien fonctionné. ”
Pour prolonger l’expérience de Charl’Isol, Charleroi vient de répondre à un nouvel appel à projet qui devrait l’aider à monter en régime. “À enclencher la troisième vitesse après avoir passé les deux premières” a résumé l’échevin dans une métaphore automobile singulière de sa part. Le conseiller indépendant Nicolas Kramvoussanos demande un renforcement des effectifs pour mieux accompagner, au-delà des bas revenus, une classe moyenne qui souffre. Et pour réduire la file d’attente.
Pour sa part, le chef de groupe C + Tanguy Luambua s’est félicité du caractère précurseur de ce dispositif. Mais pour Pauline Boninsegna, “c’est un système opportuniste, le collège enfume la population avec des résultats qui ne correspondent pas à la réalité. ” En gros, on travestit les chiffres en vue de tromper les gens. Difficile à entendre alors que Charl’Isol est reconnue comme une plateforme innovante. Et qui inspire d’autres pouvoirs publics.